USA: des milliers de baristas de Starbucks en grève un jour de grande promotion
information fournie par AFP 13/11/2025 à 19:31

Manifestation d'employés de Starbucks devant un café de l'entreprise à New York, le 28 octobre 2025 ( AFP / TIMOTHY A.CLARY )

Plusieurs milliers de baristas, qui servent aux comptoirs de Starbucks, ont lancé jeudi une grève d'une durée indéterminée pour protester contre leurs conditions de travail et l'impasse des négociations du contrat social, débutant leur mouvement un jour de grande promotion de la chaîne de cafés américaine.

A l'instar de l'année précédente, ce mouvement est lancé le jour de l'opération marketing Red Cup (tasse rouge) qui vise à offrir une tasse réutilisable de couleur rouge à tout client achetant une boisson créée par Starbucks pour les fêtes, à base de potiron, de cannelle, d'épices par exemple.

Cette opération entraîne en général un surcroît d'activité pour les employés car elle dope la fréquentation.

La "Red Cup Rebellion" prévoit des rassemblements jeudi à partir de 16 heures locales dans plus d'une dizaine de villes américaines, et un arrêt de travail d'un millier de baristas, selon un communiqué du syndicat Starbucks Workers Union.

Plus de 65 cafés dans plus d'une quarantaine de villes font partie de cette première phase du mouvement qui pourrait, au fil des jours, grossir progressivement pour englober plus de 550 cafés syndiqués, soit plus de 10.000 employés.

Aux Etats-Unis, Starbucks détient en propre près de 10.000 cafés et compte plus de 7.000 franchisés.

Le groupe a indiqué à l'AFP constater très peu de perturbations jeudi matin.

"Nous sommes déçus que Workers United, qui représente moins de 4% de nos employés, ait appelé à une grève plutôt que revenir à la table des négociations", a réagi Jaci Anderson, porte-parole du groupe, affirmant que "moins de 1% des cafés subissent une quelconque perturbation".

- Blocage -

"Lorsque le syndicat sera prêt à revenir, nous serons prêts à discuter", a indiqué cette porte-parole.

Les deux parties sont d'accord sur un point: les discussions sont éteintes depuis avril. Et elles s'en renvoient la responsabilité.

Fondé en 2021, le syndicat tente d'élaborer le premier contrat social cadre avec la direction, mais les négociations se sont enlisées.

Pour Lynne Fox, présidente du syndicat Workers United qui représente plus de 90.000 employés aux Etats-Unis tous secteurs confondus, la direction "refuse de négocier de bonne foi".

"Starbucks a passé l'année écoulée à dire aux gens qu'il veut revenir aux origines de Starbucks", faisant référence au plan de restructuration Back to Starbucks lancé par le nouveau patron, à la tête du groupe en difficultés depuis septembre 2024, a souligné la syndicaliste lors d'un point-presse jeudi.

"Mais la réalité est que, sous la direction de Brian Nicoll, les choses n'ont fait qu'aller à reculons", alors qu'elles "faisaient des avancées constantes" avant son arrivée, a affirmé Mme Fox, évoquant des centaines de plaintes devant l'Inspection américaine du travail pour pratiques abusives dont une grande partie pour "représailles"

Les employés réclament de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail avec des effectifs suffisants ainsi que des horaires "stables" et suffisants.

"C'est difficile d'obtenir plus de 19 heures par semaine, ce qui est insuffisant pour bénéficier de la couverture d'assurance santé", qui est activée à partir de vingt heures hebdomadaire, a expliqué Dachi Spoltore, barista depuis cinq ans à Pittsburgh (Pennsylvanie).

Diego Franco, barista depuis six ans à Chicago (Illinois), a également relevé lors du point-presse les difficultés liées "aux changements constants de positionnement" et les sous-effectifs chroniques.

Selon lui, trois personnes font désormais le travail de six auparavant dans son café. Il a réclamé "un salaire juste, des horaires stables et un respect de la législation sur le travail". "Ce n'est pas ce que nous avons", a-t-il dénoncé.