Acheter seule son appart : 5 erreurs à éviter avant de signer
information fournie par Biba Magazine 10/12/2025 à 10:43

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Devenir propriétaire en solo est accessible, à condition d’éviter certaines erreurs qui peuvent coûter cher une fois installée.

Acheter seule son appartement, que l’on soit primo-accédante, divorcée ou simplement décidée à investir sans co-emprunteur, n’a plus rien d’exceptionnel. De plus en plus de femmes franchissent le pas, avec à la clé autonomie et patrimoine en propre. Mais quand tout repose sur un seul salaire, la moindre erreur pèse plus lourd. D’où l’intérêt de préparer son projet comme un vrai dossier stratégique, en gardant en tête quelques pièges classiques avant de signer le compromis.

Définir son budget avant de visiter un appartement

La première erreur consiste à se ruer sur les visites sans avoir verrouillé son budget. C’est pourtant le socle de tout le reste. Comme le rappelle l’agente immobilière Valérie Mennella dans les colonnes de Côté Maison, « la première étape dans un achat est de bien ficeler son budget. On commence par aller voir la banque afin de savoir dans quelle fourchette de prix on se trouve et quelles sont nos capacités d’emprunt ». Les banques scrutent aussi le « saut de charges » entre loyer et mensualité pour vérifier si vous pourrez vraiment absorber la différence. Une épargne régulière et un matelas de sécurité laissé après la signature rassurent autant qu’un gros apport. Comprendre comment une banque analyse un dossier solo, entre taux d’endettement maximal de 35 %, stabilité professionnelle et gestion de compte irréprochable, permet de venir préparée. Un profil solide peut obtenir un taux aussi compétitif qu’un couple, surtout si vous sollicitez plusieurs banques ou faites appel à un courtier.

Deuxième erreur, se laisser happer par un coup de cœur sans avoir clarifié ses besoins. Un T2 lumineux peut faire oublier en quelques minutes ce qui est rédhibitoire dans le quotidien. Valérie Mennella recommande « de poser ses desiderata en créant deux colonnes sur une feuille avec les impératifs et les choses rédhibitoires. Et on se tient à ça ! ». France Lepoutre, architecte d’intérieur interrogée par le même média, rappelle que « la superficie se définit selon un budget donné et à moyen terme. Cet investissement peut servir de tremplin ». Acheter seule implique de penser à votre vie actuelle, mais aussi à la manière dont elle peut évoluer dans cinq ou sept ans. À ce stade, il peut être stratégique de vérifier si vous êtes éligible à certaines aides : Prêt à Taux Zéro, Prêt Action Logement ou exonérations locales de taxe foncière, qui peuvent alléger durablement votre plan de financement.

Analyser le quartier et la copropriété avant d’acheter

Troisième piège : se concentrer sur l’appartement et négliger tout ce qui l’entoure. Un intérieur séduisant ne compense pas un quartier peu agréable ou une copropriété difficile à gérer. « Je conseille souvent de choisir un appartement bien placé quitte à avoir une petite surface », souligne France Lepoutre. Multiplier les passages dans le quartier, à différents moments de la journée, aide à comprendre le bruit, les flux, les commerces, les trajets réels.

Côté immeuble, le notaire Baptiste Poujade expliquait dans Le Point qu’« il est important de penser à lire les PV d’assemblée générale, qui retracent les décisions juridiques et financières de la copropriété ». Ces documents révèlent la gestion du bâtiment, les travaux votés ou à venir, et donc les dépenses futures. Un rendez-vous préventif chez un notaire peut également sécuriser un achat solo, notamment si vous êtes en couple sous un régime matrimonial particulier ou si vous envisagez une évolution familiale dans les années à venir.

Vérifier les diagnostics immobiliers avant de signer

Quatrième erreur, survoler les diagnostics parce qu’ils semblent techniques. Ils sont pourtant votre meilleure grille de lecture du bien. Valérie Mennella insiste : « Lors de la visite, l’étude attentive des diagnostics est impérative ». Lettre du DPE, type de chauffage, état du réseau électrique, date de la chaudière : autant d’informations qui conditionnent vos futures dépenses. Plus la lettre s’éloigne de A, plus il faut anticiper des travaux ou des factures énergétiques élevées.

Le notaire Baptiste Poujade met en garde contre « le scénario catastrophe pour un acquéreur seul » : découvrir après coup le coût réel du quotidien, entre charges de copropriété, dépenses énergétiques, assurances, taxe foncière et travaux, et se retrouver dépassée quelques mois après l’achat. L’assurance emprunteur prend ici toute son importance, puisqu’elle protège vos mensualités en cas d’incapacité ou d’arrêt de travail. Comparer les offres de délégation d’assurance peut réduire sensiblement le coût global de votre crédit.

Anticiper les frais cachés et penser long terme

Cinquième erreur, se focaliser sur le prix affiché sans prendre en compte toutes les dépenses périphériques. Les professionnels rappellent que les frais de notaire, la garantie, l’assurance emprunteur, le déménagement, l’ameublement ou les travaux éventuels doivent être intégrés au budget. Les charges de copropriété, elles, ne font qu’augmenter. « Il est bon de savoir que les charges de copropriété ne peuvent qu’augmenter, elles sont récurrentes et à vie ! », rappelle Valérie Mennella. France Lepoutre conseille également de faire chiffrer les travaux avant de se lancer : « Il est essentiel de ne pas sous-évaluer l’enveloppe dédiée ».

Il est aussi utile de regarder la fiscalité du bien, notamment la taxe foncière, mais aussi d’éventuelles exonérations ou les règles si vous envisagez de louer plus tard. Enfin, garder en tête que cet achat n’est qu’une étape est essentiel. Nouvelle relation, mutation, envie de revendre ou de louer : tout peut changer. Comme le rappelle Baptiste Poujade, « l’essentiel : s’il y a des flux financiers entre les deux personnes, il faut les qualifier, les identifier ». Les courtiers comme Empruntis ou Meilleurtaux observent d’ailleurs que les acheteuses solo présentent souvent des dossiers particulièrement bien préparés, avec un apport plus élevé que la moyenne et une excellente discipline d’épargne. Acheter seule n’a donc rien d’un pari inconsidéré, à condition de piloter votre projet comme un dossier stratégique.