Retraites : la capitalisation, une piste relancée par un think tank information fournie par Boursorama avec LabSense 12/08/2025 à 08:30
Un système par répartition sous pression
En France, le financement des retraites repose sur la répartition. Les actifs cotisent pour financer les pensions des retraités. Ce modèle, fondé sur la solidarité intergénérationnelle, tient tant que le rapport entre cotisants et pensionnés reste équilibré. Or, cet équilibre est fragilisé. En effet, l’espérance de vie augmente tandis que la natalité décline, réduisant mécaniquement le nombre de futurs cotisants. Résultat, le taux de remplacement, c’est-à-dire le rapport entre la pension de retraite et le dernier salaire, est en baisse, alimentant les inquiétudes sur le niveau de vie des futurs retraités.
La capitalisation, un complément possible
Face à ce constat, la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol) propose de compléter le système actuel par une dose de capitalisation. L’idée est de permettre à chaque actif de constituer, tout au long de sa vie professionnelle, un capital personnel investi sur les marchés, destiné à financer une part de sa retraite. Ce mécanisme viendrait en complément de la répartition, sans s’y substituer. Une logique individuelle, déjà en vigueur dans plusieurs pays européens, comme la Suède ou les Pays-Bas, qui ont opté pour des systèmes hybrides mêlant solidarité collective et effort d’épargne personnel.
Un fonds national de capitalisation
Dans une note récente, la Fondapol détaille sa proposition : créer un fonds national de capitalisation, alimenté par plusieurs sources. D’une part, les réserves existantes de l’Agirc-Arrco et du Fonds de réserve pour les retraites, qui représentent ensemble environ 90 milliards d’euros. D’autre part, une contribution des entreprises via une part de leurs dividendes. Le think tank va plus loin. Il propose un choix aux entreprises : contribuer volontairement à ce fonds, ou faire face à une hausse de l’impôt sur les sociétés. L’objectif est donc d’offrir aux jeunes générations la possibilité d’épargner pour leur retraite, tout en réduisant leur niveau de cotisations obligatoires.
Une piste désormais portée au plus haut niveau
Si la capitalisation a longtemps été perçue comme une option marginale, elle gagne désormais en légitimité politique. En juin 2025, plusieurs membres du gouvernement, dont le ministre de la Justice Gérald Darmanin, ont exprimé leur soutien à un système partiellement capitalisé. L'idée serait de créer un fonds national, alimenté par les réserves existantes mais aussi par une contribution des entreprises via leurs dividendes, pour permettre à chaque actif de se constituer un pécule individuel. Le gouvernement évoque de plus en plus ouvertement cette piste comme une solution « complémentaire » à la répartition, et non comme un remplacement. Une prudence qui vise à éviter une remise en cause frontale du contrat social existant. Cette perspective suscite toutefois de fortes oppositions, en particulier à gauche. Plusieurs partis et responsables syndicaux alertent sur le risque de créer un système à deux vitesses, qui profiterait davantage aux hauts revenus capables d’épargner.