par Gilles Guillaume TREMERY (Moselle), 17 juin (Reuters) - PSA PEUP.PA a commencé à assembler des motorisations électriques dans son usine de Trémery (Moselle), la plus grosse usine de moteurs diesel du monde qui s'engage dans une délicate reconversion pour faire face aux mutations rapides du mix énergétique des véhicules. Le site, qui fête cette année ses quarante ans, emploie environ 3.000 personnes. Confrontée à la disgrâce du diesel, la production de Trémery devrait reculer cette année à 1,7 million de moteurs, contre 1,8 million en 2018. L'usine s'est déjà ouverte aux blocs essence, qui pèsent désormais un tiers de la production, alors qu'en 2011 le diesel représentait presque 100% de la capacité du site. Cette diversification et cette capacité à produire parallèlement différentes technologies se poursuit maintenant avec l'arrivée de moteurs électriques, à une différence près, et de taille. Une motorisation électrique est composée de 50 pièces seulement, contre 150 pour un moteur thermique. "La charge de travail est moindre, donc oui il y aura un impact sur l'emploi", a déclaré Yann Vincent, directeur industriel de PSA, vendredi à la presse lors d'une visite du site. "Cet impact, on veille à le piloter, on considère qu'on est en capacité de le gérer, mais il est possible (que les effectifs baissent)", a-t-il ajouté. Trémery a commencé à assembler le groupe motopropulseur électrique de la DS3 Crossback E-Tense, première voiture électrique de nouvelle génération du groupe PSA, à partir d'un moteur acheté à l'allemand Continental CONG.DE . A l'horizon 2021-2022, l'usine passera à la production complète de nouveaux moteurs électriques maison au travers d'une coentreprise avec le franco-japonais Nidec Leroy Somer 6594.T . Pour accueillir cette production, qui devrait atteindre les 900.000 unités vers 2025, PSA va libérer 38.000 mètres carré actuellement dédiés au diesel. DE NOUVEAUX MÉTIERS Confronté comme l'ensemble de l'industrie automobile à la course à l'électrification pour se conformer à des normes d'émissions de plus en plus strictes et à la menace de l'interdiction des véhicules thermiques traditionnelles dans les grandes villes, PSA compte sur les nouveaux métiers liés à l'électrique (bobinage, magnétisation...) pour prendre le relais de certaines activités historiques. La chimie des batteries restant pour l'heure un quasi-monopole asiatique, PSA assemble des modules de batteries chinoises à Trnava (Slovaquie), et bientôt aussi à Vigo (Espagne) et en France. "Dès que les volumes seront plus conséquents, nous aurons une rentabilité qui nous permettra de rapprocher l'assemblage des batteries des autres usines", a poursuivi Yann Vincent. Le groupe fabrique aussi ses réducteurs - les boîtes de vitesse des modèles électriques - à Valenciennes (Nord), réalise le sarcophage de la batterie de la DS3 Crossback E-Tense à Poissy (Yvelines) et se prépare donc à rapatrier à Trémery les moteurs électriques de ses voitures à batteries mais aussi des modèles hybrides rechargeables, alliant essence et électrique. A vingt kilomètres de là, le site de boîtes de vitesse de Metz fête ses cinquante ans et doit résoudre une équation similaire. La course à l'électrification signe en effet la bascule de la boîte manuelle, dont l'usine fabrique 4.560 exemplaires par jour, vers la boîte automatisée. L'usine emploie 1.400 personnes, dont la moyenne d'âge tourne autour de 48 ans, comme à Trémery. Pour les salariés, les enjeux en termes de reconversion et de formation sont importants, tout comme pour la région alors que le pôle industriel de Trémery Metz a joué un rôle crucial pour pallier la crise des mines, de la sidérurgie et du textile qu'a connue la Moselle dans les années 1960. Actuellement, 10% du budget annuel de 80.000 heures du pôle sont dédiés aux nouveaux besoins, mais pour le directeur Marc Bauden, ce pourcentage va aller croissant les prochaines années. "Pour Trémery et Metz, l'offre s'enrichit et l'avenir est assuré", a-t-il indiqué. Si c'est l'usine de Valenciennes (Nord) qui été retenue pour produire les nouvelles boîtes automatiques du groupe, le site de Metz a quant à lui été choisi pour produire, à partir de 2022, une nouvelle génération de boîte de vitesse à double embrayage électrifiée permettant l'hybridation légère - dite 48 volts - des voitures et véhicules utilitaires légers, dans le cadre d'une autre coentreprise entre PSA et le belge Punch Powertrain. (Edité par Catherine Mallebay-Vacqueur)
Du diesel à l'électrique, le grand pari de PSA Trémery
information fournie par Reuters 17/06/2019 à 16:31
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