Automobile européenne : Nexperia, la nouvelle crise qui secoue tout le secteur information fournie par Boursorama avec Media Services 27/10/2025 à 12:16
Le secteur automobile européenne observe avec inquiétude la crise qui secoue Nexperia, et qui pourrait s'étendre à tout le secteur, déjà fortement touché par la pandémie du Covid, les droits de douane américains et la concurrence chinoise dans l'électrique.
• Qu'est-ce que Nexperia?
C'est un fournisseur mondial de composants électroniques assez simples, comme les diodes, les régulateurs de tension ou les transistors . Il les produit en Europe, puis les envoie en Chine pour le conditionnement et le traitement ultérieur, avant qu'ils ne soient réexpédiés en Europe.
L'entreprise, basée aux Pays-Bas, a été acquise en 2018 par la société chinoise Wingtech Technology . Mais fin septembre, invoquant des raisons de sécurité nationale, le gouvernement néerlandais a pris de facto le contrôle de Nexperia. Pékin a alors interdit les réexportations de la Chine vers l'Europe des produits de l'entreprise.
• Pourquoi le secteur automobile est-il secoué ?
Les composants de Nexperia, très utilisés dans les systèmes électroniques embarqués, représentent 49 % des composants électroniques de l'industrie automobile européenne , selon le journal économique allemand Handelsblatt. Si le bras de fer entre les Pays-Bas et la Chine se prolonge, la production de voitures en Europe risque d'être fortement perturbée, prévenait mi-octobre l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA).
"Sans ces puces, les sous-traitants ne peuvent pas construire les pièces détachées et les composants qu'ils fournissent aux constructeurs automobiles, ce qui fait courir le risque d'arrêts de production", selon l'ACEA. Pour la seule production automobile allemande, les analystes de la Deutsche Bank estiment possible une chute de 30% dans "un scénario du pire", avec un recul plus probable de 10%.
• Comment réagissent équipementiers et constructeurs ?
C'est en Allemagne que se sont exprimées les inquiétudes les plus fortes. Volkswagen, premier constructeur européen, n'est pour le moment pas affecté mais "des répercussions à court terme ne peuvent pas être exclues", a-t-il indiqué dans un communiqué vendredi. Nexperia ne livre pas directement le groupe, mais certains de ses fournisseurs utilisent des composants de l'entreprise chinoise.
Côté équipementiers, Bosch n'a "pas encore procédé à des ajustements du temps de travail sur (ses) sites allemands", "mais nous nous y préparons sur le site de Salzgitter" (centre-nord), a indiqué un porte-parole à l' AFP .
Valeo en revanche dit avoir "une visibilité sur les prochaines semaines" pour "l'ensemble des composants" nécessaires. Il précise avoir "identifié des alternatives" pour "95% des volumes" achetés chaque année à Nexperia , mais "elles ne sont pas encore validées par les clients".
OPmobility (ex-Plastic Omnium) assure "être couvert en termes de stocks pour les prochaines semaines".
De son côté, Forvia souligne avoir tiré les leçons des perturbations et pénuries précédentes, avec la "mise en place d'organisations actives de suivi, de substitution et d'homologation".
• D'autres fournisseurs ?
Les produits de Nexperia sont présents dans beaucoup de composants automobiles, mais ils ne sont pas "uniques" en matière de technologie et sont donc "facilement substituables" , selon OPmobility. Les équipementiers doivent toutefois alors homologuer les nouvelles pièces avec le client (c'est-à-dire le constructeur) et cela prend du temps. On ne peut pas remplacer Nexperia du jour au lendemain.
Le fabricant de composants allemand Infineon a ainsi indiqué à l' AFP être "en contact étroit" avec ses clients pour "renforcer la résilience de leurs approvisionnements".
"On se met à chercher fébrilement d'autres fournisseurs, mais ceux-ci ne peuvent pas créer des capacités du jour au lendemain. Dans le pire des cas, cette situation pourrait durer 12 à 18 mois", précise à l' AFP Ferdinand Dudenhöffer, expert allemand du secteur automobile.
"Il y aura toujours des crises impliquant des pénuries d'approvisionnement, que ce soit à cause des terres rares ou des puces électroniques", ajoute-t-il. "Depuis la crise du Covid, on a cependant appris à y prêter davantage attention, tant dans les directions générales que dans les services achats".
"Se protéger à 100 % contre les ruptures d'approvisionnement est impossible -ou tout simplement hors de prix", conclut-il.
En 2022, le plan "Chips Act" de l'Union européenne avait pour objectif de doubler sa part de marché d'ici 2030 dans le secteur stratégique des semi-conducteurs et puces afin de réduire sa dépendance envers l'Asie. "Un vœu pieux", a sobrement commenté la Cour des comptes européennes trois ans plus tard.