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Antoine de Saint-Affrique, directeur général de Danone, est l'invité de l'émission «Esprit d'Entreprise» sur le Figaro TV.
Champion des produits laitiers, des eaux et de la nutrition spécialisée avec ses marques Activia, Actimel, Evian, Volvic et Aptamil, le groupe Danone a renoué avec la croissance après une période compliquée au tournant des années 2020. Redressé par Antoine de Saint-Affrique , le groupe revendique un modèle combinant performance économique et responsabilité sociale, théorisé en 1974 par Antoine Riboud. Son patron insiste sur le rôle social des entreprises. «Le chef d'entreprise a un rôle dans la cité, car l'entreprise est un endroit absolument unique : c'est l'un des rares où l'on fasse encore société, où l'on apprend à la fois le compromis et la constance d'un temps. C'est un endroit où on partage, et où des gens extrêmement divers d'opinion, de religion et d'origine construisent quelque chose pour le futur. Donc c'est aussi un facteur de stabilisation» , estime-t-il.
Antoine de Saint-Affrique soutient l'initiative du président du Medef, Patrick Martin, d'organiser le 13 octobre «un énorme meeting» du patronat pour revendiquer l'apport des entreprises au débat public . «Sauf si je suis en déplacement, j'y serai pour rappeler une chose très importante, qui est que l'entreprise est créatrice de valeur et probablement le dernier lieu de consensus et de dialogue social. Il faut le réaffirmer de manière extrêmement forte» .
Consommation diverse
Alors que la grogne patronale monte face à l'instabilité politique, le dirigeant appelle à faire de la pédagogie. « Au-delà de l'opportunité de telle ou telle mesure, il faut revenir à un débat factuel, et ancré dans la réalité. Expliquons par exemple que quand on dépense 100 et que l'on emprunte 46, ce n'est pas un modèle durable. Ni pour le pays ni pour l'entreprise. Sur ces sujets, il y a une vraie vertu à la répétition et aux faits simples (...) pour arriver à des solutions de bon sens, et de compromis» .
Bon indicateur de la consommation des Français, qui ont souvent ses produits dans leurs frigos, Danone évolue comme ses concurrents dans une conjoncture fragile. «En France, la consommation est diverse mais elle ne se porte pas trop mal. Le grand défi de notre pays reste beaucoup plus l'industrialisation que la consommation (...). Il y a souvent un décalage entre ce que le consommateur paye et la réalité des prix. Les Français ne paient pas le vrai prix de l'alimentation» , insiste le dirigeant, appelant à ne pas faire de l'alimentaire, «un produit d'appel» . Cela menace la rémunération des agriculteurs, un sujet sur lequel s'est engagé Danone avec des contrats de long terme, pour accompagner les investissements des fermes et les pratiques agricoles plus vertes.
«Quand vous vendez une baguette à quelques centimes d'euros ou une bouteille de côtes-du-rhône à prix cassé pour faire venir des gens dans vos magasins, vous créez un modèle qui n'est pas durable pour les agriculteurs. Et vous mettez en cause la souveraineté alimentaire du pays en entraînant la totalité de la filière vers le bas . C'est cela l'enjeu aujourd'hui» , conclut Antoine de Saint-Affrique.