Montures à 2 euros, fabrication chinoise... Le « Shein des lunettes » ouvre sa première boutique en France
information fournie par Boursorama avec Newsgene 04/12/2025 à 16:30

La plateforme, qui revendique 20.000 références, justifie ses faibles tarifs par une production chinoise et une absence d’intermédiaire entre le fabricant et le client. Illustration. (Martin Lutze / Pixabay)

BlackSheep, une plateforme qui se présente comme le « Shein des lunettes », a inauguré sa première boutique française ce mercredi 3 décembre à Paris. La marque mise sur des montures à très bas prix grâce à une production en Chine et à un modèle sans intermédiaires. Une stratégie qui suscite de vives critiques du secteur.

Le « Shein des lunettes » autoproclamé a ouvert sa première boutique en France, mercredi 3 décembre 2025, à Paris. La plateforme BlackSheep, à l’image de l’entreprise textile dont elle s’inspire, propose des montures de fabrication chinoise à bas prix : la moins chère est affichée à 2,54 euros sur son site, selon RMC Conso .

Deux à trois fois moins cher qu'un opticien

Le concept repose sur un parcours d’achat entièrement dématérialisé : sélection de la monture via le catalogue, essai à partir d’une photo, choix des verres, puis téléchargement de l’ordonnance. À l’arrivée, une monture à 2,54 euros équipée de verres progressifs, d’un filtre anti-lumière bleue et d’une correction premium revient à 62,71 euros, soit deux à trois fois moins cher que chez un opticien traditionnel.

Pour expliquer ces prix, BlackSheep met en avant un modèle simplifié. La plateforme, qui revendique 20.000 références, se présente comme « un site de mise en relation entre une cinquantaine de fabricants et les consommateurs » , détaille son fondateur Pierre Wizman.

« Des ventes déshumanisées »

Ce modèle repose d’abord sur une production réalisée en Chine, où les coûts de main-d’œuvre sont plus faibles, « comme 90 % à 95 % des lunettes du marché » , se défend le responsable. Autre levier : la suppression des intermédiaires. BlackSheep revendique ainsi « un modèle de l’usine au client » , à l’opposé d’un circuit traditionnel où « des grossistes, des revendeurs, des banques et investisseurs » interviennent et « multiplient les marges » . Pour anticiper les critiques sur les conditions de conception, il affirme que chaque fabricant est contrôlé avant la mise en ligne des produits.

Cette stratégie est toutefois contestée par la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof). Son président, Hugues Verdier Davioud, estime auprès de nos confrères, que « tous les intermédiaires sont plus que nécessaires […] ils permettent chacun à leur niveau d’assurer un fonctionnement fluide du marché » . Il rappelle également la faiblesse des marges en magasin en raison des charges : « sur une paire à 350 euros, le distributeur ne se fait que 25 euros de marge nette » . Il dénonce enfin « des ventes complètement déshumanisées » , sans conseils personnalisés, et alerte sur les conséquences économiques d’un modèle susceptible d’entraîner la suppression d’emplois et, par ricochet, une perte de pouvoir d’achat.