Taux élevés : quelles conséquences sur le marché obligataire information fournie par TRIBUNE LIBRE 26/09/2023 à 10:59
Par Mauro Vallé, responsable des titres à revenu fixe chez Generali Investments Partners
Alors que la BCE a laissé entendre lors de sa réunion en septembre que la nouvelle hausse de ses taux pourrait être la dernière, ceux-ci pourraient rester élevés sur une plus longue période.
Depuis les projections macroéconomiques de juin, les indicateurs de l'activité se sont considérablement détériorés et la croissance du PIB pour le deuxième trimestre a été revue à la baisse, de 0,2 point de pourcentage, à seulement 0,1 % sur une base trimestrielle. Toutefois, les nouvelles prévisions de la BCE anticipent une croissance de 1,0 % en 2024.
Mais le sentiment est que ces estimations sont encore un peu trop optimistes. La tendance désinflationniste est largement confirmée, avec un ajustement à la baisse (-0,1 %) des attentes concernant l'inflation de base au cours des deux prochaines années. Dans les mois à venir, il faudra surveiller l'évolution des prix de l'énergie, seul véritable facteur de retournement, et vérifier le niveau des salaires.
À l'heure actuelle, le marché s'attend au minimum à une augmentation des taux directeurs entre octobre et décembre. Si la stagnation de l'économie et la baisse de l'inflation se confirment au cours du dernier trimestre de l'année, l'attention des marchés se portera sur la durée pendant laquelle la BCE sera en mesure de maintenir ses taux inchangés.
Pour l'instant, cela semble être plus à propos pour le deuxième semestre 2024. Mais, compte tenu de l'incertitude du scénario macroéconomique et surtout de la difficulté d'estimer l'impact à long terme du cycle de hausse des taux sur l'économie, il n'est pas exclu que le renversement du cycle monétaire se produise plus tôt que prévu.
Dans un scénario de taux "higher for longer", comme le disent les observateurs américains, ou pour une durée suffisamment longue, comme l'a indiqué la Présidente de la BCE Christine Lagarde, les taux devraient continuer à évoluer dans la fourchette observée ces derniers mois, compte tenu des perspectives macroéconomiques de la zone euro. La courbe pourrait rester inversée pendant un certain temps et commencer à se redresser quand la BCE estimera que le moment approche de réduire ses taux.
Le rôle des obligations d'État dans les portefeuilles des investisseurs
Si nous pensons que la corrélation entre les actions et les obligations reviendra à la normale, avec les obligations souveraines promettant de mieux performer lors d'une réduction d'appétit pour les actifs risqués et une hausse de la volatilité, alors accumuler de la duration dans les portefeuilles peut être une stratégie de diversification utile.
L'inversion des courbes nous a permis jusqu'à présent de maximiser les rendements, sans avoir trop de risque taux dans le portefeuille. En d'autres termes, ce n'est pas encore le moment d'initier une forte exposition aux taux, mais nous pouvons commencer à réduire l'approche défensive qui caractérisait les stratégies au début de 2023.
Au cours des derniers mois, la stratégie de gestion de nos fonds investis en obligations d'état s'est concentrée sur une gestion plus tactique de la duration et a déplacé l'exposition de l'extrémité de la courbe vers le moyen-court terme.
Nous avons une approche induite par l'anticipation que, dans les prochains mois, les rendements à dix ans du Vieux Continent évolueront dans une fourchette bien précise, en attendant le prochain mouvement de baisse des taux, surtout sur la partie courte de la courbe.
En ce qui concerne l'exposition aux pays du sud de l'Europe, après les mois d'été caractérisés par une focalisation particulière sur l'Italie et la Grèce, nous rééquilibrons cette exposition, sur laquelle nous restons toujours positifs, notamment parce que la BCE n'a pas l'intention de modifier le programme de réinvestissement des titres liés au PEPP.
Nous préférons toutefois réduire légèrement la surpondération que nous avions sur les BTP italiens au cours de l'été, car le risque d'une croissance économique plus faible en Italie pourrait accroître leur volatilité. Mais nous sommes prêts à y revenir si les spreads retrouvent leurs plus hauts de l'année.
Nous avons compensé cette réduction par une plus grande exposition à l'Espagne, sur laquelle nous étions sous-pondérés. Enfin, nous restons surexposés aux émissions de l'Union Européenne, car elles offrent un bon profil risque-rendement.