Wall Street: meilleur mois boursier de l'histoire avec +18%
information fournie par Cercle Finance 19/05/2025 à 07:32

(CercleFinance.com) - Quelle semaine ! Encore un carton plein à la hausse, et cette séance des 'trois sorcières' vient conclure en beauté le mois boursier le plus haussier de l'histoire (double record de gains et de séances de hausse avec seize sur une série de vingt, une à l'équilibre et trois de baisse).

Jamais un mois de mai n'avait figuré dans le trio de tête des performances mensuelles en un siècle. Les records de hausse précédents revenaient aux mois d'avril, mars, octobre et décembre.

Le mois de mai 2025 va donc devenir une référence historique inattendue, avec une huitième séance de hausse consécutive pour le Nasdaq, des gains hebdomadaires avoisinant 7%, et un gain mensuel de 17,8% qui pulvérise le précédent record de 16,3% d'avril 2020.

Le S&P500 flambe de 5,3% sur la semaine et atteint 13% sur le mois de mai (deuxième meilleure performance de l'histoire)... Les investisseurs doivent avoir de 'bonnes raisons'.

Car, contrairement à avril 2020, pas de 'plan de relance monétaire massif' cette fois-ci, pas de 'taux zéro', pas d'intervention massive des grandes institutions pour rétablir la confiance... mais, au contraire, des taux qui se sont tendus de 16 points de base sur la période (et 45 points de base depuis le 2 avril) : du jamais vu.

Mais la hausse depuis le 7 avril s'alimente d'achats frénétiques de la part des investisseurs particuliers, qui, une fois n'est pas coutume, 'font la tendance', alors que les institutionnels restent frileusement en retrait, tétanisés par la montée des taux, le refus de la Réserve fédérale américaine de baisser les siens, et des anticipations d'inflation supérieures à 7% d'ici la fin de l'année.

Et en matière d'achats dictés par la peur de manquer ('FOMO'), cette semaine est particulièrement emblématique, avec les 44,3% de Super Micro Computer, 28% de First Solar, 19,1% de Dell, 17% de Tesla, 16% de Nvidia (3.300 milliards de dollars de capitalisation, talonnant Microsoft et reléguant Apple à la troisième place)... et 9% pour Coinbase. Sans oublier les 'sept fantastiques', toutes dans le vert cette semaine.

Les acheteurs semblent régner sans partage depuis le 'buy the dips' du 9 avril : aucune déception, ni du côté de la Réserve fédérale, ni du côté des statistiques (chute du moral des ménages ce vendredi), n'a interrompu les clics frénétiques sur la touche 'achat'.

Du point de vue des investisseurs, toute la question est maintenant de savoir si les nuages commerciaux se sont dissipés pour de bon, comme semblent s'en être convaincus les acheteurs, ou si de nouvelles turbulences restent à venir.

Pour bon nombre d'analystes, le pic d'incertitude liée à la politique commerciale des États-Unis est désormais passé, mais d'autres professionnels se montrent plus sceptiques. 'L'optimisme actuel du marché repose sur des bases fragiles', avertit ainsi Andrew Lake, chez Mirabaud Asset Management.

Par ailleurs, il est probable que les droits de douane, même réduits, viennent freiner de manière significative la croissance économique, en particulier aux États-Unis : avec 10% imposés dans le meilleur des cas à ses partenaires, en étant très optimiste, on se retrouve avec des tarifs quatre fois plus élevés qu'avant le 2 avril, et probablement dix fois plus élevés vis-à-vis de la Chine.

'Les vrais effets négatifs des droits de douane sont encore à venir : hausse des prix, baisse des profits et possible ralentissement de l'emploi', préviennent les équipes de J. Safra Sarasin. 'La guerre commerciale est loin d'être réglée : les marchés risquent de redevenir instables dans les mois à venir', juge la banque privée suisse.

Mais Wall Street, qui a retrouvé ses niveaux de fin mars (avant les annonces de Donald Trump), nous transmet ce message : cela ira mieux avec les 'tarifs' que sans... et la hausse des taux, les 2.000 milliards de dollars de déficits en douze mois, c'est sans importance, une quantité négligeable, un 'non-problème'.

Le rendement des obligations du Trésor américain s'est tendu — à la marge — ce vendredi : le taux à dix ans revient à 4,453%, celui à deux ans au contact des 4,00%, et celui à 30 ans flambe vers 4,92% (pires conditions pour les prêts hypothécaires depuis fin octobre 2023).

Les chiffres du jour n'ont manifestement pas calmé les détenteurs de bons du Trésor : le sentiment des consommateurs américains a continué de se dégrader au mois de mai, les ménages semblant s'inquiéter particulièrement de la conjoncture économique actuelle, même si leurs anticipations se détériorent aussi.

L'indice de l'Université du Michigan mesurant le sentiment du consommateur est ainsi ressorti à 50,8 en première estimation ce mois-ci, contre 52,2 en avril, alors que les économistes l'attendaient en moyenne à 55.

Par ailleurs, le Département du Commerce a fait état d'une hausse de 1,6% des mises en chantier de logements aux États-Unis en avril par rapport au mois précédent, alors que les permis de construire ont reculé de 4,7% et que les achèvements de logements ont diminué de 5,9% : la morsure des taux commence à se faire ressentir dans le secteur de la construction.