Le projet de budget 2026 "fragilisé" par des hypothèses optimistes - HCFP information fournie par Reuters 14/10/2025 à 10:56
Le projet de budget du gouvernement français pour 2026 s'appuie sur des hypothèses économiques optimistes et ses mesures de recettes ou d'économies pourraient ne pas être à la hauteur ou ne jamais voir le jour, a averti mardi le Haut Conseil des finances publiques (HCFP).
Reconduit vendredi à Matignon, le Premier ministre Sébastien Lecornu a promis un projet de loi de finances "ouvert au débat" et largement amendable par le Parlement en espérant qu'il soit adopté d'ici la fin de l'année.
Le texte prévoit de réduire le déficit public dans une fourchette de 4,7% à 5% du produit intérieur brut l'an prochain, soit une modeste amélioration par rapport aux 5,4% prévus pour 2025.
Le projet repose pour l'heure sur un effort structurel de plus de 30 milliards d'euros, dont environ 17 milliards de baisses de dépenses et 14 milliards de recettes nouvelles, a indiqué le Haut Conseil.
"Au total, la prévision de solde public pour 2026 soumise au Haut Conseil est fragilisée par un scénario économique volontariste et surtout, par le risque de sous-réalisation ou simplement d'absence des mesures de recettes et d'économies affichées", souligne l'organisme indépendant d'évaluation budgétaire.
Le gouvernement table sur une croissance de 1% en 2026, un scénario qui suppose une "accélération de l'activité permise par une reprise de la demande privée" malgré "une orientation plus restrictive des finances publiques", poursuit-il.
"Cette prévision suppose une reprise de la demande intérieure privée dont l'ampleur paraît volontariste au regard du climat général d'incertitude, en particulier pour l'investissement des entreprises et dans une certaine mesure la demande des ménages", ajoute encore le Haut Conseil.
Tout dérapage du déficit budgétaire français, le plus important de la zone euro, pourrait placer Paris encore plus en porte-à-faux avec les règles budgétaires de l'UE, qui fixent un plafond de déficit à 3% du PIB.
La nervosité des marchés financiers s'accroît également, la prime de risque des obligations françaises étant élevée et les notations de crédit sous pression.
Avant de défendre les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale devant le Parlement, Sébastien Lecornu devra d'ores et déjà échapper à deux motions de censure déposées par La France insoumise (LFI) et le Rassemblement national (RN).
La survie de son gouvernement dépendra notamment de la décision des socialistes, qui attendent la déclaration de politique générale du Premier ministre, à partir de 15h00, pour arrêter une décision. Le choix des députés PS sera pris en coordination avec le bureau national après le discours de Sébastien Lecornu.
Le chef du gouvernement a promis de ne pas recourir à l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, qui permet l'adoption d'un texte sans vote du Parlement, laissant ouverte la possibilité de nombreux amendements lors de l'examen budgétaire.
En l'absence d'adoption, une loi spéciale devrait être votée pour gérer provisoirement les finances publiques en attendant le vote d'un texte définitif pour 2026.
(Rédigé par Leigh Thomas, Jean-Stéphane Brosse pour la version française,é dité par Kate Entringer)