Air France quitte Orly, les compagnies low cost se positionnent pour attirer sur les passagers des "navettes"
information fournie par Boursorama avec Media Services 20/11/2025 à 15:08

Les liaisons entre Paris et Nice, Toulouse et Marseille, malgré un recul marqué depuis le Covid-19, restent les plus fréquentées des lignes intérieures françaises.

( AFP / OLIVIER LABAN-MATTEI )

Le départ d'Air France de l'aéroport d'Orly, annoncé il y a deux ans, approche. Et les compagnies low cost sont dans les starting blocks pour récupérer les passagers affaires des "navettes" sur les lignes intérieures, même moins nombreux qu'avant.

Le projet d'Air France de recentrer ses opérations à Paris-Charles-de-Gaulle (CDG) aux dépens d'Orly sera concrétisé fin mars avec la fin des liaisons vers Nice, Toulouse et Marseille depuis l'aéroport au sud de Paris . Ces "navettes", qui consistaient initialement en des rotations toutes les heures, voire moins, se sont essoufflées depuis le Covid-19, et Air France avait déjà réduit la voilure. Les liaisons entre Paris (Orly et CDG) d'une part et Nice, Toulouse et Marseille d'autre part, restent les plus fréquentées du réseau aérien intérieur français. Toutefois, entre 2019 et 2024, le nombre de passagers y a fondu respectivement de 14,9%, 35,9% et 28,2% , une tendance qui se poursuit, selon la Direction générale de l'aviation civile.

Des professionnels du secteur évoquent même un effondrement de 60% de la clientèle "affaires" sur les lignes aériennes métropolitaines dans la foulée de la crise sanitaire, sur fond de concurrence du train et des visioconférences.

Air France, pour alimenter ses vols vers le reste du monde, prévoit de renforcer ses liaisons entre les métropoles régionales et CDG à partir d'avril : 12 par jour pour Nice et Toulouse, contre huit et 11 actuellement, et 10 par jour pour Marseille (+1). Mais le premier aéroport français est plus éloigné de Paris qu'Orly et moins bien desservi par les transport en commun.

Pour les irréductibles des Orly-Nice et Orly-Toulouse, resteront donc deux choix : Transavia, la low cost du groupe Air France-KLM, qui va reprendre les précieux créneaux aéroportuaires d'Air France à Orly, soit 50% des droits totaux de décollage et d'atterrissage, et easyJet. Cette dernière ne dessert pas Marseille, face à un TGV concurrentiel. Malgré la stabilité des créneaux, cette transition "nous donne des opportunités", confie à l' AFP Bertrand Godinot, directeur général d'easyJet pour la France et les Pays-Bas, en vantant la présence d'avions basés à Nice, ce qui permet à la compagnie britannique "d'avoir des horaires tôt le matin et tard le soir" dans les deux sens.

Programmes de fidélité

La société, qui a développé des offres pour les professionnels comme l'abonnement "easyJet Plus", recense une clientèle composée à 38% de passagers d'affaires sur Orly-Nice et 47% sur Orly-Toulouse.

Les voyageurs pour raisons professionnelles "cherchent les horaires, l'efficacité, la performance opérationnelle et la fonctionnalité (...) Vous voulez un avion tôt le matin pour pouvoir avoir une vraie journée de travail", insiste le dirigeant d'easyJet, qui assure jusqu'à neuf rotations Orly-Nice et sept Orly-Toulouse par jour.

Transavia, qui a déjà repris des lignes intérieures ces dernières années, va déployer huit allers-retours par jour vers Nice et Toulouse au départ d'Orly à partir du 29 mars -quatre de moins qu'Air France actuellement- et promet de "faire progressivement évoluer son produit afin de répondre aux attentes des clients habitués à emprunter la navette". Pour ces vols, ainsi que ceux vers Montpellier et Marseille, la compagnie mentionne un "parcours plus fluide" au sol. Elle prévoit aussi un nouveau salon à Orly, réservé aux titulaires d'un billet "Max", le plus flexible et onéreux de sa gamme.

Le transporteur aux appareils verts et blancs, qui s'est développé grâce au succès des voyages de loisirs vers le bassin méditerranéen, va étoffer les services associés à ces tarifs visant les passagers affaires, notamment via la possibilité de coupe-files et de modifier un billet sans frais.

Du côté d'Air France-KLM, on souligne que Transavia peut aussi capitaliser sur le programme de fidélité du groupe, Flying Blue. Les billets "Max" font gagner le même nombre de points que ceux d'Air France. EasyJet a récemment proposé une offre commerciale aux membres Flying Blue qui passeraient chez elle.

Les passagers affaires "payent plus cher parce qu'ils réservent plus tard, ils ont un comportement d'achat assez différent" de la clientèle loisirs, remarque Bertrand Godinot. Et un Orly-Nice partant très tôt sera bien plus rempli qu'un appareil décollant à la même heure vers une destination de vacances, observe-t-il.