États-Unis : l'inflation reste maîtrisée en juillet, une victoire politique pour Donald Trump information fournie par Boursorama avec Media Services 13/08/2025 à 12:17
"Les droits de douane n'ont pas causé d'inflation ni aucun autre problème à notre pays", a réagi le président américain.
Le gouvernement américain de Donald Trump s'est félicité, mercredi 13 août, des chiffres de l'inflation en juillet, qui montrent un léger frémissement des prix, sans atteindre le stade de l'ébullition.
Le mois dernier, l'indice des prix à la consommation (CPI) a progressé au même rythme qu'en juin (+2,7% sur un an), contenu par la baisse du coût du pétrole (-9,5% sur un an). Hors prix volatils de l'énergie et de l'alimentation, l'indice marque en revanche une nette accélération à +3,1% sur un an.
La publication est hautement sensible politiquement. Le président Donald Trump a promis pendant la campagne de rendre du pouvoir d'achat aux Américains. Mais la majorité des économistes s'attendent à voir l'inflation accélérer en raison des taxes sur les importations qu'il introduit depuis son retour au pouvoir en janvier. Surtout quand les entreprises auront épuisé les stocks constitués dans l'urgence.
"Certains biens augmentent à cause des droits de douane mais cela ne touche pas encore significativement les consommateurs, aidés en cela par le carburant peu cher", estime Heather Long, économiste pour la banque Navy Federal Credit Union. Toutefois, selon elle, "ce n'est qu'une question de temps avant que d'autres biens se renchérissent" .
L'analyse est tout autre à la Maison Blanche. "Les droits de douane n'ont pas causé d'inflation ni aucun autre problème à notre pays", a lancé Donald Trump sur sa plateforme Truth Social. "Il n'y a toujours aucune preuve d'une inflation induite par les droits de douane", a déclaré à la chaîne de télévision CNBC un de ses conseillers économiques, Stephen Miran. "Beaucoup de gens s'y attendaient, prédisaient le pire, (...) du catastrophisme, cela ne s'est tout simplement pas produit" , a ajouté celui que le président a récemment désigné pour occuper un poste vacant de gouverneur à la banque centrale des Etats-Unis (Fed).
Nouvelles menaces sur la Fed
Donald Trump a appelé une nouvelle fois le président de la Fed Jerome Powell à baisser les taux d'intérêt "MAINTENANT". Et menacé d'autoriser une "action en justice majeure" contre lui, fondée sur la facture du chantier de rénovation du siège de l'institution à Washington, qu'il juge bien trop élevée.
Le président américain ne fait pas mystère de son souhait d'accélérer le départ de Jerome Powell , en théorie inamovible ou presque. Pour le limoger, il lui faudrait prouver l'existence de fautes graves ou de malversations de la part du banquier central de 72 ans, dont le mandat s'achève en mai 2026.
Jerome Powell représente une voix parmi douze au sein du comité fixant les taux d'intérêt de la Réserve fédérale (FOMC). Deux gouverneurs, Christopher Waller et Michelle Bowman, plaident pour une baisse de taux en septembre, afin de soutenir le marché du travail. Le président de la Fed de Kansas City Jeff Schmid, membre du FOMC cette année, n'est pas prêt à leur emboîter le pas. Il a considéré mardi l'inflation encore "trop élevée".
Ces divisions ont lieu au moment où les données officielles sur lesquelles se basent les banquiers centraux et les investisseurs sont frappées du soupçon. Donald Trump a limogé le 1er août l'économiste qui supervisait le Bureau des statistiques de l'emploi (BLS) après la publication d'un rapport montrant que le marché du travail a flanché au printemps. Selon le locataire de la Maison Blanche, les données ont forcément été déformées en sa défaveur. Le BLS est aussi à l'origine de l'indice d'inflation CPI.
Donald Trump souhaite que le service statistiques soit désormais dirigé par E.J. Antoni , un économiste d'un centre de réflexion très conservateur, qui soutient sans réserve la politique présidentielle.
La démocrate Patty Murray a appelé mardi ses collègues sénateurs à ne pas confirmer cette nomination, affirmant dans un communiqué que E.J. Antoni était un "extrémiste de droite incompétent qui n'hésitera pas à manipuler les données du BLS et à saper la crédibilité de l'agence pour satisfaire Trump".