Le réarmement de la France "ne peut pas et ne doit pas être le retour du quoi qu'il en coûte", met en garde le gouverneur de la Banque de France
information fournie par Boursorama avec Media Services 14/03/2025 à 10:45

"Il faut financer ce surcroit de dépense par un surcroit de croissance européenne et française", a prévenu François Villeroy de Galhau.

François Villeroy de Galhau à Francfort, en Allemagne, le 22 novembre 2024. ( AFP / KIRILL KUDRYAVTSEV )

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a mis en garde vendredi 14 mars contre la tentation de revenir au "quoi qu'il en coûte" à l'occasion du réarmement de la France et de l'Europe , provoqué par la "menace russe" et le revirement stratégique de Donald Trump.

"Ça ne peut pas être et ça ne doit pas être le retour du quoi qu'il en coûte, a tranché le gouverneur sur France Inter . Ça doit être, et c'est l'espoir que je manifeste, le réveil militaire de l'Europe mais aussi son réveil économique et financier. Ne séparons pas les deux car il faut financer ce surcroit de dépense par un surcroit de croissance européenne et française et nous en avons les moyens."

"Aujourd'hui, on parle de l'effort de défense mais on risque d'oublier la deuxième jambe qui est le renforcement de la croissance européenne, a-t-il avancé. Il y a la question de savoir qui prête aujourd'hui, mais la vraie question est de comment on va bien rembourser demain parce que quelle que soit la source de financement , c'est du crédit et de la dette supplémentaire. Or, pour bien rembourser cette dette demain, il faut à la fois arrêter la croissance de dépenses publiques en France et augmenter la croissance de l'économie."

"L'espoir, c'est l'Europe"

François Villeroy de Galhau s'est également penché sur la conjoncture économique, revenant sur le "très mauvais" impact de la politique de Donald Trump, notamment à cause des droits de douane. "L'Union européenne a les moyens de représailles mais il faut souhaiter que l'escalade s'arrête", a-t-il souligné.

"Ce qui se passe aux États-Unis est une mauvaise nouvelle d'abord pour l'économie américaine " car "l'économie, c'est créer de la prospérité ensemble".

"On a aujourd'hui cette situation stupéfiante, alors que l'économie américaine allait très bien en début d'année, certains révisent à la baisse leurs prévisions de croissance américaine et commencent à parler d' un risque de récession aux États-Unis, donc c'est une politique perdante" , selon lui.

Dans un contexte économique international tendu, "l'espoir, c'est l'Europe", a analysé le gouverneur, qui s'est félicité de la "victoire" française et bientôt européenne contre l'inflation. "Nos prévisions le confirment, l'inflation est revenue autour d'1% en France et va revenir vers 2% en moyenne européenne, a--il expliqué. On ne reviendra pas en arrière sur les prix, mais pendant ce temps-là, les salaires, les retraites, les prestations sociales ont aussi augmenté".