Etats-Unis, Europe, monde : où investir son assurance vie ? information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 26/09/2025 à 15:26
La performance des actions américaines a été longtemps décevante en 2025. Le Président Trump ne clame-t-il pas régulièrement que sa politique non conventionnelle va redonner aux USA leur prospérité et puissance d'antan ?
Comment expliquer ce paradoxe ? Tel est l'objet de cette note.
Combien faut-il investir aux USA ?
Si on se base sur l'indice MSCI Monde, on peut investir 60% de son portefeuille en actions américaines contre environ 25% en actions Européennes et 15% pour le reste du monde (émergents, en particulier la Chine et l'Inde).
Pourquoi anticiper une surperformance pérenne des actions américaines ?
Si on analyse les moteurs de performance des valeurs européennes, on remarque que ce sont surtout des valeurs value longtemps négligées comme les banques qui ont le mieux performé. À l'opposé, ce sont les valeurs de croissance qui continuent à créer la performance de la bourse américaine.
La surperformance des actions américaines repose non seulement sur la surcroissance des USA vis-à-vis de l'Europe, mais aussi sur la politique favorable aux actionnaires des entreprises américaines. Aux USA, beaucoup d'entreprises cherchent à maximiser leurs résultats et la performance des actionnaires même minoritaires. En Europe, c'est surtout le cas des entreprises familiales comme LVMH, Hermès, L'Oréal, etc…
Malheureusement, l'Europe a beaucoup moins d'actions de croissance que les Etats-Unis. L'Euro Stoxx est en grande partie un indice value alors que le SP 500 est dominé par des actions d'hyper croissance de la mega tech et du Nasdaq.
Quelle performance relative des actions américaines par rapport aux actions européennes ?
On peut penser que la sous performance du SP 500 est arrivée à son terme. Depuis début mai, la performance de l'Euro Stoxx a été de 4.6% contre 17% pour le Nasdaq, 12% pour le SP 500 et 11% pour le MSCI Monde.
Ce mouvement peut continuer vu la perspective de baisse des taux de la FED ouverte par la très forte révision à la baisse des données de création d'emplois depuis le début de l'année (quasiment 1 mln d'emplois en moins !)
Depuis début 2025, la performance du SP 500 est de 0% (13% en USD), celle du Nasdaq 3% (16% en USD) et celle de l'EuroStoxx 50 11% (CAC40 +6%). Sur les 5 dernières années, la performance du SP 500 est de 16.8%, Nasdaq 18% contre 14.7% pour l'Euro Stoxx 50 et 14.9% pour le MSCI Monde. Sur les 10 dernières années, la performance du SP 500 est de 14.4%, Nasdaq 19.3% contre seulement 8.8% pour l'Euro Stoxx 50 et 11.2% pour le MSCI Monde.
Le graphe suivant montre la performance relative du SP 500, Nasdaq, MSCI Monde et Euro Stoxx 50 sur 5 ans.
Comment expliquer la sous performance des Etats-Unis ?
Le Gouverneur de la Banque d'Angleterre, Andrew Carney, a mis en exergue les changements majeurs de corrélation entre les actions, les obligations et le dollar. Il a expliqué ce nouveau paradigme par des réallocations massives long terme d'investisseurs hors de la zone dollar. On peut voir là une référence à la guerre financière entre les USA et la Chine.
Nous expliquons ainsi les différentes phases de performance relative USA / Europe. À la suite de l'arrivée de Trump et à la hausse massive des droits de douane, la Chine et la Russie ont sans doute liquidé une partie de leurs balances en USD pour les investir en EUR et sans doute aussi en or. Le dollar a ainsi perdu 13%. Ceci a été toléré par le Trésor Américain car cette baisse du dollar a soutenu à la hause le SP 500.
L'expérience historique d'une telle lutte pour la remise en cause de la monnaie de réserve mondiale remonte à la bascule du Sterling vers le Dollar du statut de monnaie de réserve. Il a fallu attendre 1918 et l'effondrement des actifs extérieurs du Royaume Uni liés au financement de la première guerre mondiale pour assister à une telle transition. New York a alors supplanté Londres comme première place financière mondiale. Mais surtout, les banques centrales mondiales ont progressivement liquidé leurs réserves en Sterling pour les investir en Dollar.
On peut penser que la Chine, la Russie et peut être certains fonds de pensions européens sont en train de procéder à de tels rebalancements. Mais la situation économique est totalement différente des années 20. Les USA gardent de loin leur leadership en tant que premier pays créancier du monde si on tient compte de tous leurs actifs extérieurs. La Chine a sans doute une position nette débitrice du fait des investissement colossaux de la globalisation glorieuse de 1990 à 2020.
La Chine peut certes impacter à court terme la performance relative du SP 500 par rapport à l'Eurostoxx, mais à moyen terme, les investisseurs américains ont une position créditrice plus importante, et peuvent compenser ce mouvement en rapatriant à leur tour leurs actifs sur le marché américain, et ce a fortiori si les croissances des bénéfices sont supérieures aux USA par rapport à l'Europe.
On peut aussi expliquer ainsi la hausse de l'or depuis le début de l'année. L'or est une devise non contrôlable par les USA. On peut penser que la Chine accumule des réserves d'or pour renforcer son statut de monnaie de réserve. Les tarifs de 49% de droits de douane imposés à la Suisse sont ainsi peut être une sanction par les USA pour le rôle pivot joué par la Suisse pour mobiliser l'or mondial au profit de la Chine comme le prouve la part importante de l'or dans sa balance commerciale avec les USA.
Etats-Unis, Europe, des choix économiques divergents
Sur le moyen terme, on assiste à une divergence massive et historiquement très rare entre les fondements de la politique économique américaine et européenne. Comme l'a remarqué Trump dans son discours devant l'ONU, l'Europe a fait le choix courageux de réduire de 37% ses émission de CO2 par une politique de décarbonation très agressive : subventions de 5000 EUR par véhicule électrique, hausse majeure des prix de l'électricité au risque d'une perte décisive de compétitivité des secteurs à forte valeur ajoutée énergétique en dehors de l'Europe (cf. la fermeture des usines Michelin), subventions massives aux constructions de parcs éoliens et solaires, subventions aux frais de raccordement de ces parcs au réseau global en dehors de toute rentabilité économique immédiate.
Si on rajoute au coût de ces mesures ceux de la guerre en Ukraine (au moins 100 Mds USD par an pour l'Europe dont environ 30 Mds pour la France), on a une ponction importante de la richesse nationale vers des investissements à rentabilité faibles voire négatives.
Dans le même temps, les USA ont une politique radicalement opposé. Ils négligent les politiques de décarbonation, en particulier éoliennes, ils maintiennent un prix de l'énergie très bas via la production massive de gaz de schiste, et surtout, ils investissent des sommes colossales dans les filières économiques liées à l'intelligence artificielle : production de puces avec Nvidia, Taiwan Semi-Conducteurs et Intel, construction de data centres avec Oracle, développement de systèmes d'intelligence artificielle avec Google, Meta, Tesla,
Ce n'est pas à un allocataire d'actifs de juger de l'intérêt politique de ces deux stratégies opposées. L'urgence de la lutte contre le réchauffement climatique fait consensus en Europe avec 80% de soutien dans les sondages. De même, le soutien à l'Ukraine contre l'agression Russe fait aussi l'objet d'un consensus politique majeur dans tous les pays européens et dans tous les partis.
En revanche, un allocataire d'actifs ne peut que tirer les conséquences de ces politiques. L'Europe semble avoir choisi la voix de la décroissance ou au moins de la croissance raisonnée en essayant d'inventer un modèle de croissance décarbonée via des subventions massives des États au prix d'une explosion de leur dette. Les USA par opposition maintiennent le modèle de croissance capitalistique classique avec un financement des investissements par le secteur privé américain mais aussi global via une contrainte politique non cachée et des droits de douane prohibitifs.
La Commission européenne et la Banque centrale européenne ont formalisé les conséquences de ces choix politiques en réduisant quasiment à zéro les taux de croissance du PNB potentiel de pays comme l'Italie et même la France. La stagnation économique de ces 20 derniers années n'est pas vue comme un grand déclassement mais comme la conséquences de la stagnation de la population active liée au vieillissement de la population et surtout de la baisse de la productivité liée à un choix voulu d'investissement majeurs dans des secteurs à faible rentabilité économique mais à fort impact écologique pour la planète.
Cette stagnation économique crée une tension politique grandissante du fait de la nécessité de ponctionner dans les dépenses sociales (santé, éducation, justice) les coûts majeurs de la décarbonation et de la guerre en Ukraine. Ceci crée des tensions sociales et politiques croissantes typiques d'une période de restructuration économique majeure que nous traversons.
Comment investir ?
Pour les actions monde, nous recommandons l'ETF WLD FP MSCI World d'Amundi Lyxor ou son équivalent chez Blackrock ou Vanguard. Le fonds Fidelity World donne une performance équivalent en unité de compte de contrat d'assurance vie. Il est en revanche quasiment impossible de trouver des fonds à gestion active qui sur performent cet indice sur le long terme. Certes le fonds Magellan de Comgest, ou Morgan Stanley Global Brands ont parfois des performances supérieures mais pas d'une manière vraiment pérenne et robuste
Pour les actions USA, on a le même problème. Il existe quasiment aucun fonds référencé sur les plateformes d'assurance vie qui surperforme le SP 500 ou le Nasdaq. Nous investissons de ce fait soit dans des ETFs via SPUC FP Amundi core SP 500 ou encore le fonds JP Morgan US Equities.
Pour les actions européennes, la situation est différente. On a une pléthore de choix en unité de comptes de fonds actifs très performants. Ceci est lié à la structure du marché où le poids des actions d'hyper croissance type mega tech US est peu représenté à l'exception du luxe Français (LVMMH et Hermès, des puces (ASML Holding) et de la santé (Novo Nordisk).
Conclusion
La sous-performance des actifs américains nous semble liée à un rebalancement stratégique des balances en USD d'investisseurs comme la Chine, voire la Russie dans un contexte de lutte pour le leadership monétaire mondial (statut de devise de réserve).
Cette sous-performance nous semble temporaire et non pérenne, du fait de l'opposition radicale entre la stratégie de décarbonation à marche forcée de l'Europe au prix de la décroissance, et la stratégie de croissance à tout prix des USA via des investissements massifs dans la chaine économique intelligence artificielle.
Pour ces raisons, nous recommandons de diversifier une allocation d'actifs européenne en actions monde et/ou américaines pour limiter les risques liés à des crises politiques ou économiques à venir, et bénéficier de la croissance des bénéfices des actions américaines.
Evariste Quant Research est un cabinet indépendant d'analyse et de recherche financière basée sur des solutions d'Intelligence Artificielle appliquées à la gestion d'actifs. François d'Hautefeuille est membre du Cercle des Analystes Indépendants, de la Société d'Économie Politique et du Cincinnati.
Cette analyse financière n'est pas un conseil en investissement. Evariste Quant Research et leurs clients peuvent détenir des titres mentionnés dans cette analyse.