Suspension de la réforme des retraites : ce que cela changerait pour votre âge de départ information fournie par Mingzi 18/10/2025 à 08:20
Vendredi dernier, le président Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de « suspendre » la réforme des retraites. Une annonce qui relance un débat déjà brûlant. Mais que signifie vraiment cette suspension ? Et quelles pourraient en être les conséquences ?
Un dossier explosif depuis 2023
Adoptée au printemps 2023, la réforme des retraites avait repoussé l'âge légal de départ de 62 à 64 ans et allongé la durée de cotisation à 43 années. Objectif : préserver l'équilibre financier du système face au vieillissement de la population et à l'allongement de la durée de vie.
Mais dès son adoption, la loi a provoqué une vague de contestations sans précédent, nourrie par un sentiment d'injustice et par l'usage du fameux article 49.3, qui avait permis au gouvernement de passer outre un vote du Parlement.
Deux ans plus tard, la colère n'est pas totalement retombée, et les tensions politiques se sont ravivées à l'Assemblée nationale. C'est dans ce contexte tendu qu'Emmanuel Macron a choisi d'ouvrir la porte à une « suspension » de la réforme.
Suspendre… mais sans abroger
Que veut dire exactement « suspendre » une réforme déjà votée ? Selon les premières explications du gouvernement, il ne s'agirait pas d'annuler la réforme, mais de geler temporairement certaines de ses mesures, notamment le relèvement progressif de l'âge de départ à la retraite.
Autrement dit, la loi resterait en vigueur, mais son application pourrait être mise en pause pour une période encore à définir. Cette suspension repousserait donc l'entrée en vigueur de certaines dispositions, sans les supprimer.
Pour Emmanuel Macron, cette annonce vise surtout à désamorcer la crise politique et à trouver des appuis au Parlement. Pour l'opposition, cette « pause » n'est qu'un recul stratégique avant les élections de 2027. Certains partis de gauche réclamaient la suspension comme condition pour ne pas censurer le gouvernement. Mais à droite, la réaction est inverse : plusieurs responsables dénoncent une « capitulation ».
Ce que cela changerait pour les Français
Pour les salariés proches de la retraite, une suspension pourrait offrir un sursis bienvenu. Ils pourraient continuer à partir à 62 ans, le temps que le gouvernement redéfinisse son calendrier.
Les générations nées entre 1961 et 1968 sont les plus concernées. La réforme prévoyait un décalage progressif : par exemple, une personne née en 1968 devait partir à 64 ans à partir de 2030. Si la réforme est suspendue, ces générations pourraient conserver un âge légal de 62 ou 63 ans, selon le stade de suspension. Autrement dit, elles bénéficieraient directement du gel des nouvelles règles.
Les générations nées après 1968 sont encore loin de la retraite. La suspension ne signifierait pas l'abandon du principe de 64 ans, mais simplement un report dans le temps. Ces générations pourraient donc revenir à 64 ans plus tard, si le gouvernement remet la réforme en route après 2027.
Sur le plan budgétaire, le geste aurait un coût immédiat. Selon le Conseil d'orientation des retraites (COR), la réforme devait permettre d'économiser plusieurs milliards d'euros d'ici 2030. Reporter son application, même de deux ans, reviendrait à repousser ces économies et à alourdir temporairement le déficit du système.