Taxation des retraités : Michel-Édouard Leclerc demande plutôt de taxer la robotique, l'IA, le digital...
information fournie par Boursorama avec Media Services 22/01/2025 à 13:58

"Le travail ne doit pas être le seul à payer l'après-travail", a estimé le patron.

Michel-Édouard Leclerc à Landerneau, le 15 octobre 2021. ( AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER )

La mise à contribution des retraites les plus aisés pour financer le système des retraites n'est pas une "bonne solution" selon le président du comité stratégique des centres Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, qui demande plutôt à ce que soient taxés les "concurrents du travail".

"Je ne trouve pas que ce soit une bonne solution d'inculper des catégories, même plus aisées, a déclaré Michel-Édouard Leclerc, sur France 2 . Et puis ça ne résout pas le problème qu'on a et qu'on va avoir d'ici 2030-2040."

La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet, a proposé mardi de faire contribuer certains retraités au financement de la protection sociale . Cette contribution pourrait porter "sur les personnes retraitées qui peuvent se le permettre", a avancé la ministre, en précisant que "ça peut être 40%" des retraités "en fonction du niveau de pension". À Matignon, on souligne que la proposition d'Astrid Panosyan-Bouvet est "une position personnelle".

"Je suis pour un modèle très large où le travail paye moins de cotisations puisqu'on veut que les gens aient du travail et qu'on veut créer des emplois. Faisons en sorte que ce soient les concurrents du travail qui payent les cotisations sociales de ceux qui vont partir à la retraite", a expliqué Michel-Édouard Leclerc mercredi. "On oublie que l'économie est au service des gens, a encore estimé l'homme d'affaires. Allez demander aux gens de faire des efforts parce qu'on a mal géré, on a mal anticipé, pour moi, il y a une erreur."

"Le travail est concurrencé par la robotique, concurrencé par le digital, par les produits importés à bas coût. (...) Il faut faire payer la robotique, le digital, l'intelligence artificielle . (...) Il y a de l'argent pour financer les prestations sociales, selon Michel-Édouard Leclerc.

Critiques à gauche, à droite et au centre.

"Le travail ne doit pas être le seul à payer l'après-travail" , a conclu le patron.

Par ailleurs, le Rassemblement national et la France insoumise ont tous deux fait part mercredi de leur franche opposition à cette proposition. "Taxer des retraités qui ont 2.000 euros de retraite" est "totalement scandaleux" , a estimé le vice-président du RN Sébastien Chenu. "S'il y a ça dans le budget (...) je suis favorable à ce qu'on ne laisse pas passer", a-t-il prévenu sur TF1 , en suggérant que ce serait un motif de censure du gouvernement. Pour lui, ce sujet est "en train de s'ériger en ligne rouge", considérant qu'une taxation serait équivalente à une "spoliation" du "fruit du travail" des retraités. La volonté de Michel Barnier de mettre en cause l'indexation générale des retraites sur l'inflation au 1er janvier avait été avancée pour le RN pour justifier la censure qui a fait tomber le gouvernement.

Même position à l'autre bout de l'échiquier politique. "Je trouve ça scandaleux d'un point de vue démocratique", a réagi le coordinateur de LFI Manuel Bompard sur BFMTV . Si LFI est favorable à "une réforme fiscale pour que les hautes fortunes contribuent davantage", "essayer de faire croire que c'est une mesure de justice fiscale d'aller s'en prendre aux retraités qui gagnent 2.000 euros par mois, ça me paraît vraiment très malhonnête", a-t-il jugé.

La proposition d'Astrid Panosyan-Bouvet a suscité également une vive opposition chez des soutiens du gouvernement.

Le vice-président d'Horizons Christian Estrosi l'a jugé "inadmissible" sur RTL . "Pour tous les retraités, c'est la même règle. Parce que si on commence à toucher à un niveau de retraite, la porte est ouverte et petit à petit on va en abuser et aller vers les pensionnés les plus faibles ", a jugé le maire de Nice, ville prisée de nombreux retraités. "Lorsque j'étais parlementaire, j'ai déposé une proposition de loi pour dire que le jour où on prend sa retraite, on ne pourra plus jamais vous accorder une pension qui soit inférieure à la première retraite que vous allez toucher", a-t-il ajouté.

La proposition a été en revanche défendue par le patron du Medef Patrick Martin car selon lui "tout le monde doit participer à l'effort de guerre" pour réduire les déficits.