Pays-Bas: l'extrême droite battue par le centre, selon un sondage sortie des urnes
information fournie par AFP 30/10/2025 à 02:00

Le leader du parti D66 Rob Jetten célèbre le résultat des législatives au siège de la formation à Leiden le 29 octobre 2025 ( ANP / Robin Utrecht )

L'extrême droite de Geert Wilders semble avoir été battue aux Pays-Bas par un parti centriste, selon un sondage réalisé à la sortie des urnes, après des élections législatives anticipées suivies de près en Europe mercredi.

Le parti progressiste D66 de Rob Jetten devrait remporter 27 sièges sur 150 au Parlement, devançant le PVV de M. Wilders qui en obtiendrait 25, d'après le sondage Ipsos I&O privilégié par les médias.

Cela placerait le pro-européen Rob Jetten, 38 ans, en position pour devenir le plus jeune Premier ministre néerlandais, et le premier ouvertement homosexuel, si ce résultat est confirmé et s'il arrive à former une coalition à l'issue de négociations qui s'annoncent longues et difficiles.

Les partisans du D66 ont laissé éclater leur joie lors de leur soirée électorale à Leyde, près de La Haye, brandissant des drapeaux néerlandais et européens.

"On l'a fait!" s'est exclamé M. Jetten dans un discours.

"Il s'agit d'un résultat électoral historique car nous avons montré non seulement aux Pays-Bas mais aussi au monde entier qu'il est possible de vaincre les mouvements populistes et d'extrême droite", a-t-il déclaré devant des journalistes celui qui était monté en flèche ces derniers jours dans les sondages grâce à un message optimiste et une forte présence médiatique.

Le sondage de sortie des urnes d'Ipsos reflète généralement assez bien la composition du Parlement, mais la répartition des sièges pourrait évoluer au fur et à mesure du dépouillement. La marge d'erreur est de deux sièges.

Le parti libéral de centre-droit VVD devrait remporter 23 sièges, l'alliance de gauche Verts/Travaillistes, 20.

Le dirigeant d'extrême droite Geert Wilders réagit aux législatives le 29 octobre 2025 à La Haye ( ANP / Sem van der Wal )

Les élections aux Pays-Bas étaient suivies de près en Europe car elles devaient permettre d'évaluer l'ampleur de la poussée de l'extrême droite partout dans le continent, notamment au Royaume-Uni, en France et en Allemagne.

Si les premiers résultats se confirment, le PVV perd 12 sièges par rapport à son succès électoral retentissant de 2023.

"Les électeurs se sont exprimés. Nous espérions un autre résultat mais nous sommes restés fidèles à nous-mêmes", a déclaré sur X le dirigeant d'extrême droite de 62 ans.

M. Wilders a lui-même déclenché les élections anticipées en torpillant le gouvernement sortant après un différend sur l'immigration, retirant le PVV d'une fragile coalition quadripartite.

Quel que soit le résultat définitif, M. Wilders ne sera a priori pas Premier ministre, les principaux autres partis ayant exclu pour l'instant toute nouvelle collaboration avec lui, le jugeant peu fiable ou ses opinions trop peu acceptables.

- "Pas si agressif" -

Des néerlandais viennent voter à Oisterwijk, dans le sud des Pays-Bas, le 29 octobre 2025 ( ANP / ROB ENGELAAR )

Après avoir voté à La Haye, Rob Jetten a dit à l'AFP vouloir "ramener les Pays-Bas au coeur de l'Europe, car sans coopération européenne, nous ne sommes nulle part".

La campagne s'est principalement jouée autour de l'immigration et de la crise du logement, qui touche surtout les jeunes dans ce pays densément peuplé. Elle a été entachée de violences lors de manifestations anti-immigration, et de désinformation.

Bart Paalman, un boulanger de 53 ans, a voté à la maison Anne Frank à Amsterdam, transformée en bureau de vote. "La société devrait être plus positive. C'est pourquoi je vote pour un parti qui n'est pas si agressif", a-t-il expliqué à l'AFP.

Une fois le résultat définitif connu, une longue période de négociations s'ouvrira entre les partis pour déterminer qui souhaite collaborer avec qui, un processus qui pourrait prendre des mois.

Le système politique néerlandais est tellement fragmenté qu'aucun parti ne peut obtenir les 76 sièges nécessaires pour gouverner seul. Le consensus et les coalitions sont donc essentiels.

"Il faudra certainement du temps aux Pays-Bas pour retrouver la stabilité et former une nouvelle coalition", observe Sarah de Lange, professeure de sciences politiques à l’université de Leiden, avant le sondage de sortie des urnes. "Les partis sont idéologiquement très différents, ce qui rendra les compromis très difficiles", ajoute-t-elle, interrogée par l'AFP.

Le Premier ministre néerlandais démissionnaire, Dick Schoof, à La Hague aux Pays-Bas, le 29 octobre 2025 ( ANP / Ramon van Flymen )

En attendant la formation d'un nouveau gouvernement, le Premier ministre démissionnaire, Dick Schoof, continue de gérer les affaires courantes.

Frans Timmermans, 64 ans, ancien vice-président de la Commission européenne, a jeté l'éponge après le résultat décevant de son alliance écologiste de gauche.

"Ce soir, je quitte mes fonctions de chef de parti. Le coeur lourd", a-t-il déclaré.