« C’est largement exagéré » : propriétaires d’une maison secondaire, ils découvrent avec stupeur une taxe d’habitation à 1 230 euros
information fournie par Biba Magazine 12/12/2025 à 12:28

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La surprise est de taille pour de nombreux propriétaires de résidences secondaires. En effet, leur taxe d’habitation a bondi de plus de 60 %, atteignant parfois des montants jugés "exagérés". Cette mesure, appliquée dans les zones de tension immobilière, vise à inciter les propriétaires à louer leurs biens. Toutefois, cette mesure suscite incompréhension et colère, notamment chez ceux qui voient dans leur logement un patrimoine familial et non un investissement locatif.

Depuis 2023, les communes situées en zone de tension immobilière peuvent appliquer une surtaxe sur la taxe d’habitation des résidences secondaires, allant de 5 % à 60 %. En 2025, cette disposition s’est généralisée, car sur les 3 690 communes éligibles, 1 628 l’appliquent, dont 40 % au taux maximum. Pour les propriétaires concernés, la facture est salée. À Roquebrune-sur-Argens, Sabine R. découvre une taxe à 1 230 €, soit une hausse de plus de 60 %. Pour cette retraitée, comme pour beaucoup d’autres, cette mesure est vécue comme une injustice. Entre fiscalité locale et politique du logement , les tensions s’exacerbent.

Une surtaxe de la taxe d’habitation qui surprend et divise les propriétaires

Une hausse brutale et mal comprise

Pour de nombreux propriétaires, la découverte de cette majoration est un choc. Sabine R., installée en Isère, possède depuis dix ans un petit appartement dans le Var. Lorsqu’elle reçoit son avis d’imposition, elle croit d’abord à une erreur, car sa taxe d’habitation a bondi à 1 230 €. Cette augmentation soudaine , sans préavis clair, est vécue comme une sanction injustifiée. Elle souligne le manque de communication autour de cette mesure et le sentiment d’être pénalisée pour avoir constitué un patrimoine modeste.

Une mesure jugée disproportionnée

Au-delà de la surprise, c’est le principe même de la surtaxe qui est remis en question, rapporte France 3 . « C’est largement exagéré » , affirme Sabine R. Pour elle, les sacrifices consentis pour acquérir ce bien ne méritent pas une telle pression fiscale . Elle rappelle que les résidences secondaires participent à l’économie locale, notamment dans les zones touristiques où l’activité est saisonnière. Dès lors, taxer ces logements revient à fragiliser un équilibre déjà précaire. Le sentiment d’injustice est renforcé par l’absence d’infrastructures dans certains quartiers, où personne ne souhaiterait vivre à l’année.

Une fiscalité qui cible toujours les mêmes

Jérôme Aubreton, président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI) en Isère, dénonce une politique fiscale répétitive. Selon lui, les élus locaux cherchent systématiquement à combler les déficits en taxant les propriétaires . Il parle même de « spoliation » , estimant que cette mesure porte atteinte à la liberté de disposer de son bien. Pour de nombreux Villardiens, cette surtaxe est une nouvelle illustration d’un déséquilibre fiscal qui pèse toujours sur les mêmes épaules.

Une politique de logement aux effets contrastés

Un levier fiscal marginal, mais symbolique

À Grenoble, la surtaxe de 60 % est appliquée depuis quelques années. Pourtant, elle ne représente que 0,4 % du budget municipal. Pour Vincent Fristot, adjoint aux finances, cette mesure s’inscrit dans une politique globale de régulation du logement , notamment l’encadrement des loyers, la lutte contre les logements insalubres et le contrôle des marchands de sommeil. Ainsi, la surtaxe est moins un levier budgétaire qu’un outil symbolique pour orienter les usages du parc immobilier .

Des communes qui font le choix de l’apaisement

Toutes les villes éligibles à une augmentation de la taxe d’habitation ne suivent pas cette voie. À Huez, dans l’Isère, le maire Jean-Yves Noyrey a choisi de ne pas appliquer la surtaxe. Il souligne l’implication des résidents secondaires, qui louent parfois leur bien quelques semaines par an. Pour lui, cette contribution suffit à justifier une fiscalité plus souple. Ce choix illustre une volonté de préserver le lien entre les propriétaires et le territoire, sans les stigmatiser.

Une région particulièrement concernée

La région Auvergne-Rhône-Alpes est la plus touchée par cette mesure, avec 339 communes concernées. Cette concentration géographique renforce le sentiment d’injustice chez les propriétaires locaux, qui se sentent ciblés. Toutefois, certaines exceptions existent, puisque les personnes en maison de retraite conservant leur ancien logement ou celles possédant une résidence secondaire à usage professionnel peuvent être exonérées. Ces cas particuliers montrent que la loi prévoit des ajustements, mais ils restent méconnus du grand public.