Télécoms: une offre inédite de rachat de SFR déposée par ses trois concurrents
information fournie par Boursorama avec AFP 15/10/2025 à 08:35

( AFP / EMMA DA SILVA )

Les trois opérateurs français Bouygues Telecom, Orange et Free ont annoncé mardi avoir déposé une proposition commune de rachat de leur concurrent SFR, à hauteur de 17 milliards d'euros, première offre officielle depuis la restructuration de la dette colossale de sa maison mère Altice France.

L'offre pourrait aboutir à une reconfiguration totale du marché français des télécoms.

Il s'agit de la "première étape" d'un "long processus", a déclaré le directeur général de Bouygues Olivier Roussat au cours d'une conférence de presse mardi soir.

Les trois opérateurs, concurrents de SFR, ont annoncé dans un communiqué commun vouloir racheter "la plupart des actifs de l'opérateur SFR", pour un montant de 17 milliards d'euros.

S'il arrive à son terme, ce rachat replacerait le marché français des télécoms entre les mains de trois opérateurs, du jamais vu depuis l'arrivée de Free sur le marché de la téléphonie mobile en 2012.

Selon les termes de l'offre déposée mardi, les trois opérateurs envisagent de se partager les actifs à hauteur de 43% pour Bouygues Telecom, 30% pour le groupe Iliad et 27% pour Orange.

Le secteur bruissait depuis plusieurs mois de nombreuses rumeurs de rachat, alors qu'Altice France, lourdement endetté, a réduit sa dette de plus de 24 milliards à 15,5 milliards d'euros au 1er octobre.

Mais aucune offre n'avait encore été déposée. "On n'avait jamais eu de vendeur jusqu'à maintenant", a commenté mardi soir Olivier Roussat.

Si le directeur général de Bouygues s'est estimé "raisonnablement" confiant concernant la suite du processus, "les étapes à franchir restent nombreuses", a-t-il également souligné.

- Opération au long cours -

Cette première offre, non engageante, doit d'abord être acceptée par Altice France, dont le milliardaire Patrick Drahi est actionnaire majoritaire.

Une étape qui pourrait nécessiter des négociations sur le prix de rachat, avant d'aboutir à une offre définitive.

Dans l'hypothèse d'une acceptation de cette seconde proposition ferme, l'examen du dossier par les autorités compétentes en matière de concurrence pourrait durer environ 18 mois, selon les estimations de Bouygues Telecom.

"C'est un processus qui est long, qui sera long, et qui est sans garantie de succès", a assuré Olivier Roussat.

Les trois opérateurs s'engageraient alors dans le partage des actifs, transférés pendant un temps dans une société commune, avant d'être intégrés chez Bouygues Telecom, Orange et Free.

Les trois entreprises souhaitent également acheter d'autres actifs d'Altice France, maison mère de SFR, mais n'envisagent pas le rachat total du groupe, dont ils estiment la valeur totale à 21 milliards d'euros.

Dans le détail, Bouygues Telecom et Iliad reprendraient les activités de SFR dédiées aux entreprises, tandis que les ventes aux particuliers ainsi que les infrastructures et les fréquences seraient partagées entre les trois opérateurs.

Le réseau mobile de SFR en zone non dense serait géré exclusivement par Bouygues Telecom.

L'opération exclut cependant les participations dans les sociétés Intelcia, UltraEdge, XP Fibre et Altice Technical Services ainsi que les activités du groupe Altice dans les départements et territoires d’outre-mer, selon le communiqué.

Pendant la durée du processus de vente, "le marché reste à quatre, et se comporte comme un marché à quatre", a souligné le directeur général de Bouygues.

L'hypothèse d'une vente de SFR inquiète depuis plusieurs mois ses salariés, qui ont exprimé des craintes sur la pérennité de leurs emplois dans le cas d'une reprise.

Le plan d'allègement de la dette d'Altice France a ainsi été contesté par plusieurs syndicats du groupe.

Début août, les élus du personnel s'étaient opposés devant le tribunal des activités économiques (ex-tribunal de commerce) de Paris à l'adoption du plan de sauvegarde accélérée.

Une audience d'appel dans ce dossier doit se tenir le 4 novembre.