
(Crédits: Unsplash - Felix Hanspach)
Entre téléphones en haut-parleur, musique à fond et conversations bruyantes, les transports en commun sont devenus un terrain de conflit sonore. À Londres comme à Paris, les opérateurs multiplient les campagnes et sanctions pour protéger la tranquillité des voyageurs.
Qu'il s'agisse du métro de Londres ou du RER parisien, les scènes se ressemblent. Des passagers discutant bruyamment au téléphone, d'autres écoutent de la musique sans casque, au grand dam de leurs voisins, qui espéraient passer un trajet au calme, en silence. Des situations que déplorent nombre d'internautes : «Comment peut-on être au téléphone en haut-parleur dans les transports ? C'est de la folie» , «ceux qui mettent le haut-parleur dans les transports, on ne vous dérange pas ? On n'a pas forcément envie d'écouter ce que vous écoutez» , critiquent ainsi deux d'entre eux, sur X.
Face à ces comportements répréhensibles, à Londres, Transport for London (TfL) a justement lancé une campagne visant les «headphone dodgers» , ces voyageurs qui écoutent musique et vidéos à plein volume. Les affiches, visibles à partir de l'automne prochain sur la Elizabeth Line et d'autres lignes, rappellent par exemple que chanter ou jouer de la musique sans licence est interdit. TfL, qui invite les usagers à respecter leurs voisins, s'appuie sur des lois existantes et peut demander aux contrevenants de quitter le réseau ou engager des poursuites.
Les réactions des usagers sont partagées. Interrogé par le Guardian, Tom, 33 ans, juge par exemple qu' «il était temps» : selon lui, «depuis la pandémie, beaucoup semblent avoir oublié les règles de civilité» . Pour d'autres, comme Stéphanie, 58 ans, le problème est moins urgent, «il y a des choses plus importantes, il faut faire avec» .
Un combat international contre le bruit
En France, le cadre légal est clair : l'article R2241-18 du Code des transports interdit les appareils sonores dans les transports , et le Code pénal sanctionne le trouble à la tranquillité d'autrui (article 222-16). L'article R. 1336-7 du Code de la santé publique fixe l'amende à 450 euros pour tapage diurne.
La législation existe donc, mais son application reste ponctuelle. En 2023, Transilien SNCF Voyageurs pour Île-de-France Mobilités a mené un sondage auprès de 1008 Franciliens représentatifs. Huit sur dix déclaraient ressentir une gêne due aux incivilités dans les trains , chiffre qui monte à 85% chez les 25-32 et les 50-64 ans. La même année, pour sensibiliser les usagers, Transilien a lancé une campagne pour dénoncer notamment les appels bruyants : «19h03. La France apprend que Séverine a prévu des lasagnes pour ce soir. C'est le choc» , lit-on sur l'une des affiches.
Cette approche a été réitérée en 2024, via une campagne intitulée «Dans la vraie vie, ça ne plaît pas à tout le monde» . Objectif : rappeler les comportements élémentaires dans les métros, RER, bus et tramway, dont le fait de «désactiver le haut-parleur de son téléphone» . Des sanctions sont également prévues. Contactée par Le Figaro , la SNCF précise que «dans les espaces et véhicules affectés au transport public de voyageurs ou de marchandises, il est interdit à toute personne de faire usage, sans autorisation, d'appareils ou instruments sonores, ou de troubler la tranquillité d'autrui par des bruits ou des tapages. Le fait de contrevenir à ces dispositions est puni d'une contravention de quatrième classe». Dans ce cadre, l'entreprise prévoit une amende de 60 euros pour «trouble de la tranquillité dans un véhicule ou espace affecté au transport public ferroviaire ou guidé».
Pour les voyageurs, ces campagnes ont un effet mitigé. Sur les réseaux sociaux, beaucoup pointent du doigt le manque de personnel pour faire appliquer les règles, ou le fait que la publicité seule ne suffit pas à changer les comportements.