USA-Certains consommateurs font des réserves avant la nouvelle salve de droits de douane information fournie par Reuters 08/04/2025 à 12:47
par Siddharth Cavale
Dans une allée d'un supermarché Walmart WMT.N , Thomas Jennigs, 53 ans, s'efforce de remplir son chariot de jus de fruits, condiments et tout ce qui peut lui passer sous la main.
"J'achète tout en double : des haricots, des boîtes de conserves, de la farine, tout ce que vous voulez", déclare-t-il. Sa stratégie ? Faire autant de réserves que possible avant l'entrée en vigueur mercredi de la dernière salve de droits de douane de l'administration Trump.
Plus tôt, dans un supermarché de la chaîne Costco COST.O cette fois-ci, Thomas Jennings a acheté de la farine, du sucre et de l'eau en grande quantité. "Une récession arrive et je me prépare au pire."
A l'instar d'un nombre croissant de consommateurs américains, le quinquagénaire estime que les prix vont bientôt flamber à cause des droits de douane de Donald Trump.
La Tax Fondation, un groupe de recherche non partisan à but lucratif, avance que les nouvelles mesures vont coûter 3.100 milliards de dollars (2.830 milliards d'euros) aux Américains au cours des dix prochaines années, soit une hausse d'imposition de 2.100 dollars par foyer juste pour l'année 2025.
Si beaucoup de consommateurs préfèrent attendre de voir les conséquences des décisions de l'administration américaine, certains craignent qu'un vent de panique ne provoque une frénésie de stockage qui s'intensifierait en raison de prévisions d'inflation croissante, ont-ils déclaré à Reuters.
Manish Kapoor, fondatrice de GCG, une entreprise de gestion de chaîne d'approvisionnement située en périphérie de Los Angeles, affirme que les droits de douane ravivent la peur de voir des rayons de supermarchés vidés de leurs produits comme au plus fort de la pandémie de COVID-19.
"Nous avons assisté à ça durant le COVID, tout le monde attrapait tout ce qu'il pouvait dans les rayons, qu'ils en aient besoin ou pas."
"Ce n'est pas aussi intense, mais les gens ont peur que les prix (des biens) continuent d'augmenter", poursuit-elle.
Walmart et Costco n'ont pas répondu immédiatement à une demande de commentaires.
Angelo Barrio, 55 ans et retraité de l'industrie du textile, affirme que la tactique de Donald Trump de "brouiller les pistes et provoquer le chaos" l'inquiète lui et ses amis.
Il a commencé à acheter des produits à longue durée de conservation dès novembre, avançant craindre que les détaillants ne répercutent le coût des droits de douane sur les consommateurs.
Cette semaine, Angelo Barrio est allé à Costco pour se fournir en dentifrice, savon, eau et acheter assez de riz pour remplir six conserves qu'il a stockées dans sa cave où la température est contrôlée.
A Walmart, il a aussi acheté deux bouteilles d'huile d'olive pour porter son total à 20 bouteilles. "On n'est jamais sûr de la quantité dont on aura besoin."
RIPOSTE CHINOISE
Angelo Barrio a de la sympathie pour la Chine, menacée par Donald Trump de nouvelles barrières douanières additionnelles si Pékin ne revenait pas sur ses propres taxes.
"Ils sont pénalisés pour une faute qu'ils n'ont pas commise", affirme-t-il. "J'ai toujours été content qu'ils puissent nous fournir des biens à des prix bas."
Maggie Collins, la soixantaine, dit "trembler" face à l'impact des décisions prises par l'administration Trump sur les seniors.
Dans un Walmart de North Bergen dans le New Jersey, elle a rempli son chariot de gels douche et de serviettes hygiéniques de la marque distributeur, moins chers que ceux de Procter & Gamble PG.N et Unilever ULVR.L .
"Je regarde tous les prix avec attention parce que je vis avec un salaire fixe", dit l'aide-soignante dans une maison de retraite. "Payer plus cher signifie qu'il faut faire des ajustements sur d'autres postes de dépense."
Par exemple, Maggie Collins a dû renoncer à la viande hachée qu'elle choisit habituellement de cuisiner à ses petits-enfants au profit d'une version moins consistante et moins coûteuse.
Et elle se demande comment les jeunes générations vont faire face à cette situation. "Ils arrivent dans un monde où il devient si difficile de survivre."
Dans le concessionnaire Subaru de Logmont dans le Colorado, on observe une hausse de l'activité ces dernières semaines, alors que les véhicules importés aux Etats-Unis se sont vus imposés un droit de douane de 25% depuis le 3 avril.
"Les clients parlent des droits de douanes, ils nous posent des questions sur ce sujet", affirme le directeur des ventes Nic Chuenchit, qui ne parvient pas à mesurer tangiblement la corrélation entre l'augmentation des ventes et l'entrée en vigueur des nouvelles barrières douanières.
"Je pense que certains de nos clients qui comptaient acheter une nouvelle voiture ont précipité leur achat à cause des droits de douane", avance-t-il.
Se basant sur les précédents de la crise des subprimes de 2008 et de la pandémie, Nic Chuenchit se montre confiant.
"Le secteur est résiliant. Les ventes de voitures ont toujours été au rendez-vous", déclare-t-il. "Les gens achètent toujours des voitures, malgré les droits de douane. Ça va juste coûter plus cher aux consommateurs."
(Reportage de Siddharth Cavale à New York et Brad Brooks à Longmont, Colorado; version française Zhifan Liu, édité par Augustin Turpin)