* Huawei écarté du marché américain pour raisons de sécurité
* Huawei était préparé à ces restrictions-fondateur
* Le secteur des semi-conducteurs européen reprend des
couleurs
(Actualisé avec précisions et réactions en Bourse des
semi-conducteurs)
par Karen Freifeld, David Shepardson et Brenda Goh
NEW YORK/SHANGHAI, 21 mai (Reuters) - Le département
américain du Commerce est revenu lundi sur une partie des
restrictions qu'il a imposées à Huawei HWT.UL en autorisant
temporairement, jusqu'au 19 août, le géant chinois des télécoms
à conserver ses réseaux existants et à fournir des mises à jour
logicielles pour les possesseurs de ses téléphones, une décision
destinée à minimiser les difficultés pour ses clients.
Un décret, signé mercredi par le président Donald Trump,
interdit aux entreprises américaines d'utiliser du matériel de
télécommunication fabriqué par des entreprises présentant un
risque pour la sécurité nationale.
Il demeure toujours interdit à Huawei de se procurer des
composants et des pièces électroniques pour fabriquer de
nouveaux produits sans recevoir une autorisation préalable de
l'administration américaine - que celle-ci devrait
vraisemblablement refuser le cas échéant.
Mais le délai accordé vise à donner du temps aux opérateurs
télécoms utilisant du matériel Huawei pour trouver des solutions
alternatives, a déclaré le secrétaire au Commerce, Wilbur Ross,
dans un communiqué.
"En bref, cette autorisation permettra aux propriétaires de
téléphones mobiles Huawei de continuer à les utiliser et aux
réseaux à haut débit dans les zones rurales à fonctionner",
a-t-il ajouté.
Les fabricants de semi-conducteurs en Europe, qui avaient
souffert lundi, reprenaient de la vigueur mardi après l'annonce
de cet assouplissement des restrictions. Vers 12h00 GMT, le
suisse AMS AMS.S gagnait plus de 4% et, à Paris, STMicro
STMP.PA avançait de 4%. L'indice Stoxx de la technologie
.SX8P progressait lui de 1,95%.
Le fondateur de Huawei, Ren Zhengfei, a déclaré que la
décision américaine avait peu de signification pour la firme,
qui s'était préparée à faire face aux restrictions imposées par
les Etats-Unis.
L'administration américaine sous-estime les capacités de
Huawei, a-t-il ajouté dans un entretien à la chaîne de
télévision publique chinoise CCTV.
OMNIPRÉSENT
Cette autorisation temporaire suggère que des modifications
apportées dans la chaîne d'approvisionnement de Huawei
pourraient avoir des conséquences immédiates, lourdes et non
prévues pour ses clients.
"L'objectif semble être d'empêcher les systèmes internet,
les ordinateurs et les téléphones cellulaires de tomber en
panne", souligne Kevin Wolf, ex-responsable du département du
Commerce.
Ce sursis semble également destiné aux opérateurs dans les
pays où les équipements de Huawei sont omniprésents, commente
Douglas Jacobson, avocat spécialisé en droit commercial.
Le département du Commerce a indiqué qu'il étudierait la
possibilité de prolonger ou non ce délai au-delà de 90 jours.
Il a par ailleurs annoncé jeudi le placement de Huawei et
de 68 autres entités sur une liste noire - nommée "Liste des
entités" -, qui va contraindre le groupe télécoms chinois à
demander une dérogation pour acheter des pièces et composants
électroniques aux sociétés américaines.
Reuters a rapporté dimanche que Google GOOGL.O , filiale
d'Alphabet, ne fournirait plus de logiciel, de matériel
informatique et de service technique à Huawei à l'exception des
services disponibles en open source.
La licence temporaire, annoncée lundi, permettra
probablement à des entreprises telles que le géant d'internet de
continuer à fournir un service et une assistance, y compris des
mises à jour logicielles ou des correctifs, aux smartphones
Huawei vendus au plus tard le 16 mai.
Google n'était pas joignable pour une demande de commentaire
sur cette autorisation.
Cette licence permet également à Huawei de développer des
normes pour les réseaux de télécommunication de cinquième
génération (5G).
Huawei a déclaré lundi qu'il allait continuer à fournir des
mises à jour et services après-vente à tous les smartphones et
tablettes de ses marques Huawei et Honor.
VOIR AUSSI :
* Les propriétaires de smartphones Huawei s'interrogent
(Karen Freifeld à New York et David Shepardson à Washington,
avec Diane Bartz à Washington; Jean-Stéphane Brosse, Jean
Terzian et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français,
édité par Benoit Van Overstraeten)