David et Laetitia envisagent de créer une holding pour organiser leur patrimoine information fournie par Le Particulier 07/12/2025 à 08:00
Sommaire:
- Un couple d’entrepreneurs qui structure son patrimoine
- Les bénéfices concrets de la création d’une holding
Faire remonter la trésorerie de l’entreprise et intégrer les biens immobiliers
Mettre en place une gouvernance familiale structurée
Un couple d’entrepreneurs qui structure son patrimoine
David, 54 ans, et Laetitia, 53 ans, vivent à Lille. Il y a quinze ans, ils ont fondé ensemble une PME spécialisée dans la maintenance industrielle. L’entreprise a connu une croissance solide et affiche aujourd’hui 1,8 million d’euros de chiffre d’affaires et une rentabilité confortable. En parallèle, le couple a investi au fil des ans dans deux appartements locatifs, un portefeuille de valeurs mobilières et un contrat d’assurance-vie alimenté régulièrement.
Avec l’âge, leurs préoccupations évoluent. Leurs deux enfants, Juliette (24 ans) et Hugo (21 ans), commencent à s’intéresser à l’entreprise familiale. David et Laetitia sentent qu’il est temps d’organiser leur patrimoine, pour préparer l’avenir familial et la transmission patrimoniale Ils envisagent de créer une holding. Leur objectif est triple: structurer, optimiser et transmettre.
Les bénéfices concrets de la création d’une holding
Pour David et Laeticia, créer une holding familiale consiste à mettre en place une société (souvent une SAS ou SARL) détenant les participations et les actifs de leur entreprise (immobiliers ou financiers). Cette structure sert de pivot central à la gestion du patrimoine.
La holding permet de regrouper sous une même entité les participations dans la société d’exploitation, les biens immobiliers détenus via des Sociétés Civiles Immobilières (SCI), ou encore des portefeuilles financiers. Cette centralisation simplifie la gouvernance et la gestion de la trésorerie. Les décisions stratégiques, investissements et arbitrages sont pris au niveau de la holding à la place d’être dispersés entre différentes entités.
Exemple
La PME de David et Laetitia vaut 1 million d’euros. S’ils combinent le pacte Dutreil et des donations partielles, seuls 250.000 euros sont soumis aux droits de succession: une économie potentielle de plus de 200.000 euros selon le barème fiscal. Cela permet aux enfants d’entrer progressivement dans le capital sans devoir lever de fonds ou vendre des actifs.
Exemple
La PME de David et Laetitia génère 200.000 euros de dividendes annuels. Ces fonds peuvent être versés à la holding, puis réinvestis dans un autre projet (immobilier, start-up, fonds d’investissement) sans repasser par la fiscalité personnelle.
> Avantage n°2: Bénéficier d’une fiscalité allégée sur les dividendes
C’est l’un des principaux attraits du dispositif: le régime mère-fille. Les dividendes versés par la société d’exploitation à la holding sont exonérés à 95%. Autrement dit, sur 200.000 euros de dividendes reçus, seule une quote-part de 5% (soit 10.000 euros) est soumise à l’impôt sur les sociétés. Cela permet de faire remonter les bénéfices dans la holding à moindre coût fiscal et de les réinvestir efficacement dans d’autres actifs.
> Avantage n°3: Préparer la transmission à moindre coût
La holding permet de préparer la transmission des actifs familiaux de manière souple et fiscalement avantageuse. En effet, en combinant pacte Dutreil et donations partielles, la transmission d’une société opérationnelle peut bénéficier d’une exonération allant jusqu’à 75% des droits de succession. Les enfants peuvent ainsi hériter d’actions ou de parts de la holding progressivement, tout en maintenant les parents en contrôle opérationnel jusqu’au moment voulu. Cette approche préserve la cohésion familiale, anticipe les risques et sécurise le patrimoine à long terme.
Les pièges à éviter: coûts, gouvernance et risques fiscaux
Créer une holding est une démarche technique, supposant un suivi rigoureux et des coûts à anticiper.
> Des frais incompressibles:
Constitution de la société, honoraires d’avocats ou d’experts-comptables, assemblées générales, obligations de consolidation… La holding engendre un coût de gestion annuel estimé entre 3000 et 5000 euros. Elle se justifie si le patrimoine global dépasse au moins 500.000 à 800.000 euros et si les revenus générés permettent de rentabiliser la structure.
> Une gouvernance claire à instaurer: David et Laetitia doivent réfléchir à la répartition des pouvoirs: qui décide des investissements? Comment intégrer leurs enfants sans déséquilibrer la gestion? La mise en place d’un pacte d’actionnaires est souvent indispensable pour prévenir les conflits familiaux et garantir la cohérence du projet.
> Un risque de requalification fiscale: L’administration fiscale veille particulièrement à ce que la holding exerce une activité réelle de gestion. Une «coquille vide» créée uniquement pour bénéficier du régime mère-fille peut être requalifiée, entraînant un redressement. Pour éviter ce risque, la holding doit démontrer une activité effective: gestion des participations, participation stratégique, suivi des filiales, décisions d’investissement…
Comment structurer la holding de David et Laetitia?
David et Laetitia se trouvent dans une situation idéale pour que la création d’une holding soit pertinente. En effet, leurs revenus et la taille de leur patrimoine permettent de rentabiliser aisément les frais de constitution et de gestion. La gouvernance familiale est pérennisée progressive et l’activité effective de la holding est vérifiée. Toutefois, il reste à identifier comment David et Laeticia vont structurer leur holding.
La structure d’une holding dépend de la nature des actifs à regrouper et des objectifs poursuivis. Pour David et Laetitia, deux configurations sont envisageables:
Dans leur cas, la seconde option semble plus pertinente, car elle permet:
- de faire circuler la trésorerie entre l’entreprise et les autres investissements,
- d’intégrer progressivement leurs enfants dans la structure,
- et de séparer la gestion de l’exploitation et celle du patrimoine.
David et Laetitia envisagent donc une holding SAS. Celle-ci détiendra à la fois leurs participations dans leur société d’exploitation, et une partie de leurs biens immobiliers et financiers. Cette holding sera détenue à 100% par eux dans un premier temps, puis ouverte à Juliette et Hugo à mesure que ceux-ci prennent part à la gouvernance. L’idée est de: faire circuler la valeur, organiser la gestion de façon progressive et cohérente.
Faire remonter la trésorerie de l’entreprise et intégrer les biens immobiliers
La PME de David et Laetitia génère depuis plusieurs années une trésorerie stable de près de 400.000
euros, en plus des salaires du couple. Jusqu’ici, ces excédents dormaient sur les comptes courants de l’entreprise. Désormais, ils pourront être versés sous forme de dividendes à la holding, qui bénéficiera du régime mère-fille (seuls 5% imposés à l’impôt sur les sociétés). Cette trésorerie pourra ensuite être réinvestie intelligemment, sans repasser par leur patrimoine personnel. Par exemple, cette trésorerie peut être réinvestie:
- dans un projet locatif neuf, pour compléter les revenus à la retraite,
- dans un portefeuille de titres cotés ou non cotés, pour diversifier leurs sources de rendement,
- ou encore dans une start-up industrielle dans leur domaine d’activité, via leur holding.
Ainsi l’argent de leur travail continue à travailler.
Par ailleurs, le couple, détient deux appartements (un T3 à Lille, loué depuis 10 ans et une maison à Annecy, achetée en 2018 et mise en location saisonnière). Ils envisagent de loger ces biens immobiliers dans une SCI, elle-même détenue par la holding. Ce schéma leur permettra de:
- Remonter les loyers à la holding pour financer d’autres projets,
- Mutualiser la gestion locative et les charges,
- Faciliter la transmission: leurs enfants recevront des parts de la holding, sans devoir gérer individuellement chaque bien.
Mettre en place une gouvernance familiale structurée
En plus de créer un outil fiscal, David et Laetitia veulent aussi poser les bases d’une gouvernance
familiale claire et durable. Ils prévoient d’instaurer:
- un conseil de famille deux fois par an, pour décider des investissements, des projets ou des dons
Éventuels,
- un pacte d’actionnaires, définissant les règles de cession de parts, les droits de vote et les conditions d’entrée des enfants,
- et, à terme, une répartition progressive du capital: 60% pour David et Laetitia, 40% pour Juliette
et Hugo, répartis au fil des donations.
Cette gouvernance a une vertu essentielle: elle donne du sens à la transmission. Plutôt que de léguer un jour une liste de comptes et de biens, David et Laetitia veulent transmettre une logique de gestion, une méthode. Ils souhaitent partager leurs années de construction patrimoniale à leurs enfants et faire fructifier l’entreprise en famille.
Conclusion: la holding est un outil puissant pour structurer et transmettre un patrimoine
La création d’une holding familiale peut se révéler être un levier patrimonial redoutable et efficace pour des entrepreneurs comme David et Laetitia. Elle permet de centraliser les actifs, réinvestir les bénéfices avec une fiscalité allégée et préparer la transmission dans des conditions optimales.
Ce dispositif nécessite néanmoins la construction d’une stratégie adaptée, une ingénierie juridique fiscalement solide et un pilotage durable. Bien structurée, la holding devient un formidable instrument de liberté patrimoniale.