PER : faut-il choisir sortie en rente ou en capital ?Dernière mise à jour le : 27/11/2025
Le Plan d'Épargne Retraite (PER) est devenu en quelques années l'un des piliers de l'épargne longue en France. Mais au moment de la liquidation, un choix crucial s'impose : sortir en rente viagère, en capital, ou combiner les deux. Ce choix dépend à la fois des besoins de l'épargnant, de la nature des versements réalisés et de la fiscalité applicable.
Le choix dépend de la volonté et des besoins du titulaire du plan, mais aussi de la nature des versements réalisés. Ainsi, dans le cadre d'un PER d'Entreprise Obligatoire (PERO), la sortie ne peut avoir lieu que sous forme de rente pour les versements obligatoires.
Les spécialistes de la gestion de patrimoine considèrent que la rente est plus adaptée à un produit retraite car elle vient en complément tous les mois des revenus perçus. En outre, cette rente est versée jusqu'au décès de l'individu. Mais encore faut-il avoir accumulé un capital suffisant pour que la rente soit significative. On estime qu'il faut avoir investi plus de 100 000 € pour obtenir une rente d'environ 300 € par mois. Dans le cas contraire, il sera conseillé d'opter pour une sortie en capital.
Un assureur peut, avec l'accord de l'adhérent, transformer la rente en capital si le montant mensuel versé ne dépasse pas 100 €.
La fiscalité du PER : rente favorisée, capital plus taxé
L'arbitrage entre la sortie en rente ou en capital dépend aussi de la fiscalité. Comme la volonté est d'augmenter le montant des revenus réguliers de l'adhérent, y compris du conjoint survivant en cas d'option pour la réversion, la fiscalité est moins avantageuse pour les sorties en capital.
Réserve faite des versements issus de l'épargne salariale (PERCO), exonérés d'impôt sur le revenu pour la sortie en capital comme en rente, seuls les revenus produits par ces sommes sont soumis aux prélèvements sociaux.
Déduction des versements à l'entrée
Au moment de la déclaration de l'impôt sur le revenu, le titulaire peut déduire de son revenu net global les sommes versées sur son PER. Il a deux options :
- Déduire 10% des revenus d'activité professionnelle perçus l'année précédente, dans la limite de 8 fois le plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS). En 2025, le PASS est fixé à 47.100 €.
- Déduire 10% du PASS de l'année précédente
Dans l'éventualité où le titulaire aurait opté pour cette déduction, puis pour une sortie en capital au moment de sa retraite, il doit logiquement être imposé sur ces sommes au moment de leur versement. La part de capital correspondant aux versements est imposée suivant le barème progressif de l'impôt sur le revenu, sans abattement de 10 %.
Si la part du capital en sortie est importante, le risque est que le titulaire change de tranche marginale d'imposition et soit fortement taxé (45% pour la fraction supérieure à 160 336 € en 2025). Aussi aura-t-il intérêt à étaler sa sortie en capital dans le temps.
Exemple pratique
Célibataire sans enfant : 1 part.
Revenu global : 75 000 €.
Taux marginal d'imposition (TMI) : 41 % (revenus compris entre 74 546 € et 160 336 €).
PER en sortie en capital : 90 000 €.
Si le titulaire débloque en une seule fois, son revenu imposable devient 165 000 €, ce qui le fait passer dans la tranche à 45%. Il a donc tout intérêt à programmer ses rachats sur plusieurs années pour conserver son TMI de 41%.
Cas de non-déduction à l'entrée
En cas de renoncement à la déduction des sommes versées à l'entrée, la part des versements ne sera pas soumise à l'impôt sur le revenu, réserve faite des revenus générés par ceux-ci. Les plus-values réalisées en cas de sortie en capital sont soumises au prélèvement forfaitaire unique (PFU) au taux de 30 % (12,8 % IR + 17,2 % prélèvements sociaux).
Fiscalité de la rente
En cas de sortie en rente, si les versements volontaires ont été déduits, la rente est imposée selon le régime des pensions et retraites, suivant le barème progressif de l'IR après l'abattement de 10 %. En cas de non-déduction, la part de rente correspondant aux versements volontaires est imposée selon les règles applicables aux rentes viagères à titre onéreux, le solde selon les règles relatives aux pensions de retraite. Le législateur a donc avantagé la sortie en rente en fiscalisant davantage une sortie en capital.
Solutions intermédiaires
Les détenteurs d'un PER peuvent aussi choisir une solution mixte : percevoir une partie en capital au moment de la liquidation et laisser le reste dans le plan pour générer une rente. Le PER peut rester ouvert après le départ à la retraite, permettant des rachats programmés.
Un accompagnement obligatoire
Compte tenu des enjeux et de la complexité relative de ces choix, le législateur a prévu que les particuliers doivent être conseillés à chaque étape de la vie du produit : à la souscription, lors d'un transfert, cinq ans avant la liquidation du plan et au moment de sa liquidation. Ce conseil est indispensable pour faire des choix éclairés en fonction de ses besoins et de la fiscalité.