
(Crédits: Unsplash - Annie Spratt)
Le marché a dépassé l'an dernier les 12 milliards d'euros, en hausse de près de 1% après deux années de baisse.
Après deux années de vaches maigres, en 2022 et 2023, le marché du bio retrouve des couleurs en 2024, selon les derniers chiffres publiés par l'Agence bio. Côté consommation, les dépenses des ménages sont en croissance de 0,8% à 12,2 milliards d'euros.
Les enseignes spécialisés à +7%
« Ce redémarrage de la consommation profite principalement aux enseignes spécialisées, au commerce de proximité (boulangeries, primeurs, boucheries…) et la vente directe, commente Jean Verdier, président de l'Agence bio. Chacun de ces trois canaux de distribution enregistre une croissance de 7% » . La grande distribution généraliste, en revanche, affiche un recul de 5 % de ses produits bio.
Parmi les tops et les flops de l'année 2024, les légumes bio progressent de 9 %, principalement via les circuits spécialisés et la vente directe. À l'inverse, les produits laitiers et carnés subissent une baisse respective de 5 % pour le lait et 6 % pour la viande bio, en particulier le bœuf et le porc. Les produits traiteurs et surgelés, notamment de la mer, sont également à la traîne.
La France deuxième en Europe
L'Allemagne reste le premier marché européen du bio, avec une hausse de 5,7%, à 17 milliards d'euros. Elle creuse l'écart avec le marché français, 2e de l'UE. L'Italie se classe au 3 e rang avec des ventes, avec un marché deux fois inférieur à celui de la France mais dont la croissance est de 5%.
Pour 2025, l'espoir est de mise. « Sur les premiers mois de l'année, on observe un dynamisme certain, avec un très net redémarrage des ventes dans les enseignes spécialisées, notamment en épicerie et en vente directe, entre +5 et +7%, indique Laure Verdeau, directrice de l'Agence bio. On espère que cette embellie se maintiendra grâce notamment au spot de publicité C'est bio la France, diffusé actuellement » . Après son passage, les différents panels de consommation ont noté une hausse de 5% des ventes.
10% des surfaces cultivées en France
De quoi redonner espoir aux agriculteurs positionnés sur ce segment de marché. Le solde reste positif entre les agriculteurs qui démarrent dans la production bio (+7%) et ceux qui arrêtent (6%). Mais les surfaces cultivées en bio ont à nouveau baissé l'an dernier, car les fermes en bio (plus de 60 000 en France) sont plus petites que celles en conventionnel, où pesticides et engrais chimiques sont autorisés et facilitent le travail.
« Le bio a reculé de 56 197 hectares en 2024, à 2,7 millions d'hectares, après un recul de 54 248 hectares en 2023, soit une perte d'environ 110 000 hectares en 2 ans, un phénomène concentré notamment sur les grandes cultures » , note Laure Verdeau. La part du bio dans la surface agricole française demeure cependant stable à 10%, car cette dernière s'est globalement amenuisée en 2024, l'artificialisation des terres agricoles se poursuivant dans le pays.
Loin des objectifs de la LOA et d'Egalim
Dans ces conditions, l'objectif de la Loi d'Orientation Agricole (LOA) de février 2025, qui fixe le seuil de 21% surfaces agricoles en bio d'ici 2030, paraît difficilement atteignable à moins d'une politique publique très volontariste. Les dernières décisions concertant la répartition des aides PAC et la volonté de supprimer une agence dont le rôle de dynamisation de la filière est salué par les professionnels laissent plutôt penser le contraire.
Au regard de la consommation, la France est également loin des objectifs la loi Egalim, destinée à améliorer le revenu des agriculteurs. Elle fixe un seuil 20% de bio dans les cantines depuis le 1er janvier 2022, hors le bio ne représentait en 2024 que 6% des achats de la restauration collective. « Ce marché reste donc toujours déséquilibré entre la consommation à domicile et celle en restaurations : 92% du bio est consommé à la maison, 8% dans les cantines ou les restaurants » , fait remarquer Jean Verdier.