France-Les principales propositions de Bayrou pour le budget 2026 information fournie par Reuters 15/07/2025 à 18:58
Le Premier ministre français François Bayrou a proposé mardi une série de mesures visant à réaliser, selon ses calculs, près de 44 milliards d'euros d'économies lors de l'élaboration du projet de loi de finances 2026 qui sera débattu au Parlement à partir du mois d'octobre, afin de limiter le déficit budgétaire à 4,6% du produit intérieur brut (PIB).
Rappelant que le budget de la France est déficitaire depuis une cinquantaine d'années et affirmant que le pays n'a pas d'autre choix que celui de l'austérité s'il veut préserver sa liberté, le chef du gouvernement a présenté deux "plans d'action" destinés à stabiliser la dette publique à l'horizon 2029 et à soutenir la production et l'emploi.
"Tout le monde devra participer à l'effort", a insisté François Bayrou, avant de dévoiler une série de mesures allant du gel des prestations sociales à la suppression de deux jours fériés. Les seules à être épargnées seraient les armées, dont le budget devrait augmenter de 3,5 milliards d'euros l'an prochain conformément au souhait du président Emmanuel Macron.
Le Premier ministre a promis d'examiner avant et pendant les futurs débats au Parlement "toutes les idées d'amélioration" mais il a exclu tout recul ou atermoiement sur l'objectif de 43,8 milliards d'euros d'économie de la part du gouvernement, confronté selon lui à une "obligation de résultat" malgré le risque élevé de motion de censure.
Voici les principales mesures qu'il a proposées :
PLAN "STOP À LA DETTE"
- Gel des dépenses de l'État et des collectivités locales l'an prochain, à l'exception de la défense dont le budget augmentera de 3,5 milliards d'euros en 2026 et 3 milliards en 2027.
- Suppression de 3.000 emplois dans la fonction publique et non-remplacement d'un départ à la retraite sur trois à partir de 2027.
- Fusion ou suppression d'agences publiques "inutiles", ce qui pourrait mener à la suppression de 1.000 à 1.500 emplois.
- Réforme "en profondeur" du système de santé qui pourrait permettre cinq milliards d'euros d'économies grâce à la hausse du reste à charge lors de l'achat de médicaments, à des gains d'efficacité dans les hôpitaux ou au durcissement du contrôle du remboursement des médicaments en cas d'affection de longue durée ainsi que des arrêts-maladie.
- "Année blanche" pour les prestations sociales en 2026, dont les pensions de retraite qui resteront au même niveau qu'en 2025, un "effort exigeant" qui devrait permettre d'économiser 7,1 milliards d'euros mais dont l'impact devrait selon lui être atténué par la baisse de l'inflation.
- Lutte accrue contre toutes les formes de fraude fiscale et sociale.
- Contribution de solidarité des plus hauts revenus, qu'il n'a pas chiffrée. François Bayrou a dit vouloir demander "un effort particulier à ceux qui ont la capacité de contribuer davantage, soit parce qu'ils bénéficient d'un certain nombre d'avantages fiscaux, soit parce que leurs capacités leur permettraient de prendre une plus grande part de la solidarité", précisant viser les niches fiscales et sociales qui profitent aux ménages les plus aisés et aux grandes entreprises, ou encore les avantages pour frais professionnels "injustifiés" dont bénéficient certains retraités.
PLAN "EN AVANT LA PRODUCTION"
- Suppression de deux jours fériés pour que les Français travaillent et produisent davantage. François Bayrou a suggéré que ce soit le lundi de Pâques et le 8-Mai, tout en se disant ouvert à d'autres suggestions, et assuré que cela rapporterait également plusieurs milliards d'euros à l'Etat.
- Ouverture de négociations avec les partenaires sociaux sur l'assurance chômage et sur le droit du travail dans le but de "faciliter les recrutements" et d'augmenter les offres d'emploi, le Premier ministre déplorant que trop d'emplois ne soient pas pourvus malgré un taux de chômage dépassant 7%.
- Création d'une allocation sociale unifiée pour encourager le retour au travail.
- Lutte contre la bureaucratie, avec notamment un plan visant à offrir aux entreprises la possibilité d'opter pour une réglementation simplifiée en échange d'une réduction des subventions publiques.
- Stimulation de la compétitivité industrielle en prolongeant la durée de vie des centrales nucléaires de 50 à 60 ans, en relançant les investissements dans l'énergie hydroélectrique ou en favorisant les contrats de long terme entre les entreprises et EDF pour limiter la volatilité des prix.
- Investissements dans les industries d'avenir, en particulier dans l'intelligence artificielle et la cybersécurité.
- Réformes des marchés publics, la France plaidant pour une "préférence européenne" dans les règles d'appel d'offres de l'Union européenne afin de donner la priorité aux fournisseurs nationaux et continentaux.
(Rédigé par Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)