Défense : les Suisses veulent du matériel européen plutôt qu'américain et un rapprochement avec l'UE, selon un sondage information fournie par Boursorama avec Media Services 14/04/2025 à 08:37
Ce plébiscite, qui transcende toutes les sensibilités politiques, est rapporté par une étude menée avant même la décision de Donald Trump sur les droits de douane.
Comment les Suisses veulent-ils se défendre, et avec qui? Un sondage publié dimanche 13 mai laisse paraitre une main tendue des citoyens du pays alpin vers l'Europe en matière de défense. Interrogés sur la question, ces derniers souhaitent ainsi se rapprocher de l'Otan et de l'Union européenne pour leur défense et acheter des matériels européens plutôt que des avions de chasse américain F-35, selon cette étude, confirmant dimanche l'impact des tensions provoquées par Donald Trump avec l'Europe et l'Otan dans le pays neutre.
Quelque 77% des personnes interrogées sont favorables à une coopération plus étroite en matière de sécurité avec l’Union européenne contre 21% de non, selon un sondage du groupe de presse Tamedia réalisé entre le 31 mars et le 1er avril en ligne auprès de 35.132 personnes.
Un plébiscite qui transcende toutes les sensibilités politiques, y compris 52% de réponses favorables chez les partisans de la droite radicale UDC, le premier parti du pays qui mène activement campagne contre les négociations en cours de rapprochement avec l'UE. Une collaboration renforcée avec l'Otan est vue d'un bon oeil par 71% des sondés contre 26% opposés. Mais une majorité (56%) reste opposée à une adhésion contre 37% de oui et 7% sans opinion.
Le partenaire américain sème le doute
Le sondage a été réalisé avant la décision du président américain Donald Trump sur la hausse des droits de douane le 2 avril dernier, qui initialement devait durement toucher la Suisse, avec une taxe "réciproque" punitive de 31%, avant que le locataire de la Maison blanche ne ramène le taux à 10% pour tous à l'exception de la Chine. Le ministre suisse de l'Economie a depuis dit vouloir voir "le verre à moitié plein" face au revirement partiel de Donald Trump quant aux relations commerciales avec Suisse et Etats-Unis, marché clé pour ses exportations.
L'étude montre l'impact, dans un pays où les Etats-Unis ont depuis toujours été vus comme un partenaire essentiel, du changement spectaculaire affiché par Donald Trump dans les rapports avec la Russie et les alliés de l'Otan.
Les deux tiers des Suisses, tous partis confondus, soutiennent aussi l'augmentation des dépenses de l'armée avec 18% des personnes interrogées qui sont au contraire favorables à une réduction des moyens financiers La Suisse devrait-elle choisir de s'équiper en Europe plutôt qu'aux Etats-Unis pour assurer sa défense ? 82% des sondés estiment que oui, dont 60% expriment un oui clair et 22% plutôt oui.
Là encore, tous les partis sont sur la même longueur d'ondes, mais avec une réticence un peu plus marquée à l'UDC dont des membres proéminents ne cachent pas leur admiration pour Donald Trump (27% d'avis défavorables).
Une nette majorité des personnes interrogées (66%)se prononce contre l'achat des avions de combat américains F-35 décidé en 2022 par le Conseil fédéral (gouvernement) au détriment de solutions européennes comme le Rafale français ou l'Eurofighter, fabriqué par un consortium européen. Pour disposer des fonds nécessaires, près de 50% des personnes interrogées estiment qu'il faut économiser ailleurs (dans les politiques d'asile pour 73% ou la culture pour 50%).