Censure du gouvernement : Michel Barnier ne pensait pas que Marine Le Pen "oserait" information fournie par Boursorama avec Media Services 03/12/2024 à 15:18
La cheffe de file du Rassemblement national estime assumer ses "responsabilités" en votant la censure de l'exécutif.
Après de longues journées de négociations sur le vote du Budget 2025, Marine Le Pen a finalement acté son opposition avec le projet du gouvernement, indiquant que son camp allait voter toutes les motions de censure déposées contre l'exécutif , dans la foulée du recours à l'article 49.3 annoncé par Michel Barnier. La censure du gouvernement, qui doit être débattue mercredi 16h, est désormais arithmétiquement acquise à l'Assemblée nationale, où elles est réclamée par 325 députés, largement plus que les 288 nécessaires pour faire tomber le Premier ministre et son équipe.
"Je ne croyais pas qu'elle oserait", a ainsi lâché Michel Barnier lundi après une conversation téléphonique avec Marine Le Pen bien décidée à voter la censure malgré les multiples concessions faites au RN, a raconté mardi un président de groupe du bloc central. "Jusqu'à hier, le Premier ministre ne croyait pas que le RN censurerait", a expliqué cette source, alors que le parti d'extrême droite s'apprête à voter mercredi soir la motion de censure déposée par la gauche.
Lors de la réunion des chefs de groupe du "socle commun" (Renaissance, MoDem, Horizons et LR), au cours de laquelle Michel Barnier a informé ses troupes de son intention d'utiliser le 49.3 pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale sans vote, ce dernier s'est absenté pour répondre à Marine Le Pen.
"De toute façon, ils auraient trouvé un narratif"
"Quand il est revenu, il était différent. Il nous a dit à un moment cette phrase – je pense que ce n'était pas une phrase calculée, je pense vraiment qu'elle était spontanée -, 'je ne croyais pas qu'elle oserait'", a raconté ce chef de groupe. Et paraphrasant Michel Barnier: "On voit bien qu'à chaque fois qu'on lâche quelque chose, elle demande quelque chose d'autre, et, qu'à un moment, il faut probablement s'arrêter".
Selon l'entourage du Premier ministre, celui-ci avait déjà échangé avec la leader frontiste dans la matinée pour lui annoncer qu'il allait lui céder sur les baisses de remboursement des médicaments. L'après-midi, "elle lui dit que finalement il faut les retraites en plus", raconte-t-on de même source, à propos de l'indexation sur l'inflation d'une partie seulement des pensions. "Là, Le Pen se dédit", souffle l'entourage du Premier ministre, puisque l'ancienne candidate à la présidentielle avait assuré dimanche que retraites ou médicaments, il fallait que le gouvernement cède sur une des deux économies.
"Hier, c'était médicaments ou retraite, on leur donne les médicaments maintenant il faut aussi des retraites. Il y aura toujours quelque chose", a lâché Michel Barnier selon le chef de groupe. "Il y a un choix qui a été fait (par le RN), de toute façon ils auraient trouvé un narratif pour le faire", a-t-il concédé, toujours selon cette source. Autre signe de refus d'une main tendue: d'après l'entourage de Michel Barnier, "la garde rapprochée" de Marine Le Pen a refusé "à trois reprises des opportunités de rencontres" à Matignon.