STMicroelectronics pénalisé par une reprise lente et incertaine information fournie par AOF 23/10/2025 à 15:16
(AOF) - Le titre STMicroelectronics (-11,18% à 22,64 euros) est relégué à l'avant-dernière place de l'indice CAC 40, les investisseurs sanctionnant le résultat opérationnel et l'objectif trimestriel de ventes décevants. Le groupe franco-italien n'est pas le seul dans le secteur des semi-conducteurs à décevoir sur ses perspectives. STMicroelectronics avait déjà été sous pression hier à la suite de la présentation par son concurrent américain, Texas Instruments, d'objectifs inférieurs au consensus. Pour Oddo BHF, la publication de STM reflète la lente reprise soulignée hier par Texas Instruments.
Au troisième trimestre, STMicroelectronics a vu son résultat d'exploitation chuter de 52,9% à 180 millions de dollars, soit une marge de 5,6% contre 11,7% un an auparavant. Elle était cependant négative à hauteur de 4,8% au deuxième trimestre. Les analystes étaient plus optimistes et anticipaient 199 millions de dollars de résultat d'exploitation.
La marge brute, une mesure très suivie de la rentabilité dans le secteur, a atteint 33,2%, contre 33,5% trois mois plus tôt et 37,8% un an auparavant. Le marché ciblait une marge brute de 33,6% et elle était attendue à 33,5% par STMicroelectronics. "La marge brute est légèrement inférieure au point médian de nos prévisions, principalement en raison du mix produit au sein des divisions Automobile et Industrielle," a expliqué le PDG, Jean-Marc Chery.
Les revenus ont en revanche légèrement dépassé les attentes. Le groupe franco-italien a généré un chiffre d'affaires de 3,187 milliards de dollars, en amélioration de 15,2% en comparaison du deuxième trimestre 2025 et en baisse de 2% par rapport à la même période un an plus tôt. Cette superformance s'explique par de meilleures ventes dans l'électronique personnelle, a expliqué le dirigeant. Le marché anticipait 3,174 milliards de dollars.
Sur le plan commercial, Jean-Marc Chery a précisé que le ratio de prises de commandes sur facturations "a été supérieur à un, avec l'Automobile au-dessus de la parité et l'Industriel à parité".
L'objectif de revenus trimestriels déçoit
Pour les trois derniers mois de l'exercice 2025, le fabricant franco-italien de semi-conducteurs vise des revenus nets de 3,28 milliards de dollars soit une hausse séquentielle de 2,9%, avec une marge d'incertitude de plus ou moins 350 points de base. Le marché cible 3,35 milliards de dollars.
La marge brute est quant à elle attendue en ligne avec les attentes à 35%, à plus ou moins 200 points de base. Elle inclut environ 290 points de base de charges liées aux capacités non utilisées.
A l'achat sur la valeur, Jefferies est positif sur les perspectives de rentabilité. "Les charges de 290 points de base liées aux capacités non utilisées, associés au mix-produits et aux efforts de réduction des coûts, laissent présager une nouvelle amélioration de la marge brute en 2026," explique le broker.
"Afin d'optimiser nos investissements en réponse aux conditions de marché actuelles, nous avons réduit notre plan de Capex net, qui s'établit à présent légèrement au-dessous de 2 milliards de dollars pour l'ensemble de l'exercice 2025," a également précisé Jean-Marc Chery. STMicroelectronics prévoyait auparavant d'investir entre 2 et 2,3 milliards de dollars.
Pour Oddo BHF, "le premier trimestre 2025 a marqué le point le plus bas et la reprise, bien que lente et incertaine à l'heure actuelle, est devant nous". L'analyste a confirmé son opinion Surperformance.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points clés
- Numéro 1 européen de la fabrication de semi-conducteurs né en 1987, numéro 1 mondial dans les microsystèmes électromécaniques (Mems) et dans les capteurs de mouvement pour tablettes et mobiles ;
- Revenus de 13,3 Mds$ répartis entre les MEMs et ADG (systèmes analogiques et numériques) pour 36 %, les micro-processeurs pour 26 %, les produits discrets et de puissance pour 24 % et les circuits numériques intégrés ou RF pour 14 % ;
- Présence internationale équilibrée : 40 % des ventes dans les Amérique, 30 % en Asie-Pacifique et 30 % dans le reste du monde ;
- Ambition : à partir de positions fortes dans les microsystèmes et semi-conducteurs (ADG, AMS et MDG) pour mobilité intelligente, gestion de l’énergie, cloud et IoT, élargissement du leadership dans l’industrie et l’automobile et consolidation de la part de marché (48 %) dans les capteurs de mouvement pour tablettes et mobiles ;
- Capital ouvert avec 2 positions fortes : 13,6 % pour BPIfrance et 13,6 % pour le ministère italien de l’économie et des finances, l’italien Finmeccanica étant prêt à céder sa participation de 6,6 % ;
- Conseil de surveillance présidé par Nicolas Dufourcq et directoire de 9 membres présidé par Jean-Marc Chéry, directeur général.
Enjeux
- Agilité du modèle d’affaires :
- élargissement du leadership dans l’industrie et l’automobile et consolidation de la part de marché (48 %) dans les capteurs de mouvement pour tablettes et mobiles,
- réaction à la chute des marchés industriels et automobile : 300 M$ d’économies de coûts sur 3 ans, repli de 6 % des effectifs, investissements industriels en Chine et recentrage franco-italien sur les nouvelles technologies, telles l‘interconnexion pour centres de données et serveurs d’intelligence artificielle (500 M$ de revenus attendus en 2030) ou l’association puces-transistors pour véhicules hybrides,
- innovation déployée par 1/5ème des salariés et financée à 15,1 %, dotée du portefeuille de brevets le plus étendu de son secteur (près de 18 000), enrichie par la culture de partenariats avec les clients, les fournisseurs & les centres de recherche publics et reconnue par le leadership dans les programmes de l’Union européenne, tels Penta ou IPCEI, ou des grands du secteurs, tel Zigbee, club mondial des entreprises dans l’IoT ;
- Stratégie environnementale visant la neutralité carbone en 2027 et implantée le long de la chaîne de valeur avec approvisionnement total en énergie renouvelable via les fermes solaires sur les sites industriels ;
- Alliance européenne des puces centrée sur la technologie FD+SOI et fort soutien des financements public européens, notamment à Catane en Sicile (5 Mds€) ;
- Bilan non endetté : 17,5 Mds$ de capitaux propres, 2,3 Mds$ de disponibilités et un autofinancement libre de 288 M$.
Défis
- Sensibilité à la parité €/$, avec 60 % des dépenses d’exploitation en euros ;
- 3 nécessités stratégiques pour retrouver la confiance des investisseurs :
- nouvelles opportunités dans les satellites à orbite basse,
- baisse des tensions sur la gouvernance entre l’Italie et la France,
- investissement soutenus dans les semi-conducteurs avancés pour l’IA afin de combler le retard face au taïwanais TSMC ;
- dans l’automobile, succès de la stratégie China for China, avec gains de part de marché et arrêt de la chute des « capacity reservation fees » de Tesla ;
- réduction des stocks, en hausse à 3 Mds€ à fin mars ;
- Après une chute de 27 % des ventes et de 89 % du bénéfice net au 1er trimestre, anticipations limitées au 2 nd trimestre en raison du manque de visibilité : recul de 16,2 % du chiffre d’affaires et de 33,4 % pour une marge opérationnelle impactée par les charges de restructuration ;
- 0bjectif 2027-28 : revenus de -18 Mds$ et marge opérationnelle de 23 % environ ;
- 0bjectif 2030 : revenus de + 20 Mds$ et marge opérationnelle de + 30 % ;
- Recul du dividende 2024 à 0,24 $, versé en 4 acomptes.