
(Crédits: Adobe Stock)
Une cour d'école, c'est souvent un terrain plat avec du bitume. Des communes repensent leurs cours d'écoles en les végétalisant et en les transformant en véritables espaces de jeux.
« Les cours d'écoles ont longtemps été un impensé. Le bâtiment était pensé , mais pas la cour. La cour était uniquement conçue pour faciliter la surveillance des enfants par les adultes », note Stéphanie Cagni, cofondatrice et cogérante de l'atelier Pop Corn, qui a accompagné plusieurs collectivités dans leurs projets de végétalisation d'écoles . Les cours d'école sont souvent des espaces plats, sans relief, sans arbre ou avec peu de végétation.
Aujourd'hui, les projets de végétalisation de cours d'école commencent à faire leur chemin. Les communes cherchent à transformer ces espaces imperméables en des espaces plus verts. Les écoliers y passent 4 à 6 jours par semaine, quelques heures par jour, et les cours d'école sont un environnement familier. Ces projets de végétalisation ont été abordés à l'occasion de la sortie de la note «Cours d'école: pour un retour du vivant en ville» , de La Fabrique de la Cité, un fonds de dotation créé par le groupe Vinci, qui a pour mission de détecter et analyser les grands enjeux environnementaux, sociaux et économiques des villes.
Une école végétalisée, en plus de son impact environnemental, est bénéfique pour les écoliers mais aussi pour les enseignants. Elle bénéficie à leur santé physique et mentale et leur permet de se confronter aux plantes, à la terre, aux changements de saisons, développe Marianne Laloy Borgna, chargée d'études de La Fabrique de la Cité. Prenons pour exemple l'école Jules Ferry, à Colomiers, en périphérie de Toulouse (31). La cour a été végétalisée, et le sol désimperméabilisé. La porosité du sol permet d'éviter aux eaux pluviales de ruisseler et de saturer les réseaux d'assainissement en infiltrant directement ces eaux dans le sol. La cour a été divisée en deux zones dont une réservée aux écoliers et l'autre partagée le soir, le week-end et pendant les vacances scolaires avec les habitants du quartier. Cette dernière zone comprend des équipements tels qu'une aire de pique-nique et un espace arboré, animant la vie de quartier.
Une cabane dans la forêt
À l'école Jules Steeg, à Libourne, près de Bordeaux (33), en plus d'espaces verts, un mur d'escalade a été bâti. Une petite forêt a été plantée avec des essences permettant une visibilité jusqu'à 1m50, pour faciliter la surveillance des enfants. Une petite cabane en bois en forme de roulotte a également été installée. « Les cours d'école sont de micro-espaces publics. Se joue dans ces cours ce qui va se jouer plus tard dans les espaces publics. Des enfants sont à l'aise en groupe, d'autres moins, il y a des leadeurs, des suiveurs , des jeux collectifs, des jeux calmes. Des enfants à la recherche de moments calmes trouvent enfin leur place dans la cour grâce à des espaces aménagés en jardin secret, à des cabanes », explique Stéphanie Cagni. Cette cabane permet aux enfants plus discrets de pouvoir trouver un espace à eux, un cocon à l'abri des autres. « Tout le monde doit avoir sa place dans la cour d'école, il ne doit pas y avoir d'appropriation par un groupe ou par un autre », ajoute Vincent Bourjaillat. La ville d'Avignon, en plus de l'aménagement des cours d'école, a repensé les rues situées à côté des écoles pour qu'elles deviennent une continuité du reste de l'école. Les rues aux abords des écoles sont piétonnisées et les parvis végétalisés.
Toutefois, tous les projets doivent être bien pensés avant et discutés avec toutes les forces en présence. L'école maternelle et primaire de Malpassé-les-Oliviers, à Marseille, a dû revoir quelque peu sa copie. Il s'agit d'une rénovation lourde d'une cour d'école classique composée d'une couche de bitume. L'établissement compte 25 classes dont 9 maternelles. Les cours d'école primaire et maternelle étaient asphaltées. Des arbres ont été plantés avec des copeaux autour pour délimiter les espaces végétalisés du reste de la cour.
« Après les travaux, des usages de jeux qui n'étaient pas prévus ont été observés. Les enfants jouaient avec les copeaux et les graviers. Ils ont transvasé des graviers dans des bouches d'évacuation d'eau de pluie. Les graviers vont donc être retirés de la cour. Il convient d'anticiper les usages réels de la cour qui est un espace de dépense physique, de liberté de mouvement et de dialoguer avec les équipes éducatives. Protéger les espaces de biodiversité aussi car pour les enfants ce n'est pas évident de respecter ces lieux », développe Vincent Bourjaillat, qui pilote le plan écoles de la Ville de Marseille. Les concepteurs peuvent avoir tendance à concevoir les cours d'école comme des paysages, des lieux d'agrément et ne pas penser aux usages, avec une « tentation de concevoir des aménagements figés. Ils voyaient l'école comme un équipement statique ».
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