Trump, l’idole de Wall Street
information fournie par Le Cercle des analystes indépendants 09/10/2025 à 07:50

"Les objectifs principaux de Trump plaisent aux investisseurs"

La marche en avant des actions continue, à un rythme de plus en plus rapide. Les thématiques clé habituelles (IA aux USA, aéronautique - défense et banques en Europe) contribuent à cette relance de la performance, qui est renforcée par la confirmation du rebond des actions très affectées depuis 12-18 mois (Stelllantis, LVMH, Dassault Systèmes, secteur pharmaceutique). Ainsi, paradoxalement, le mois de septembre, qui est le plus mauvais mois de l'année en moyenne long terme, affiche une hausse très élevée.

Source : Factset et Phiadvisor Valquant

Certes la baisse des taux de la Fed a rasséréné les investisseurs, mais elle était largement anticipée par le marché. Du côté de la macro-économie, les données publiées récemment n'ont pas remis en cause le schéma d'un ralentissement aux USA et d'une probable poursuite de la stagnation en Europe. Comment donc expliquer la poursuite de la hausse des actions ? Nous pensons que la bourse progresse et pourrait encore progresser parce que Wall Street, finalement, adore Trump. Si on met de côté la répulsion évidente que suscite le personnage, grossier et brutal, qui déforme en permanence la réalité et manque de respect à ses adversaires politiques et aux agences de l'état (« une arnaque »), et ses fonctionnaires, ses objectifs principaux plaisent aux investisseurs.

1/ Il veut réduire les impôts payés par les entreprises et les ménages, en baissant drastiquement les transferts sociaux vers les plus démunis de son pays. C'est bien sur favorable aux prévisions de bénéfices, dont la croissance reste toujours à 2 chiffres l'année prochaine, en dépit d'un ralentissement significatif de la croissance du PIB.

Source : Factset et Phiadvisor Valquant

2/ II veut reprendre aux étrangers, sous forme de droit de douane, l'argent qui a été « volé » au peuple américain. Dans les faits, comme le montre l'accord passé avec Pfizer cette semaine, il s'agit d'obtenir de la part des entreprises des baisses de prix ou des projets d'investissement sur le sol américain pour « réindustrialiser le pays », notamment dans le secteur de l'IA, qui est la pièce angulaire de la croissance future et des gains de productivité de l'économie américaine.

3/ Il veut baisser fortement les taux d'intérêt de la Fed, et accroitre son emprise sur la banque centrale des USA. Wall Street considère ainsi que les taux monétaires des USA vont sensiblement baisser, à horizon d'un an, et que cela devrait aussi réduire les taux obligataires.

4/ Il veut, par la même occasion, faire chuter le taux de change du dollar américain, qui est selon ses conseillers, la principale cause du déficit extérieur des USA : le retour du taux de change du dollar à son niveau de 2008 (1,5$ pour un €) favoriserait fortement les entreprises exportatrices américaines, et au contraire affecterait les entreprises européennes....

5/ Il veut lutter contre l'inflation en baissant le prix du pétrole, via une forte hausse de la production américaine. Le prix du pétrole est d'ores et déjà affecté par le projet d'accord entre le Hamas et Israël, la volonté de l'OPEP d'augmenter sa production, et le ralentissement économique mondial...

Même si certains objectifs sont incompatibles, comme la baisse du dollar qui a un effet inflationniste via la hausse du prix des importations, évidemment Wall Street applaudit à tout rompre. Elle aime le discours direct, les actes médiatisés, la volonté de faire du Président Trump. Ces derniers mois, on a même l'impression que les deux craintes majeures des investisseurs sont en train de s'émousser, voire de disparaitre.

La première crainte est l'inflation, qui semble ne plus inquiéter Wall Street ; quel est le problème avec une inflation à 2-4%, tant que la croissance est au rendez-vous ? Et surtout que les entreprises n'en souffrent pas, comme pendant l'épisode de 2022-2023.

La seconde est l'indépendance de la banque centrale. Si la main mise du gouvernement sur la Fed se traduit dans un premier temps par une baisse accélérée des taux, c'est forcément une bonne chose ! Ces arguments sont forcément à court terme, mais comme manifestement le court terme a pris le pouvoir, ils sont audibles par Wall Street.

Voilà comment il est possible de justifier la hausse récente des cours et la poursuite probable du phénomène haussier.