Vers le risque d'une Fed moins lisible et prévisible en 2026, avertit Natixis IM
information fournie par Zonebourse 15/12/2025 à 15:51

Les investisseurs ont tendance à surestimer le degré d'accommodation à attendre de la part de la Fed l'an prochain, avertissent les équipes de Natixis IM, qui expliquent redouter une banque centrale américaine "de moins en moins lisible et prédictible" au vu des divisions qui règnent au sein de son comité de politique monétaire depuis maintenant plusieurs mois et de la résilience continue de l'économie des Etats-Unis.

Alors que les projections de marché allaient jusqu'il y a peu dans le sens de trois nouvelles baisses de taux en 2026, en plus de celle décidée la semaine passée, le gestionnaire d'actifs indique anticiper pour sa part seulement deux réductions du coût du crédit Outre-Atlantique lors de l'année à venir, ce qui permettrait de ramener la politique de l'institution en zone de neutralité, c'est-à-dire dans un territoire ni accommodant, ni restrictif.

"Le scénario d'une Fed dont la fonction pourrait être bousculée par un gouverneur jugé trop proche de l'exécutif devrait générer davantage de volatilité et de perturbations sur les marchés financiers", prévient Mabrouk Chetouane, le directeur de la stratégie pour les marchés internationaux.

Le stratège dit cependant ne pas tabler sur une Fed totalement "hors de contrôle", qui répondrait uniquement aux injonctions lancées par le président américain.

"Il s'agit une année d'élections aux Etats-Unis avec les "mid-terms" qui se profilent et Donald Trump va avoir à coeur de calmer le jeu", anticipe Mabrouk Chetouane.

Dans ce contexte, Natixis IM dit maintenir une surexposition aux marchés d'actions américains en raison de la puissance de la demande intérieure et de ses effets sur l'économie.

"On aime les USA en dépit de leurs valorisations élevées car la tendance y reste portée par un phénomène de croissance bénéficiaire récurrent et solide, contrairement à la zone euro", souligne Mabrouk Chetouane.

Natixis IM explique avoir révisé à la hausse sa projection de croissance pour 2025 à 1,9%, contre 1,8% précédemment, et réhaussé ses attentes pour 2026 à 2,1%, à comparer avec 2% auparavant, soir des prévisions supérieures aux anticipations du consensus.

Le gestionnaire d'actifs décrit malgré tout une économie en forme de "K", c'est-à-dire à deux vitesses avec d'un côté les ménages les plus riches et les grandes sociétés technologiques qui tirent la croissance et les laissés pour compte de l'autre.

"On se situe dans une configuration macroéconomique de type "winner takes all" où ce sont les gagnants qui raflent toute le mise", constate Romain Aumond, macroéconomiste et stratégiste quantitatif.

Pour ce qui concerne l'Europe, Natixis Investment Managers précise maintenir une allocation "neutre", déclarant s'attendre à un ralentissement de la croissance de la zone euro à 1,1% l'an prochain, contre 1,4% en 2025.

Après avoir fait largement bien moins que le reste de l'Europe en 2025, l'indice CAC pourrait néanmoins se réveiller, estime Mabrouk Chetouane.

"La sous-performance du marché français n'est pas tenable et il n'y a pas de raison pour que l'on n'assiste pas à une dynamique plus favorable en 2026", souligne-t-il, faisant remarquer que l'indice parisien est devenu depuis quelque temps quasiment insensible aux errances de la situation politique dans l'Hexagone.