Von der Leyen et Trump se rencontrent pour sceller un accord commercial UE-USA
information fournie par Reuters 27/07/2025 à 16:42

(Actualisé avec commentaires de Lutnick)

par Andrew Gray et Andrea Shalal

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen doit rencontrer dimanche le président américain Donald Trump pour finaliser un accord commercial qui pourrait instaurer des droits de douane de base de 15% sur la majorité des produits de l'Union européenne (UE), mettant fin à des mois d'incertitude pour les entreprises des 27 États membres du bloc.

La rencontre est prévue à 15h30 GMT sur le terrain de golf de Trump à Turnberry, dans l'ouest de l'Écosse.

Le représentant américain au commerce Jamieson Greer et le secrétaire au Commerce Howard Lutnick sont arrivés en Écosse samedi, tandis que le commissaire européen au Commerce Maros Sefcovic a rejoint les négociations dimanche matin.

Howard Lutnick a déclaré à l'émission Fox News Sunday que l'UE devait ouvrir davantage ses marchés aux exportations américaines pour convaincre Donald Trump de réduire les droits de douane de 30% qu'il a menacé d'appliquer à partir du 1er août.

"La question est de savoir s'ils offrent au président Trump un accord suffisamment bon pour qu'il puisse abandonner les droits de douane de 30% qu'il a fixés", a-t-il dit, ajoutant que l'UE souhaitait clairement - et avait besoin - d'un accord.

Un responsable de l'administration Trump a pour sa part déclaré, sous couvert d'anonymat : "Nous sommes prudemment optimistes quant à la conclusion d'un accord (...) Mais rien n'est fait tant que ce n'est pas signé."

Les ambassadeurs des États membres de l'UE, en déplacement au Groenland dans le cadre d'un voyage organisé par la présidence danoise de l'Union, ont tenu une téléconférence avec les responsables de la Commission pour définir la marge de manoeuvre d'Ursula von der Leyen dans les discussions.

En cas d'échec des négociations et de droits de douane de 30% appliqués par les États-Unis à partir du 1er août, l'UE a préparé des contre-mesures portant sur 93 milliards d'euros (109 milliards de dollars) de produits américains.

POSSIBLES EXEMPTIONS

Selon des diplomates européens, l'accord envisagé inclurait un taux général de 15% sur les importations européennes aux États-Unis, à l'image de celui conclu récemment entre Washington et Tokyo, ainsi que des prélèvements de 50% sur l'acier et l'aluminium européens, assorti de quotas d'exportation.

Un tel accord représenterait une avancée majeure, les États-Unis et l'UE étant de loin les plus grands partenaires du commerce mondial, totalisant à eux seuls un tiers de celui-ci.

Les responsables européens espèrent que le taux de base de 15% concernerait également aux voitures, remplaçant celui de 27,5% actuellement appliqué au secteur automobile.

Certains observateurs estiment que le bloc des 27 pourrait obtenir des exemptions pour son industrie aéronautique et pour les spiritueux, mais probablement pas pour le vin.

L'UE pourrait également s'engager à acheter davantage de gaz naturel liquéfié américain, une exigence récurrente de Donald Trump, et à renforcer ses investissements aux États-Unis.

Donald Trump a déclaré à la presse qu'il y avait "peu de marge de manœuvre" concernant le taux de 50% appliqués à l'acier et l'aluminium, ajoutant : "Si je fais une exception pour un, je dois le faire pour tous."

Présent en Écosse pour quelques jours de golf et de réunions bilatérales, Donald Trump a salué vendredi soir la venue d'Ursula von der Leyen, qu'il a qualifiée de dirigeante "très respectée", et s'est dit impatient de la rencontrer.

Il a estimé qu'il y avait une chance sur deux pour que les deux parties parviennent à un pacte-cadre commercial, ajoutant que Bruxelles souhaitait "absolument" conclure un accord.

L'UE est actuellement confrontée à des droits de douane américains sur plus de 70% de ses exportations, avec 50% sur l'acier et l'aluminium, une surtaxe de 25% sur les voitures et pièces détachées en plus du tarif existant de 2,5%, et des prélèvements de 10% sur la plupart des autres produits européens.

UNE ISSUE QUI RISQUE AUSSI DE DÉCEVOIR

Les responsables européens jugent que des droits de douane de 30% dès le 1er août seraient susceptible d'anéantir des pans entiers du commerce transatlantique.

Un taux de 15% sur la majorité des produits européens permettrait de lever l'incertitude, mais serait perçu par beaucoup en Europe comme une issue décevante par rapport à l'ambition initiale d'un accord "zéro pour zéro" sur les biens industriels.

S'inspirant du Japon, qui a obtenu un tarif de base de 15% dans un accord conclu plus tôt cette semaine, les négociateurs européens ont échangé avec leurs homologues japonais en amont de la réunion de dimanche.

Pour Donald Trump, qui cherche à remodeler l'économie mondiale et à réduire les déficits commerciaux américains accumulés depuis des décennies, un accord avec l'UE constituerait le plus important pacte commercial de son mandat, surpassant celui de 550 milliards de dollars conclu avec le Japon.

Jusqu'à présent, le président américain a également conclu des accords avec la Grande-Bretagne, l'Indonésie et le Vietnam, même si son administration n'a pas réussi à tenir sa promesse de "90 accords en 90 jours".

(Avec Richard Lough à Paris et Julia Payne à Bruxelles, rédigé par Jan Strupczewski, version française Nicolas Delame et Benjamin Mallet)