Taux du Livret A : faut-il s'attendre à une baisse début 2026?
information fournie par Boursorama avec Media Services 04/12/2025 à 09:11

Si le gouvernement a rejeté la proposition de la Cour des comptes sur un abaissement du plafond du célèbre placement, son taux pourrait une nouvelle fois diminuer d'ici février. Des exceptions à la règle sont toutefois possibles.

( AFP / DENIS CHARLET )

Le taux du Livret A pourrait encore baisser début 2026, en raison notamment du ralentissement de l'inflation, mais il reste à voir ce que décidera le gouvernement à l'approche des municipales. Les livrets réglementés, dont le Livret A est le plus connu, voient leurs taux révisés deux fois l'an, mi-janvier et mi-juillet.

La formule de calcul fixe le taux en fonction de la hausse des prix des six derniers mois et d'un taux d'intérêt interbancaire dépendant de la politique monétaire européenne. Mi-janvier, dès que les chiffres définitifs de l'inflation pour décembre seront connus, le gouverneur de la Banque de France proposera au ministère de l'Economie un nouveau taux en se calant sur le résultat de la formule de calcul ou en y dérogeant. Le nouveau taux prendrait effet au 1er février.

Le taux de rémunération du Livret A comme celui du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) se situait encore à 3% début 2025, mais il a été ramené à 2,4% le 1er février, puis à 1,7% au 1er août. A la suite de ces reculs, les Français, malgré leur forte propension à épargner, ont eu tendance à retirer plus d'argent sur leurs Livrets A qu'ils n'en déposaient. Ce phénomène a connu un point d'orgue en octobre où cette décollecte a atteint 3,81 milliards d'euros. "La formule légale impliquerait que le taux du livret A soit de 1,4% à partir de février", a indiqué dans une note le directeur des études économiques de l'IESEG School of Management, Eric Dor, qui évoque une fourchette comprise entre 1,3% et 1,5%. "Compte tenu des hypothèses d'inflation et de taux d'intérêt", le taux du Livret A "pourrait être ramené à 1,4/1,5%", a indiqué Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne, à une journaliste de l'AFP. Ces prévisions reflètent le recul de l'inflation au cours des derniers mois, mesurée à 0,9% sur un an en novembre, selon le dernier pointage de l'Insee.

Dérogations

La formule de calcul est loin d'être systématiquement appliquée et a fait l'objet de fréquentes dérogations ces dernières années.

Le gel du taux du Livret A à 3% sur 18 mois, du 1er août 2023 au 31 janvier 2025, devait par exemple bénéficier à l'épargnant, selon son instigateur, le ministre de l'Économie d'alors Bruno Le Maire. Or si la formule avait été strictement appliquée, le taux aurait été systématiquement supérieur, et même au-dessus de 4% au deuxième semestre 2023.

Cependant, aujourd'hui, "le gouvernement souhaite relancer la consommation", a continué M. Crevel. "Tout porte à une nouvelle baisse, même si elle sera impopulaire, du taux du livret A" , indique-t-il. "Après, il y a des dérogations possibles. La proximité des élections municipales pourrait inciter le gouvernement à différer l'application", ajoute M. Crevel.

L'exécutif dit non à une baisse des plafonds

Dans un rapport présenté lundi, le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) a suggéré de nombreuses pistes pour réformer la fiscalité du patrimoine, et notamment de modifier les plafonds des livrets d'épargne réglementée (Livret A, livret d'Epargne Populaire-LEP...), en soumettant à l'impôt ce qui dépasserait du plafond. Cela permettrait, selon le CPO, d'inciter à réorienter l'épargne populaire vers des investissements qu'il juge plus efficaces pour l'économie.

Le ministre de l'Economie et des Finances Roland Lescure a réagi par la négative face à cette suggestion, en assurant que le gouvernement "n'envisageait absolument pas de toucher au fonctionnement du Livret A: ni à travers une réduction de son plafond, ni par une fiscalisation, y compris partielle". Ces recommandations "n'engagent que la Cour des comptes et ne constituent en aucun cas la position du gouvernement", a assuré M. Lescure. Pour lui, le Livret A est "un produit d'épargne populaire essentiel, qui joue un rôle déterminant dans le financement du logement social et du renouvellement urbain", et "il constitue un outil central pour soutenir les ménages qui en ont le plus besoin".