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« Relance économique : la BCE en fait-elle assez ? » par Christian de Boissieu du Cercle des économistes
information fournie par Boursorama 26/01/2015 à 11:55

Le "quantitative easing" de la BCE, malgré son ampleur, ne pourra pas résoudre les problèmes de l'Europe à lui seul souligne Christian de Boissieu.

Le "quantitative easing" de la BCE, malgré son ampleur, ne pourra pas résoudre les problèmes de l'Europe à lui seul souligne Christian de Boissieu.

La Banque Centrale Européenne vient d’enclencher une opération de financement de l’économie ‘non conventionnelle’ sur le Vieux Continent. Le montant est plus élevé que prévu mais, selon Christian de Boissieu, cette mesure – nécessaire – ne sera pas suffisante.

Le QE (« quantitative easing ») de la BCE annoncé jeudi 22 janvier est tardif, conséquence des réticences allemandes et de la sous-estimation par la banque centrale du risque de déflation dans la zone euro. Mais il est impressionnant. Aucun analyste n’avait prévu  un tel paquet  de  1.140 milliards d’euros ; les prévisions étaient de l’ordre de 500 à 600 milliards étalés sur un an, alors que le programme  va durer au moins un an et demi.

On peut toujours faire des comparaisons et constater que notre QE ne représente que 12% du PIB de la zone euro, contre le double aux Etats-Unis ou au Japon. Mais comme  dit Morgan Stanley, il faut aussi tenir compte de la taille relative du marché-cible.

« Dernières cartouches »

La BCE tire là ses dernières cartouches. Avec le taux directeur proche de zéro, avec le  TLTRO (et  les deux premières opérations  décevantes), avec un taux négatif sur les facilités de dépôts, avec les rachats d’ABS et de « covered bonds » (désormais incorporés au  QE),  avec le QE et les achats mensuels d’obligations pour 60 milliards à partir de mars, on voit mal ce qui pourrait être ajouté ! Intervenir, non seulement sur le marché secondaire, mais aussi sur le marché primaire ? Pour les obligations souveraines, ce serait  violer la règle du « no-bail out » du traité de Maastricht qui interdit le financement direct des Etats par la banque centrale, s’exposer à une censure des tribunaux  et à un clash avec l’Allemagne. Pas question.

Efficacité incertaine sur l’économie réelle

L’efficacité de ce QE n’est pas garantie. Ce n’est pas parce que l’hélicoptère friedmanien va déverser sur la zone un tombereau de liquidités qu’elles vont mécaniquement financer l’économie réelle, à savoir  la consommation, l’investissement… L’impact sur le taux de change  joue depuis juin, et va se prolonger. Donc le canal du taux de change fonctionne, avec une limite probable : l’excédent courant de la zone  va fixer un seuil  au bienvenu  recul  de l’euro.

Le canal du crédit est plus incertain, et c’est là que va se jouer le sort du QE. Pour que les liquidités se transforment en crédit (qui, pris globalement, continue à reculer), en investissement, en consommation… il faut de l’envie et de la confiance chez les emprunteurs et les banques. Il faut aussi que la « jambe » réglementaire ne contrarie pas trop la « jambe » monétaire. Quant à faire remonter les anticipations d’inflation vers la cible de la BCE (juste en dessous de 2% d’inflation par an) afin de réduire les taux réels, cela prendra du temps. Inévitablement une part significative du QE viendra alimenter des bulles sur des marchés d’actifs.

« Nécessaire » mais « pas suffisant »

Le QE de la BCE est nécessaire, certainement pas suffisant, pour faire repartir l’investissement, la croissance, l’emploi, l’inflation. Ne pas tout demander à la politique monétaire ! Ce QE n’aura de portée que s’il est accompagné d’une mise en route plus  rapide que prévu  du plan Juncker en Europe, de mesures fiscales nationales supplémentaires en faveur de l’investissement productif et d’une accélération des réformes structurelles dans des pays comme la France ou l’Italie. Il est grand temps de combiner plusieurs impulsions reflationnistes, comme nous y invite le résultat des élections en Grèce.

Christian de Boissieu

Christian de Boissieu est vice-président du Cercle des économistes, professeur d’économie à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, professeur au Collège d’Europe à Bruges, et membre du Collège de l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).

Ses principaux domaines d’expertise sont la monnaie ; la finance ; la banque ; les politiques économiques et l’intégration européenne.

Le Cercle des économistes a été créé en 1992 avec pour objectif ambitieux de nourrir le débat économique. Grâce à la diversité des opinions de ses 30 membres, tous universitaires assurant ou ayant assuré des fonctions publiques ou privées, le Cercle des économistes est aujourd’hui un acteur reconnu du monde économique. Le succès de l’initiative repose sur une conviction commune : l’importance d’un débat ouvert, attentif aux faits et à la rigueur des analyses. Retrouvez tous les rendez-vous du Cercle des économistes sur leur site .

9 commentaires

  • 27 janvier 14:58

    Ce n'est pas la consommation qui relancera l'économie (notamment parce que nous importons une partie trop importante de ce que nous consommons), mais l'investissement des entreprises. La baisse des taux et de l'Euro dues aux décisions de la BCE (et anticipées) et la baisse du prix du pétrole créent de belles marges de manoeuvre pour les entreprises...C'est en ce sens que la politique actuelle de la BCE est utile !


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