Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

« Assurance maladie : faut-il généraliser le tiers payant ? » par Pierre-Yves Geoffard du Cercle des économistes
information fournie par Boursorama 18/05/2015 à 11:03

Les médecins s'opposent catégoriquement à la généralisation du tiers payant

Les médecins s'opposent catégoriquement à la généralisation du tiers payant

Prévu dans le Projet de Loi de Santé de Marisol Touraine, la généralisation du tiers payant s’attire les foudres des médecins. Arguments à l’appui, Pierre-Yves Geoffard estime nécessaire de moderniser et simplifier le système en vigueur aujourd’hui.

De l’aveu même du gouvernement, « La généralisation du tiers payant à tous les Français en 2017 est la mesure la plus emblématique de la loi santé, » adoptée en première lecture par l’Assemblée Nationale le 14 avril dernier. Jusqu’à présent, de nombreux patients règlent au médecin, sinon la totalité des honoraires, du moins le ticket modérateur, charge à eux d’en obtenir ensuite le remboursement par leur assurance complémentaire.

Désormais, comme elles le font déjà pour les achats de médicament, les mutuelles régleront directement le médecin, ce qui permettra au patient d’être dispensé de toute avance de frais lors de la consultation médicale. Si cette mesure est la plus emblématique de la loi, c’est aussi la plus clivante : alors que cette simplification est plébiscitée par les patients, les médecins s’y sont opposés farouchement.

Ceux-ci mettent en avant leur crainte d’une complication importante de leur gestion, puisqu’ils devront désormais s’engager dans une relation financière avec des centaines d’organismes d’assurance complémentaire. Pourquoi de telles craintes, alors qu’un tel système fonctionne depuis plusieurs années chez les pharmaciens ? Certains médecins redoutent que la fin du paiement direct par le patient ne présage une évolution plus radicale de leur mode de rémunération, vers un forfait qui dépendrait du nombre de patients vus dans l’année, voire vers un salaire versé par les assurances santé.

Mais surtout, ces craintes sont nourries par leur organisation actuelle, encore très individuelle et peu informatisée, au contraire des pharmaciens dont l’organisation plus collective de l’activité permet de faire appel à des intervenants chargés spécifiquement de ces tâches de gestion. En outre, les médicaments font l’objet d’un tarif unique, alors que les consultations médicales, surtout pour les spécialistes, peuvent donner lieu à des dépassements d’honoraires, dont le paiement sera en effet plus complexe pour ceux qui le pratiquent.

Mais plus fondamentalement, la loi ne s’attaque pas à l’archaïsme le plus structurel du système français d’assurance maladie, qui voit intervenir deux organismes d’assurance pour la même dépense de soins. Une telle organisation est unique au sein des pays développés à l’exception des assurances sociales Medicare et Medicaid aux Etats-Unis. Comme aux Etats-Unis, elle entraîne en France une duplication des frais de gestion : 7,2 milliards d’euros pour la sécurité sociale et 6,2 pour les organismes complémentaires.

En outre, cette organisation conduit à une dilution des rôles des différents financeurs dans la régulation de l’offre de soins [1] . La simplification de ce système est devenue nécessaire : il faut confier l’ensemble de la dépense et du pilotage de l’offre de soins, soit à une sécurité sociale décentralisée, soit à des organismes divers agissant dans un environnement concurrentiel aux règles bien définies.

Pierre-Yves Geoffard

Pierre-Yves Geoffard est directeur de PSE-Ecole d’économie de Paris, directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.

Le Cercle des économistes a été créé en 1992 avec pour objectif ambitieux de nourrir le débat économique. Grâce à la diversité des opinions de ses 30 membres, tous universitaires assurant ou ayant assuré des fonctions publiques ou privées, le Cercle des économistes est aujourd’hui un acteur reconnu du monde économique. Le succès de l’initiative repose sur une conviction commune : l’importance d’un débat ouvert, attentif aux faits et à la rigueur des analyses. Retrouvez tous les rendez-vous du Cercle des économistes sur leur site .


[1] Brigitte Dormont, Pierre-Yves Geoffard, Jean Tirole, Refonder l’assurance maladie , note n° 12 du CAE. http://www.cae-eco.fr/Refonder-l-assurance-maladie.html

7 commentaires

  • 19 mai 16:09

    Il faut diminuer le remboursement de 20% pour les gens qui ne prennent pas en main leur santé : les fumeurs et les obèses notamment !


Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.