Taux : dégradation post-FED, tension assez nette en zone Euro
information fournie par Zonebourse 18/09/2025 à 19:13

Les détenteurs de T-Bonds ne célèbrent pas avec le même enthousiasme que les investisseurs en actions (quadruple record historique du Dow Jones, S&P500, Nasdaq et Russell-2000 possible à la clôture) les -25Pts annoncés hier soir par la Fed.

C'est bien le 'fait accompli' qui succède à une décision largement anticipée par le marché (y compris 2 baisses de taux supplémentaires d'après les 'dot.plots')... mais de là à voir les taux longs se tendre de +5 à +7Pts à l'ouverture, voilà un scénario un peu paradoxal.

Le rendement des Treasuries à 10 ans prend +3Pts vers 4,105% (4,138% au plus haut) près être tombé sous 4% mercredi soir, le '30 ans' affiche +4Pts vers 4,714% (après 4,743% au plus haut).
De façon encore plus paradoxale, les T-Bonds se sont détendus après la publication de plusieurs indicateurs 'robustes' (donc pas favorables au scénario des baisses de taux) semblent recevoir un accueil enthousiasme : l'activité manufacturière dans la région de Philadelphie s'est redressée de +25,5Pts ce mois-ci, l'indice 'Philly Fed' étant passé de -0,3 en août à +23,2, son plus haut niveau depuis janvier.
Certes, cet indice est très 'volatile', mais lorsque l'écart dépasse +20Pts, c'est qu'il se passe quelque chose...

Les 3 principales composantes de l'indicateur de la FED de Philadelphie démontrent que l'activité générale courante, les nouvelles commandes et les livraisons ont tous augmenté, les deux premiers revenant en territoire positif.
L'indice de l'emploi est demeuré pratiquement inchangé.

La Fed de Philadelphie ajoute que les deux indices de prix ont ralenti, mais demeurent élevés, et que les indicateurs futurs de l'enquête suggèrent des attentes généralisées pour une croissance au cours des six prochains mois.

En ce qui concerne l'emploi, le Département du Travail annonce avoir enregistré 231 000 nouvelles inscriptions aux allocations chômage aux Etats-Unis la semaine du 8 septembre (contre 264.000, un chiffre en repli de 33 000 par rapport à la semaine précédente... une volatilité qui intrigue un peu.

La moyenne mobile sur quatre semaines -plus représentative de la tendance de fond- est quant à elle ressortie à 240 000, en repli anecdotique de 750 par rapport à la semaine précédente.

Enfin, le nombre de personnes percevant régulièrement des indemnités est ressorti à 1 920 000 la semaine du 1er septembre (soit la période disponible la plus récente pour cette statistique), en contraction de 7000 par rapport à la semaine précédente.

Petite bémol avec les indicateurs avancés qui reculent de -0,5% après -0,1% en juillet (consensus de 0,2%), et c'est un signal précurseur assez fiable d'un ralentissement de l'activité... mais le fait est que l'économie US part de +3% de croissance, la récession est loin.

La FED a donc réduit hier le taux de ses fonds fédéraux ('fed funds') pour le porter à 4%/4,25%, précisant que la décision avait été prise à l'unanimité, seul Stephen Miran, le conseiller de Donald Trump ayant rejoint le comité cette semaine, s'étant prononcé en faveur d'une baisse de taux plus marquée d'un demi-point.

Chez CPR AM, on estime que Jerome Powell s'est employé à ce que la baisse de taux d'hier ne puisse être considérée ni comme accommodante ('dovish cut'), ni comme restrictive ('hawkish cut'), mais qu'elle soit 'sans éclat' ('boring cut') en vue d'affecter le moins possible les marchés financiers.

'Les 'dots' se sont considérablement rapprochés des anticipations de marché, avec l'idée de taux directeurs qui convergeraient vers 3% en fin d'année 2026', fait remarquer Bastien Drut, le responsable de la stratégie et des études économiques du gestionnaire d'actifs.

'En se réalignant de la sorte sur les anticipations de marché, les membres du FOMC gagnent du temps pour en apprendre davantage sur le marché du travail et éviter d'agir dans la précipitation', ajoute-t-il.

En Europe, peu d'annonces ou 'stats' au menu et la Banque d'Angleterre (BoE), marque sans surprise une pause dans ses réductions de taux au vu de l'inflation qui reste obstinément élevée en Grande-Bretagne.
Et cette absence de catalyseurs n'a pas épargné une correction assez brutale des émissions libellées en Euro : nos OAT affichent +5,3Pts à 3,5400%, le Bund +5Pt à 2,7278% et le BTP italien, repassé devant nos OAT la veille reprend +4,5Pts à 3,542%... revenant à parité avec nos OAT.

Les 'Gilts' UK font preuve d'une meilleure résilience avec seulement +3Pts vers 4,6580%.

La tension du '10 ans' japonais de +0,5Pt vers 1,597% est anecdotique et n'a pas empêché le Nikkei et le Topix de battre des records.