Cuivre, or, argent : les raisons multiples d'une flambée inédite
information fournie par Boursorama avec Media Services 24/12/2025 à 12:42

Les métaux précieux et industriels atteignent des sommets inédits en cette fin d'année, portés par l'incertitude économique et géopolitique, une demande industrielle soutenue, mais aussi une offre parfois insuffisante. Explications.

L'once d'or a pour la première fois dépassé la barre des 4.500 dollars (illustration) ( AFP / THOMAS SAMSON )

Des valeurs sûres

L'or et l'argent sont considérés comme des valeurs refuges, c'est-à-dire des actifs sûrs à long terme, achetés notamment par les banques centrales ou les particuliers pour assurer leurs arrières en période d'incertitude. Leur attrait a été renforcé cette année par les tensions géopolitiques, entre la guerre commerciale de Donald Trump, les conflits en Ukraine et à Gaza et récemment les pressions de Washington sur Caracas.

Sur le plan économique, les investisseurs s'inquiètent de la dette publique des grands pays, mais aussi d'une bulle dans le secteur de l'intelligence artificielle, qui les a un temps détournés des valeurs technologiques.

Autant d'incertitudes qui font grimper l'or et l'argent... mais aussi les autres métaux, les investisseurs jugeant sage de diversifier leurs portefeuilles, note John Plassard, analyste chez Cité Gestion Private Bank. "Le métal redevient une assurance plutôt qu'un simple actif spéculatif", explique-t-il.

Un dollar faible

Le dollar et les obligations d'État américaines, habituellement valeurs refuges concurrentes des métaux précieux, ont perdu de leur attractivité cette année.

L'incertitude liée à la présidence de Donald Trump a largement contribué à cet affaiblissement, encore renforcé dernièrement par la perspective de nouvelles baisses de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui rendraient le billet vert moins intéressant.

Les investisseurs cherchant à se prémunir contre le risque se tournent donc du côté de l'or, dont la valeur a progressé de plus de 70% cette année, et qui a franchi les 4.500 dollars l'once pour la première fois mercredi, ou de l'argent, qui a atteint le même jour un sommet historique, à plus de 72 dollars l'once, son prix ayant été multiplié par 2,5 depuis janvier.

Mais la faiblesse du dollar profite aussi aux métaux industriels libellés dans cette devise: u n billet vert moins fort rend leur achat plus intéressant.

Une demande en pleine explosion

La demande industrielle s'est envolée ces derniers mois, stimulée par le développement de l'intelligence artificielle et la transition énergétique, ce que John Plassard qualifie d'"alignement des astres". Le cuivre, utilisé dans les panneaux solaires, les éoliennes, les batteries et les centres de données, profite pleinement de cette dynamique.

Il a atteint un prix inédit mercredi 24 décembre, à plus de 12.000 dollars la tonne, un cours encore renforcé par la récente annonce de la Chine, premier consommateur mondial du métal rouge, de mesures pour relancer sa demande.

L'aluminium, alternative moins onéreuse au cuivre, mais aussi l'argent, métal industriel en plus d'être une valeur refuge, profitent également du boum de l'IA et de la transition énergétique. Quant au platine et au palladium, utilisés dans les catalyseurs automobiles, ils atteignent respectivement un record et un plus haut depuis trois ans, soutenus par la décision de l'Union européenne de prolonger la vente de voitures thermiques neuves au-delà de 2035.

L'offre reste tendue

Les prix du cuivre ont été dopés cette année par la crainte de droits de douane américains, poussant les entreprises à stocker avant leur entrée en vigueur. Ils ont finalement été imposés sur les produits semi-finis en cuivre, mais pourraient aussi concerner le métal raffiné, utilisé par l'industrie.

La menace de pénuries liées à des incidents dans des mines en République démocratique du Congo, au Chili et en Indonésie contribue également à la flambée des cours.

Les marchés physiques de l'argent, du platine ou de l'aluminium sont tout aussi tendus. Enfin, selon Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank, le mouvement est encore accentué par le faible volume d'échanges dans la période des fêtes de fin d'année, qui renforce la volatilité, et par "la crainte de rater une opportunité de hausse".