Telefonica: perte nette de 49 millions d'euros en 2024, plombée par l'Amérique latine
information fournie par Boursorama avec AFP 27/02/2025 à 11:17

( AFP / JOSEP LAGO )

Au coeur de vastes manoeuvres depuis l'entrée du groupe saoudien STC à son capital, le géant espagnol Telefonica a vu ses résultats plombés l'an dernier par des dépréciations d'actifs dans plusieurs pays d'Amérique latine, où le groupe souhaite se désengager.

L'opérateur téléphonique, qui a engagé voilà quelques années un virage stratégique pour se recentrer sur ses principaux marchés (Espagne, Allemagne, Royaume-Uni et Brésil), a essuyé 49 millions d'euros de perte nette sur un an, selon les résultats publiés jeudi par l'entreprise.

Ce résultat est meilleur que celui de 2023, marqué par une perte de 892 millions d'euros liée au coût de son plan de restructuration et d'une dépréciation de la valeur de sa filiale britannique Virgin Media O2. Mais il confirme les difficultés auxquelles est confronté le géant espagnol depuis plusieurs années.

Selon Telefonica, le résultats de 2024 s'explique par la dépréciation de plusieurs actifs en Amérique latine, où le groupe est confronté à une situation compliquée. Cette dépréciation a atteint 1,27 milliard d'euros en Argentine, 397 millions d'euros au Chili et 108 millions d'euros au Pérou.

Le bénéfice ajusté de 2024, qui ne tient pas compte de ces "effets extraordinaires", s'est pour sa part élevé à 2,3 milliards d'euros, insiste le groupe, qui met en avant dans son communiqué ses bons résultats opérationnels sur ses principaux marchés, notamment en Espagne et en Allemagne,

L'opérateur téléphonique a ainsi vu son chiffre d'affaires progresser de 1,6% sur un an, à 41,31 milliards d'euros. Ce niveau est supérieur aux objectifs fixés par le groupe, qui prévoyait une hausse de 1%. Il dépasse également les attentes des analystes interrogés par Factset, qui tablaient sur 40,96 milliards de chiffre d'affaires.

"Nous avons atteint nos objectifs financiers tout en continuant de renforcer notre position concurrentielle", grâce à un fort "élan sur nos marchés clés: Espagne, Brésil, Allemagne et Royaume-Uni", se félicité l'opérateur, qui revendique 390 millions de clients dans le monde.

- "Nouvelle étape" -

La publication de ces résultats survient un peu plus d'un mois après la nomination à la tête du groupe de Marc Murtra, jusqu'alors président de l'entreprise de défense et de technologie Indra, dont l'Etat espagnol est l'actionnaire de contrôle.

M. Murtra a remplacé José María Álvarez-Pallete, en poste depuis 2016 et dont le mandat arrivait à échéance cette année. Le conseil d'administration de Telefonica a justifié ce changement par la volonté "de certains actionnaires" d'engager "une nouvelle étape".

Le groupe, qui opère dans 12 pays, a initié voilà quelques années un important virage stratégique, avec un vaste plan social en Espagne et un désengagement progressif en Amérique latine, où il est confronté à une forte concurrence. L'objectif affiché est de renforcer sa rentabilité et réduire sa lourde dette.

Sous l'impulsion de José María Álvarez-Pallete, cette dernière a déjà fortement reculé, passant de 50 milliards d'euros en 2016 à 27,16 milliards fin 2024. Mais elle reste trop élevée pour le groupe, qui cherche à faire des économies pour financer ses investissements, notamment dans la 5G.

L'opérateur, qui a déjà vendu ses filiales au Guatemala et au Costa Rica et engagé la cession de sa branche colombienne, a ainsi annoncé lundi un accord pour vendre ses activités en Argentine pour 1,2 milliard d'euros à Telecom Argentina, entreprise contrôlée par le groupe de medias Clarin.

Et d'autres cessions pourraient suivre, notamment au Pérou et au Chili, selon des médias espagnols. Dans cette région, la marge d'exploitation est "de 18,1% contre 31,8% pour l'ensemble du groupe", souligne dans une note Bankinter, pour qui "les fonds obtenus" pourraient être réinvestis dans des activités à forte croissance.

Ce recentrage survient à un moment charnière pour le géant des télécoms, au coeur de vastes manoeuvres actionnariales depuis l'entrée surprise de la compagnie saoudienne STC, qui a acquis 9,9% du capital de l'entreprise en septembre 2023.

Cette opération a conduit l'Etat espagnol à prendre une participation de 10% dans l'entreprise via le fonds public SEPI. Le groupe bancaire espagnol La Caixa a quant à lui porté sa participation dans l'entreprise de 2,69% à 9,9%, disant vouloir apporter de la "stabilité" à l'opérateur.