Trump veut une "fin réelle" au dossier nucléaire iranien, Israël menace Khamenei
information fournie par Reuters 17/06/2025 à 18:34

par Parisa Hafezi, Menna AlaaElDin et Maayan Lubell

Le président américain Donald Trump a déclaré qu'il souhaitait une "fin réelle" au conflit lié au programme nucléaire de l'Iran et a évoqué la possibilité pour les Etats-Unis d'envoyer des émissaires de haut rang à la rencontre de responsables iraniens, alors que la guerre entre Israël et l'Iran s'est poursuivie mardi pour un cinquième jour avec des bombardements réciproques.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré pour sa part que le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, pourrait connaître le même sort que le président irakien Saddam Hussein, renversé après l'invasion de son pays par les Etats-Unis en 2003 puis jugé et pendu.

"Je mets en garde le dictateur iranien contre le fait de continuer à commettre des crimes de guerre et à tirer des missiles sur les citoyens israéliens", a déclaré Israël Katz aux chefs de l'état-major israélien. Peu après, les médias d'Etat iraniens ont rapporté qu'une explosion avait été entendue à Téhéran.

Plusieurs explosions ont ensuite retenti dans l'est et le nord d'Ispahan, dans le centre de l'Iran, a rapporté l'agence de presse semi-officielle Mehr.

Les médias officiels iraniens ont aussi fait état de nouvelles salves de missiles tirés par la République islamique en direction d'Israël.

Donald Trump a néanmoins déclaré qu'il n'entendait pas "éliminer" Ali Khamenei "au moins pour l'instant", quand bien même les Etats-Unis savent parfaitement où ils se trouvent.

S'adressant auparavant à des journalistes après son départ prématuré du Canada, où il a brièvement assisté au sommet du G7 lundi, Donald Trump a prévenu qu'Israël ne relâcherait pas ses attaques contre l'Iran.

"Vous allez voir au cours des deux prochains jours. Vous allez voir. Personne ne lève le pied jusqu'à présent", a-t-il dit.

Le président américain a déclaré qu'il pourrait envoyer son émissaire pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, ou son vice-président, JD Vance, à la rencontre de responsables iraniens.

Washington souligne que Donald Trump compte toujours parvenir à un accord nucléaire avec l'Iran en dépit de la poursuite du conflit.

Le président américain a assuré que son départ précipité du sommet du G7 n'avait "rien à voir" avec la recherche d'un accord entre Israël et l'Iran, démentant ainsi des propos de son homologue français Emmanuel Macron, lequel avait auparavant déclaré que les Etats-Unis travaillaient à une proposition de cessez-le-feu.

Il faut s'attendre à quelque chose de "bien plus grand", a-t-il dit sur son réseau Truth Social.

LE PREMIER CERCLE AUTOUR DE KHAMENEI TRÈS AFFAIBLI

En cinq jours de bombardements sur l'Iran, Israël a décapité les principales forces militaires, paramilitaires et de renseignement de la République islamique. Les principaux conseillers d'Ali Khamenei ont été tués, ce qui accroît le risque d'erreurs stratégiques, ont dit cinq personnes familières des arcanes du pouvoir à Téhéran.

L'armée israélienne a déclaré que les chefs militaires iraniens étaient "en fuite" et qu'elle avait tué le nouveau chef d'état-major de l'armée, Ali Shadmani, quatre jours seulement après son accession à ce poste en remplacement de son prédécesseur lui-même tué par une frappe israélienne.

Face aux risques encourus, le commandement de la cybersécurité iranienne a interdit aux fonctionnaires d'utiliser des appareils de communication et des téléphones portables, a rapporté l'agence de presse Fars.

Depuis que le Hamas palestinien, soutenu par Téhéran, a attaqué Israël le 7 octobre 2023 et déclenché la guerre dans la bande de Gaza, l'influence régionale d'Ali Khamenei s'est affaiblie, Israël ayant décapité et pris pour cibles sans relâche les forces supplétives de Téhéran dans la région, du Hamas au Hezbollah libanais, en passant par les Houthis au Yémen et des mouvements armés en Irak. Quant au dirigeant syrien Bachar al Assad, autre allié proche de l'Iran, il a été renversé fin 2024.

Israël a déclenché son offensive aérienne contre l'Iran en l'accusant d'être sur le point de se doter de l'arme nucléaire.

Téhéran a constamment démenti toute ambition d'acquérir la bombe atomique et fait valoir son droit à la technologie nucléaire à des fins pacifiques, y compris l'enrichissement d'uranium, en tant que partie au traité de non-prolifération nucléaire (TNP).

A la veille du déclenchement de l'offensive israélienne, l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) a déclaré pour la première fois en près de 20 ans que l'Iran ne respectait pas ses obligations en termes de non-prolifération.

L'agence onusienne a déclaré mardi que les installations souterraines du site d'enrichissement de Natanz semblaient avoir subi des impacts directs mais que rien n'avait changé sur les sites de Fordo et Ispahan.

Israël Katz a déclaré que le site de Fordo, enseveli dans la montagne, représentait un problème qu'il faudrait "bien sûr" traiter.

La maîtrise de l'espace aérien iranien par Israël laisse peu d'obstacles à la poursuite de ses bombardements, mais les experts estiment qu'il sera difficile de porter un coup fatal à des sites nucléaires profondément enfouis si les États-Unis n'apportaient pas leur concours.

Les Gardiens de la révolution iraniens ont pour leur part déclaré mardi avoir frappé tôt dans la journée la direction du renseignement militaire israélien et le centre opérationnel de l'agence d'espionnage Mossad. Les Israéliens n'ont pas confirmé ces attaques.

(Rédaction de Reuters, rédigé par Michael Georgy, version française Nicolas Delame, édité par Zhifan Liu)