Épargne retraite : pourquoi les Français doutent encore de leur avenir ?
information fournie par Mingzi 15/07/2025 à 10:45

En 2025, les Français restent inquiets et divisés face à la retraite, malgré une légère amélioration chez les retraités. (Crédit photo : Shutterstock)

En 2025, l'inquiétude face à la retraite reste vive, malgré une légère embellie chez les retraités. Pouvoir d'achat, épargne, confiance dans le système : l'enquête annuelle du Cercle de l'Épargne révèle un pays divisé et préoccupé.

Un avenir financier incertain pour les retraités

Malgré une amélioration de la situation économique – baisse de l'inflation et revalorisations des pensions – 64 % des Français jugent encore que leur pension de retraite ne leur permettra pas de vivre correctement. Ce sentiment est particulièrement marqué chez les actifs (72 %), alors que les retraités eux-mêmes semblent un peu plus confiants qu'en 2024 : 56 % considèrent aujourd'hui vivre correctement avec leur pension, contre 46 % un an plus tôt.

L'inquiétude reste cependant fortement corrélée au niveau de revenu : 78 % des personnes gagnant moins de 1.200 euros par mois estiment leur pension insuffisante, contre seulement 47 % chez ceux touchant plus de 4.000 euros.

L'épargne retraite : une France à deux vitesses

La moitié des Français déclarent épargner pour leur retraite. Mais cette moyenne cache de grandes disparités. Depuis 2019, la part des épargnants a chuté de 57 à 50 %, principalement du fait du recul des épargnants occasionnels. Les chocs successifs – pandémie, guerre en Ukraine, inflation – ont poussé les ménages modestes à privilégier l'épargne de précaution à court terme.

Les hauts revenus (plus de 4.000 euros/mois) sont 62 % à mettre de côté pour leur retraite, contre seulement 40 % des personnes gagnant entre 1.200 et 2.000 euros. L'âge joue également : 39 % des Français pensent qu'il faut commencer à épargner avant 30 ans, mais rares sont ceux à franchir ce cap aussi tôt.

Le PER : un outil encore peu adopté

Le Plan d'Épargne Retraite (PER) progresse doucement mais reste sous-utilisé : seuls 16 % des Français y ont souscrit et 21 % envisagent de le faire. Les jeunes de moins de 35 ans sont les plus enclins à se tourner vers ce produit, sensibles aux incertitudes sur les régimes de retraite. Les cadres, les indépendants et les hauts revenus – davantage incités par l'avantage fiscal – sont logiquement surreprésentés parmi les détenteurs ou futurs souscripteurs.

À l'inverse, 63 % des Français déclarent ne pas vouloir de PER, souvent par manque de moyens ou de confiance.

Cotiser plus, pour recevoir moins ?

Le sentiment d'un déséquilibre entre ce que l'on cotise et ce que l'on percevra est majoritaire : 60 % des sondés ont l'impression de verser plus qu'ils ne recevront. Ce scepticisme est particulièrement fort chez les 50-64 ans (73 %) et s'inscrit dans une défiance globale vis-à-vis du système.

Pour y remédier, les Français ne veulent ni payer plus de cotisations, ni travailler davantage. La lutte contre la fraude est largement plébiscitée (70 %) comme solution prioritaire pour sauver le système, bien que son impact réel soit limité (moins de 2 % des dépenses sociales selon la Cour des comptes).

Vers une nécessaire adaptation

Les résultats de l'enquête montrent une société inquiète, fracturée par les inégalités de revenus, de génération et de statut professionnel. Si l'épargne est vue comme un filet de sécurité, elle reste inaccessible pour beaucoup. Dans ce contexte mouvant, les pouvoirs publics et les acteurs de la retraite doivent repenser l'accompagnement, pour mieux répondre aux attentes hétérogènes des Français.