
déclaration de revenus (Crédits: Adobe Stock)
Sébastien Lecornu a été nommé Premier Ministre et il lui incombe désormais non seulement de former un gouvernement, mais surtout de boucler un budget qui sera accepté par l'Assemblée nationale au sein de laquelle il ne dispose pas de majorité. Il devra donc faire des concessions pour recueillir des appuis hors de son bord politique.
Si la piste de la baisse des dépenses est peu discutée (et devrait représenter un montant dérisoire par rapport à l'effort attendu), la piste de l'augmentation des recettes est elle bien évidemment au cœur des débats et très appréciée des Français qui, on le rappelle, pour 55 % d'entre eux ne paient pas l'impôt sur le revenu et de ce fait se montrent favorables à cet effort puisqu'il ne les concerne pas.
Alors quelles pistes pourront être envisagées par l'exécutif ? Quels impôts et prélèvements sont susceptibles d'augmenter en 2026 ? Pour quel montant ? Êtes-vous concernés ? Toutes nos explications.
La hausse des prélèvements sociaux ?
Les prélèvements sociaux sur les revenus de placements et du patrimoine, fixé actuellement à 17,2 % : 9,2 % de CSG ; 0,5 % de CRDS et 7,5 % de prélèvement de solidarité, pourraient bien augmenter. Il s'agit en effet d'un prélèvement dont le taux est très régulièrement relevé. Rappelons que ces fameux prélèvements sociaux sont passés de 0,5 % en 1996, année de leur création, à 17,2 % aujourd'hui. Ces prélèvements obligatoires sont appliqués sur les revenus fonciers, les rentes viagères constituées à titre onéreux, les plus-values immobilières, certains revenus de capitaux mobiliers (PEA, PEL, CEL), plus-values de cessions de valeurs mobilières, principaux revenus mobiliers, revenus de l'épargne salariale, mais aussi les salaires ou autres revenus professionnels non-salarié.
Si le budget 2026 ne prévoit pas à ce stade une hausse du taux des prélèvements sociaux, il comprend cependant l'instauration d'un prélèvement social de 8 % pour les employeurs sur les avantages versés aux salariés (titres-restaurant, chèques-vacances, Cesu). Les recettes de cette mesure sont estimées à 1 milliard d'euros et serviraient à renflouer la Sécurité sociale. Il sera difficile pour le Premier ministre de se passer de cette manne et la probabilité que cette taxe supplémentaire de 1 milliard voit le jour est donc assez élevé. Si elle est payée par les entreprises, elle pourrait tout de même toucher les salariés qui pourraient voir leurs avantages diminuer pour compenser le coût de la taxe si celui-ci est jugé trop difficile à assumer pour les entreprises. Les retraités, travailleurs non salariés, chômeurs, ne seraient pas touchés par cette réforme.
Gel du barème de l'impôt sur le revenu ?
Le gel du barème de l'impôt sur le revenu (IR), mesure défendue par François Bayrou, pourrait bien figurer de nouveau parmi les mesures permettant d'accroître les recettes de l'État. Le principe est simple : garder identique les seuils des tranches du barème de l'impôt sur le revenu, sans tenir compte de l'inflation. En temps normal, ces tranches sont revalorisées tous les ans.
Cette mesure engendrerait une entrée dans l'impôt pour des contribuables jusqu'ici pas imposés. 300 000 foyers fiscaux pourraient ainsi devenir imposables. De plus, elle provoquerait un changement de tranche pour certains foyers fiscaux. Les conséquences du gel du barème de l'IR sont difficilement quantifiables, car en l'absence d'un barème qui aurait pris en compte l'inflation pour comparer, il est impossible de chiffrer la hausse engendrée par la mesure. De ce fait, cette hausse d'impôt qui ne dit pas son nom, semble plus acceptable qu'une modification de taux par exemple. Et c'est pourquoi elle a de bonnes chances de figurer au menu du budget 2026.
La fin de l'IFI et le rétablissement de l'ISF ?
Le Wall Street Journal dans son édition du 23 septembre 2025 déclarait « L'impôt sur la fortune fait son retour en France ». En effet, l'idée de taxer les riches est très populaire dans notre pays. L'impôt sur la fortune ou ISF pourrait donc bien faire son grand retour, en remplacement de l'impôt sur la fortune immobilière (IFI). Cela voudrait donc dire que sont imposés les personnes dont le patrimoine net taxable est supérieur à 1 300 000 €, selon le barème suivant :
- De 0€ à 800 000€ : 0 %
- De 800 001 à 1 300 000€ : 0,5 %
- De 1 300 001 à 2 570 000€ : 0,7 %
- De 2 570 001 à 5 000 000 : 1%
- De 5 000 0001 à 10 000 000 : 1,25 %
- Au-delà de 10 000 000 : 1,5 %
Attention
: Sont exonérés la plupart des biens professionnels, les œuvres d'art, les droits de la propriété industrielle, littéraire ou artistique pour l'auteur ou inventeur, etc.
De plus, sont partiellement exonérés certains biens comme les bois et forêts, les parts de groupements forestiers, les parts ou actions faisant l'objet d'un engagement de conservation d'au moins 6 ans (pacte Dutreil), etc.
Notez également que la résidence principale bénéficie d'un abattement forfaitaire de 30 % sur sa valeur vénale.
Cette mesure vise donc la classe moyenne supérieure et pourrait rapporter aux alentours de 5 milliards d'euros à l'État. En effet, le manque à gagner lié au remplacement de l'ISF par l'IFI avait été évalué à 4,5 milliards d'euros en 2018. Cette mesure sera-t-elle adoptée pour le budget 2026 ? Difficile à dire. D'un côté, elle vise à taxer les riches, ce qui plaît beaucoup aux Français) et serait plus facile à mettre en place que la taxe Zucman, mais les macronistes, tout comme les LR y sont opposés, ainsi que le RN qui souhaite lui remplacer l'IFI par un impôt sur la fortune financière.
La mise en application de la taxe Zucman ?
La mesure la plus populaire du moment est sans contexte la taxe Zucman. Celle-ci consiste à taxer les « ultra-riches », c'est-à-dire imposer à 2 % les contribuables dont le patrimoine excède les 100 millions d'euros, soit environ 1 800 foyers fiscaux. Quelle différence avec l'ISF : d'abord, le taux unique de 2 %, ensuite, il s'agirait d'une contribution différentielle, qui ne s'appliquerait que si le montant d'impôts déjà payés par le contribuable est inférieur à 2 % de sa fortune, et surtout l'assiette taxable. En effet, aucune exonération n'est prévue et les biens professionnels sont donc pris en compte.
Et de ce fait, la taxe Zucman se frotte à deux écueils. D'une part, l'illiquidité des biens professionnels. Mais après tout, l'IFI s'applique aussi à des biens illiquides. Si un appartement de 150m2 à Paris se vend rapidement, quid d'un château de 1 200m2 dans la Creuse qui entre lui aussi dans l'assiette taxable de l'IFI, peu importe le nombre potentiel d'années nécessaires pour le vendre. D'autre part, la difficulté à valoriser année après année les biens professionnels, au fur et à mesure des levées de fond, bulles, etc.
Et ces problèmes d'illiquidités et d'estimation de la valorisation pourraient potentiellement devenir de véritables casses-têtes : comment les propriétaires d'entreprises dont la valorisation est d'abord fondée sur l'estimation de revenus non pas actuels, mais futurs, avec une forte trajectoire de croissance anticipée et de ce fait bien valorisées, pourraient-elles s'acquitter de la taxe Zucman ?
Bien sûr, elles pourraient payer en nature, en versant une part de leurs actions à l'État. Ou bien souscrire un emprunt en nantissant leur entreprise, comme un crédit Lombard par exemple. Mais elles pourraient aussi choisir d'aller développer leur entreprise dans des pays où la fiscalité est plus favorable, c'est-à-dire dans n'importe quel autre pays de l'OCDE.
86 % des Français sont favorables à la taxe Zucman. Pour autant, celle-ci sera-t-elle mise en place ? Rien n'est moins sûr étant donné les vices constitutifs qu'elle soulève. Rappelons aussi que la taxe Zucman avait été adoptée en première lecture à l'Assemblée avant d'être rejetée par le Sénat.
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