NEW YORK, 11 août (Reuters) - Des traders, opérant pour la
plupart aux Etats-Unis, aidés par des pirates informatiques
basés en Ukraine ont réalisé jusqu'à 100 millions de dollars (91
millions d'euros) de profits illégaux en cinq ans en utilisant
des informations confidentielles, ont annoncé mardi les
autorités américaines.
Ce dossier est le premier dans lequel la justice américaine
engage des poursuites pénales après une fraude financière
impliquant le piratage d'informations, en l'occurrence quelque
150.000 communiqués de presse dérobés aux sociétés spécialisées
Business Wire, Marketwired et PR Newswire.
"C'est une histoire de fraude boursière traditionnelle, avec
une particularité: le recours à une approche contemporaine pour
un crime classique", a résumé Diego Rodriguez, directeur délégué
du FBI, lors d'une conférence de presse.
Selon les enquêteurs, des "hackers" installés en Ukraine ont
réussi à mettre la main sur des communiqués de presse, sur des
résultats financiers d'entreprises cotées par exemple, avant
l'heure à laquelle ils devaient être diffusés par les sociétés
spécialisées.
Les traders mis en cause avaient communiqué aux pirates
informatiques des "listes de courses" détaillant les communiqués
à prendre pour cible, ont-ils ajouté.
Les pirates ukrainiens, qui sont allés jusqu'à créer un
"mode d'emploi" en vidéo afin d'aider les traders à accéder aux
communiqués volés, recevaient une partie des profits engrangés
grâce aux délits d'initiés commis avec les informations auxquels
ils donnaient accès, ont précisé les enquêteurs.
Neuf personnes ont été inculpées à Brooklyn et Newark et
sont accusées d'avoir réalisé 30 millions de dollars de profits
illégaux depuis février 2010.
Cinq de ces neuf personnes ont été arrêtées mardi, ont
précisé les enquêteurs, ajoutant que des mandats d'arrêt
internationaux avaient été diffusés pour les quatre autres.
Une enquête menée en parallèle par la Securities and
Exchange Commission (SEC) a mis en cause 17 personnes et 15
sociétés après avoir conclu que le vol d'informations
confidentielles avait permis de réaliser plus de 100 millions de
dollars de profits illégaux.
La SEC a précisé que le réseau mis en cause impliquait des
traders à New York, à Chypre, en France, à Malte et en Russie.
Le gendarme de Wall Street a ajouté avoir déjà obtenu de la
justice le gel de certains actifs.
La SEC a découvert l'existence de cette vaste fraude en
utilisant des technologies permettant de repérer des
transactions ou des relations entre traders suspectes, a dit sa
présidente, Mary Joe White.
(Noeleen Walder et Jonathan Stempel; Marc Angrand pour le
service français)