Droits de douane : les Européens discutent sur la stratégie à adopter pour apaiser Donald Trump tout en préservant l'essentiel information fournie par Boursorama avec Media Services 26/06/2025 à 15:35
Donald Trump a fixé au 9 juillet la date butoir pour trouver un accord. Faute de quoi, il menace de doubler à 20% le taux par défaut sur les importations en provenance de l'UE.
Comment mettre un terme à la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump , sans provoquer la colère du président américain et en préservant les secteurs clés de l'économie européenne ? Réunis en sommet jeudi 26 jeudi, les États-membres cherchent la formule, après avoir déjà consenti une hausse historique de leurs dépenses militaires à l'Otan.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a donné le ton en arrivant à Bruxelles. "Je soutiens la Commission dans tous ses efforts pour aboutir rapidement à un accord commercial", a-t-il déclaré, lapidaire. Le dirigeant de la première économie européenne insiste pour aller vite. Quitte à accepter un accord asymétrique dans lequel les Européens accepteraient de subir certains droits de douane , sans contrepartie.
Personne à Bruxelles ne pense que l'objectif européen du "zéro droits de douane" soit atteignable. Selon plusieurs diplomates européens, l'objectif est plutôt de permettre à Trump de revendiquer une victoire, sans sacrifier l'essentiel. L'un d'eux a évoqué la perspective d'un accord "gruyère", avec de nombreux trous : une taxe générale sur les importations européennes, mais avec une série d'exemptions pour des secteurs clé comme l'acier, l'automobile, la pharmacie ou l'aéronautique.
Un moindre mal pour des entreprises aujourd'hui en grande souffrance face aux taxes déjà mises en œuvre par l'administration américaine : 25% sur l'acier et l'automobile, et 10% sur la plupart des autres produits.
Friedrich Merz avait fustigé lundi la stratégie de négociation de la Commission, "beaucoup trop compliquée" selon lui, réclamant qu'elle se concentre sur quatre ou cinq secteurs clés. Le sujet doit être abordé dans la soirée lors d'un dîner des chefs d'État et de gouvernement. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui pilote la négociation, en profitera pour tester les lignes rouges.
Le temps presse, alors qu'approche la date limite du 9 juillet fixée par Donald Trump après laquelle, faute d'accord, il menace de doubler à 20% le taux par défaut sur les importations en provenance de l'UE.
"On reste calme"
"On ne se laisse pas provoquer, on reste calme", a assuré le Premier ministre belge, Bart De Wever, appelant à éviter une guerre commerciale avec les États-Unis. "On négocie et on espère arriver à un accord" , mais "si ce n'est pas le cas, on va évidemment adopter des contremesures", a-t-il prévenu.
Le président français Emmanuel Macron avait haussé le ton mercredi à l'issue du sommet de l'Otan durant lequel les Européens ont concédé une hausse de leurs dépenses militaires à 5% du produit intérieur brut (PIB) réclamée par Donald Trump. "On ne peut pas, entre alliés, dire il faut dépenser plus" pour la défense "et au sein de l'Otan se faire la guerre commerciale, c'est une aberration", avait-il lancé.
Les discussions avec Washington se sont intensifiées ces dernières semaines. "Le problème, c'est que du côté américain on a un négociateur hors pair alors que l'Union européenne a des dirigeants peu capables", a déclaré jeudi Viktor Orban, adepte de la provocation. Les Vingt-Sept sont par nature divisés. Le chef du gouvernement hongrois revendique une proximité avec le locataire de la Maison Blanche, comme son homologue italienne, Giorgia Meloni. Les pays les plus mercantilistes du nord de l'Europe sont aussi plus enclins à éviter une escalade à tout prix.
L'UE avait menacé début mai de taxer pour 95 milliards d'euros d'importations américaines, dont les voitures et avions, en cas d'échec des négociations commerciales avec Trump. Elle a depuis mis cette menace en sourdine.
Les États-Unis profitent aussi de la négociation pour tenter d' arracher des concessions sur les réglementations européennes , notamment dans le numérique, accusées à Washington de cibler les champions américains comme Apple, Google ou Meta. L'administration américaine voudrait assouplir la mise en œuvre des législations visant à limiter les abus de pouvoir de la "big tech" en matière de concurrence, de contenus en lignes ou d'intelligence artificielle.
Les Européens sont prêts à discuter de normes transatlantiques communes mais les textes issus du débat démocratique reste une ligne rouge. "Le processus de décision de l'Union européenne" est un sujet "absolument intouchable", a affirmé lundi Ursula von der Leyen.