* Les investisseurs veulent rester investis en actions * Mais ils souhaitent se protéger contre une possible correction * Les "put" sur les indices boursiers pertinents dans ce contexte * D'autant que la diversification n'a pas marché l'an dernier par Blandine Henault PARIS, 9 avril (Reuters) - Comment protéger son portefeuille face à des risques extrêmes en restant pour autant investi en actions ? Le puissant rally boursier de ce début d'année a soulevé la question auprès de nombreux gérants: s'il ne fallait pas rater la hausse du marché boursier après la fin 2018 catastrophique, il ne fallait pas non plus oublier les risques existants, Brexit et commerce en tête. Dans ce contexte, les achats d'options de vente, dites "put", sur les grands indices boursiers ont constitué un outil de protection privilégié. Traditionnellement, les investisseurs ont recours à la diversification pour protéger leur portefeuille, en associant aux actifs les plus risqués certaines obligations souveraines, devises et/ou de l'or tout en renforçant la part de liquidités ("cash"). Mais cette stratégie n'a pas du tout fonctionné l'an dernier: les obligations souveraines, notamment, n'ont pas joué leur rôle traditionnel d'amortisseur et la faiblesse actuelle des taux fait que la protection associée aux emprunts d'Etat est de plus en plus faible. Investir sur les devises refuge, comme le yen et le franc suisse, ou bien sur l'or a aussi des inconvénients. "Les inquiétudes actuelles du marché portent sur une guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Si les choses se passaient mal, ce ne serait pas très bon pour la Suisse et le Japon qui sont des pays très exportateurs", explique Stéphane Monier, directeur des investissements de la banque privée Lombard Odier. "Le problème de l'or est qu'il n'y a pas de rendement associé et vous avez même un coût de portage si vous investissez dans l'or physique", ajoute-il. Le métal jaune est aussi sensible à l'évolution du dollar. UNE PROTECTION SIMPLE À LA BAISSE Quant au cash, "c'est un actif de repli mais pas un actif de protection. Si les actions se mettent à baisser, le cash ne va pas s'apprécier; il n'y a pas d'effet amortisseur", souligne Guillaume Lasserre, directeur des investissements chez Lyxor AM. "Sachant que le but ultime est de rester exposé aux actifs risqués - parce que l'on croit encore dans la capacité du crédit et des actions à apporter de la valeur dans les portefeuilles -, on est un peu coincé quand on fait le tour des choses naturelles pour se protéger". De fait, de nombreux gérants se sont tournés vers les stratégies optionnelles consistant à acheter des options de vente sur les grands indices actions comme une protection à la baisse sur le marché boursier. Une option de vente ("put") donne le droit à un investisseur de céder un actif à un prix fixé à l'avance et avec une échéance donnée, en échange du paiement d'une prime. Si cet investisseur souhaite se protéger contre une baisse de plus de 10% de l'EuroStoxx 50 .STOXX50 , il achètera un "put" avec un cours d'exécution, ou "strike", de 10% en dessous du cours actuel de l'indice à une échéance fixe. "Cela permet de rester exposé, de prendre le bénéfice de la hausse des marchés actions et en cas de baisse d'avoir quelque chose qui protège clairement", explique Guillaume Lasserre. Cet outil de couverture assez simple est donc particulièrement adapté à l'environnement de marché actuel, où la hausse linéaire et continue des indices actions depuis le début de l'année se heurte à des risques importants sur le front des négociations commerciales sino-américaines, du Brexit et de la conjoncture mondiale. "Les périodes de fin de cycle sont plus propices à ce type de stratégie car il est difficile de prédire quand la récession aura lieu", observe Stéphane Monier. "En 2017, nous n'avions aucune stratégie optionnelle car nous étions confiants dans le fait que le marché allait continuer à monter." La période actuelle est d'autant plus favorable à l'achat de "put" que le coût de couverture associé est relativement bon marché. TROUVER LE JUSTE ÉQUILIBRE "D'habitude, nous n'utilisons pas ces stratégies parce que nous n'aimons pas payer les primes d'assurances. Les coûts de couverture dépendent de la volatilité des marchés. Plus les marchés sont volatils, plus l'assurance coûte", explique Guillaume Lasserre chez Lyxor. "La volatilité des marchés actions a beaucoup augmenté mais le coût de l'assurance a moins augmenté que la volatilité réalisée des marchés. Donc le fait de se protéger dans des marchés aussi volatils est moins cher que ça n'a pu l'être", ajoute-t-il. Le cours d'exécution de l'option va aussi influer sur le coût de la couverture. Plus le "strike" est loin du prix de l'actif, plus l'option est dite "out of the money" et moins elle sera chère car sa protection sera moindre. Le type d'obligation joue aussi: avec une option américaine, l'investisseur pourra exercer son "put" à n'importe quel moment d'ici à l'échéance, ce que ne permet pas une option européenne. Cet avantage rend l'option américaine plus chère. L'objectif final est de trouver un équilibre entre une stratégie de couverture à court terme, qui offrirait un certain degré de protection contre un marché baissier, et un coût qui resterait raisonnable si le marché demeurait haussier, résume Stéphane Monier. Chez Lombard Odier, une stratégie de ce type sur les actions a été mise en place fin février avec l'achat d'un "put" sur l'EuroStoxx 50 à 3.050 points à échéance juin 2019, quand l'indice se situait à 3.260 points, soit près de 7% au-dessus. Pour financer cet achat, les gérants de la banque suisse ont parallèlement vendu un "put" à 2.900 points, une stratégie appelée "bear put spread" qui offre l'avantage de réduire le coût de l'assurance mais réduit l'efficacité de la protection en cas de baisse supérieure à 10%. Le but de cette opération était en effet de se protéger d'une correction, pas d'un krach boursier qui nécessiterait de couper les expositions en direct, explique Stéphane Monier. Le marché ayant continué de monter, le "put" à 2.900 points qui avait été vendu a été racheté. Il ne reste plus désormais que le "put" à 3.050 points, qui protège seulement contre une baisse importante du marché - l'EuroStoxx 50 est actuellement autour de 3.440 points. "Il n'y a pas de mécanique rigide pour ce type de couverture, cela nécessite une gestion dynamique basée sur l'évolution du marché et des fondamentaux", indique Stéphane Monier. (Édité par Marc Angrand)
ANALYSE MARCHÉS-Les options "put" plébiscitées comme outil de protection
information fournie par Reuters 09/04/2019 à 12:55
4 488.56 Pts | DJ STOXX | +0.55% |
Mes listes
Une erreur est survenue pendant le chargement de la liste
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer