Influenceurs finance : entre promesses et pièges, qui sont vraiment les finfluenceurs ?
information fournie par Boursorama avec LabSense 23/08/2025 à 08:30

Sur TikTok, Instagram ou YouTube, ils se filment en jean, smartphone à la main, en expliquant comment devenir libre financièrement, épargner malin ou investir en bourse. On les appelle les « finfluenceurs », contraction de finance et influenceurs et leur succès est fulgurant. Mais derrière les vidéos accrocheuses, la frontière entre pédagogie et arnaque est parfois très mince.

Influenceurs finance : entre promesses et pièges, qui sont vraiment les finfluenceurs ? / iStock.com - g-stockstudio

Un concept né avec la crise et les réseaux sociaux

Le phénomène des finfluenceurs a émergé à la fin des années 2010, aux États-Unis. En France, il faudra attendre la pandémie pour voir le phénomène débarquer. Et pour cause, entre l’économie en berne, le temps libre, l’épargne disponible, et surtout une curiosité croissante pour la crypto-monnaie et le trading en ligne, c’est le moment parfait. Ainsi, des plateformes comme les néo-brokers ou les sites de crypto ont profité de l’aubaine, en sponsorisant massivement des créateurs. Résultat, l’économie devient un sujet « cool », popularisé par des vidéos courtes et dynamiques qui tranchent avec l’image du conseiller bancaire traditionnel.

Entre pédagogie et amateurisme dangereux

Pour Anne-Claire Bennevault, experte en innovation financière, il y a une bonne nouvelle : « ça veut dire que pas mal de gens se sont approprié les réseaux sociaux pour parler de ce sujet assez tabou, même en famille », explique-t-elle au micro de France Inter. Mais aussi une mauvaise. En effet, l’amateurisme et les arnaques pullulent. Et les autorités ne tardent pas à confirmer la tendance. L’AMF, la DGCCRF et l’ACPR alertent sur les pertes déclarées par les victimes d’escroqueries financières. Ces dernières se chiffrent entre 500 millions et 1 milliard d’euros par an. Les faux livrets d’épargne coûtent en moyenne 69 000 euros à chaque victime, les faux crédits environ 19 000 euros. Et une large part de ces fraudes est relayée via les réseaux sociaux.

Le rôle trouble des finfluenceurs dans les escroqueries

Certains influenceurs servent de porte d’entrée vers des réseaux plus organisés, notamment via des groupes privés comme Telegram. Les discours sont souvent calibrés : promesses de rendements garantis, « copy-trading » sans effort, formations payantes… Dans les faits, la liberté financière vantée reste un mirage. Parfois complices, parfois dupés eux-mêmes, ces créateurs alimentent involontairement un marché florissant pour les escrocs. Et demain, ils pourraient même devenir inutiles. En effet, les deepfakes permettent déjà de simuler des interviews ou recommandations d’experts fictifs, à partir de simples photos et extraits audio.

Réguler, sanctionner… mais pas encore assez

Face à ces dérives, la loi encadrant l’influence commerciale a permis de réduire les contenus financiers non conformes sur certaines plateformes. L’ARPP, en partenariat avec l’AMF, délivre ainsi un certificat d’influence responsable dans la finance. En 2024, la DGCCRF a contraint plusieurs influenceurs à cesser la promotion de plateformes sur liste noire, et la justice a saisi 268 millions d’euros d’avoirs criminels. Mais les autorités reconnaissent que la régulation reste insuffisante face à la rapidité et la créativité des fraudes en ligne.

Comment repérer les bons finfluenceurs ?

Tous ne sont pas à mettre dans le même panier. Les plus fiables affichent clairement leurs partenariats, rappellent les risques, encouragent la diversification et disposent souvent d’une accréditation officielle (comme conseiller en investissement financier). Avant de suivre leurs conseils, il faut vérifier leur parcours, leur expérience, et leur capacité à reconnaître leurs erreurs. Un créateur qui ne parle que de ses succès et promet des rendements « sans risque » doit éveiller la méfiance.