Le premier producteur mondial de cobalt lève un embargo de dix mois sur ses exportations. La décision radicale avait été prise en début d'année pour enrayer l'effondrement des cours, précipité par à une surproduction mondiale due notamment aux activités du géant chinois CMOC dans le pays.
Des camions dans la mine Tenke Fungurume, détenue par le géant minier chinois CMOC (illustration) ( AFP / EMMET LIVINGSTONE )
Plombée par des cours du cobalt au plus bas en début d'année, la République démocratique du Congo conclut 2025 sur une donne différente après avoir suspendu ses exportations pendant dix mois. Le premier producteur mondial du minerai stratégique a ainsi annoncé mardi 23 décembre la fin de l'embargo sur ses productions de métal bleu, en vigueur de février dernier pour contrer la chute des prix.
Le gouvernement avait justifié le gel des exportations décidé le 22 février pour quatre mois pour "stabiliser le marché du cobalt (...) face à la surabondance de l'offre". Les cours, divisés par quatre en trois ans, étaient tombés à leur plus bas depuis huit ans. "Depuis vendredi, la République démocratique du Congo a repris l'exportation de son cobalt", a déclaré le ministre des Finances, Doudou Fwamba, lors d'une conférence de presse. Un mécanisme de quotas d'exportation a ainsi été mis en place pour remplacer l'interdiction.
Le cobalt, un "sous-produit" dépendant du cuivre
La RDC a fourni en 2024 près de 76% de la production mondiale de cobalt, soit 220.000 tonnes, selon l'Institut américain d’études géologiques (USGS). Ce minerai est prisé à la fabrication des batteries pour véhicules électriques, dont la demande a explosé en deux décennies.
L'offre provient de deux mines, Tenke Fungurume et Kisandu, les plus grandes du monde exploitées par le géant chinois CMOC (China Molybdenum) dans la région du Katanga (sud-est). La surproduction, qui a pénalisé les cours, est due aux activités XXL du groupe minier en matière de cuivre, dont le cobalt est un sous-produit.
"Le cobalt est un minéral d'accompagnement que l'on trouve dans les mines de cuivre et de nickel, ce qui signifie que (leur) extraction entraîne naturellement la production de quantités substantielles de cobalt", avait ainsi rappelé une porte-parole de CMOC au média spécialisé L'Usine Nouvelle . L'appétit féroce des marchés pour le métal rouge, excellent conducteur électrique, a ainsi dopé en conséquence l'offre de cobalt, par ailleurs délaissé par certaines fabricants de batteries LFP, sans cobalt.
"Comment pouvons-nous être le premier à fournir 70% de ce produit stratégique mais ne pas influer sur la formation du prix ? C'est à cela que nous avions dit non", a noté pour sa part le ministre congolais des Finances, reconnaissant au passage l'impact de la mesure sur les caisses du pays : "Nous avons perdu en termes de recettes fiscales en raison de la baisse systématique du cours".
De 22.000 à 55.000 dollars la tonne
La stratégie de gel des exportations, pilotée par l'Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (Arecoms, organisme étatique), semble avoir porté ses fruits. "Le cours du cobalt est passé de 22.000 dollars la tonne à 54 ou 55.000 dollars", a déclaré M. Fwamba.
Malgré la richesse minière dont regorge son sous-sol, la RDC reste parmi les pays les moins développés, avec une population majoritairement pauvre et un secteur minier gangréné par la corruption, la contrebande et l’exploitation illégale. Le cobalt artisanal, qui représente 3 à 5% de la production, reste associé à des violations des droits humains, malgré les efforts de régulation, selon les experts.
Sa production, concentrée dans le Katanga, est épargnée par le conflit armé qui ravage les provinces minières de l'est congolais, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, à plus de 1.000 km, où le groupe M23, soutenu par le Rwanda, contrôle de larges territoires.
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