Une étude de l’Office Européen des Brevets a analysé la quantité de brevets déposés dans le monde en matière de technologie entre 2010 et 2018. Concentrée sur les innovations qui participent de l’industrie 4.0, elle montre des atouts en France.
L’innovation à la française - iStock-Christian Ader
La révolution 4.0
En prenant en compte le nombre de brevets déposés, l’Office Européen des Brevets (OEB) s’intéresse à un indicateur des prochaines évolutions technologiques. L’étude de l’organisme se concentre plus particulièrement sur ceux liés aux technologies de la quatrième révolution industrielle, ou industrie 4.0. C’est elle qui amène une nouvelle transformation des moyens de production à travers les usines connectées. Pêle-mêle, on peut évoquer l’intelligence artificielle, la robotique ou encore l’Internet des Objets parmi les technologies qui la caractérise. À elle seule, la catégorie des technologies liées à la quatrième révolution industrielle rassemblait plus de 10 % des brevets déposés en 2018. Entre 2010 et 2018, elle a progressé à un taux annuel moyen de 20 %. Par comparaison, les autres secteurs gravitaient à 4,2 % de croissance moyenne par an. António Campinos, Président de l’OEB, note ainsi une accélération du développement des technologies de l’information et de la communication. Il soulève également une évolution « majeure » vers une économie qui s’appuie pleinement sur la donnée. La connectivité et la gestion des données ont elles aussi profité d’une croissance notable. Avec 14 000 familles de brevets internationales déposées en 2018, la connectivité profite d’une croissance annuelle de 26,7 % depuis 2010. Une dynamique qu’elle doit surtout à l’essor de la 5G. Du côté de la gestion des données, ce sont 11 500 familles de brevets internationales qui ont été déposées en 2018. Le secteur profite d’une croissance annuelle de 22,5 % depuis 2010.
La recette nationale
L’OEB relève par ailleurs une innovation concentrée dans des centres régionaux. Il évoque de grandes agglomérations dotées d’un tissu scientifique performant où l’on trouve également des entreprises de premier ordre. En tête des pôles mondiaux, Séoul, Tokyo et San José. Paris intervient à la 19e place de ce classement. À l’échelle européenne, la France figure sur le podium des pays les plus innovants du continent concernant les technologies de la quatrième révolution industrielle. Le pays déposait, entre 2010 et 2018, 12,5 % du total des familles de brevets internationales proposées en Europe. Au classement, l’Hexagone se tient derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. Mais le rythme de croissance moyen annuel du pays reste inférieur à celui du continent. Ainsi, il est de 11,9 % contre 15,5 % en Europe et 19,7 % au niveau mondial. Du reste, l’étude note que la France se distingue dans le champ des technologies habilitantes, comme la protection des données ou les systèmes 3D, ainsi que dans les domaines d’application des technologies de l’industrie 4.0, à l’image des véhicules ou des maisons intelligentes. Selon l’OEB, l’innovation française est soutenue par le pôle parisien, qui se hisse à la quatrième place européenne.
Tendances internationales
En dézoomant, l’OEB montre une domination américaine sur l’innovation liée à la quatrième révolution industrielle. Les États-Unis pèsent ainsi un tiers des brevets déposés en la matière et profitent d’une croissance moyenne annuelle de 18,5 % depuis 2010. L’étude note une présence importante du pays dans tous les secteurs analysés. Du côté de l’Asie, la Corée du Sud et la Chine ont accéléré leur rythme de croissance respectif. Représentant chacune 10 % des brevets déposés sur la période, elles ont profité respectivement d’une croissance annuelle moyenne de 25,2 % et 39,3 %. La progression de ces deux pays a été soutenue par leur spécialisation dans des domaines technologiques de base, comme le matériel informatique et la connectivité.