* L'action bondit en Bourse et survole le CAC 40
* Les activités de marché bondissent
* Le ratio clé de solvabilité a augmenté de 30 points de
base
* La banque de détail en France souffre des taux bas
* Socgen "serein" sur Bercy et l'affaire Kerviel
(Actualisé avec cours de Bourse, commentaires, conférence
téléphonique)
par Julien Ponthus et Maya Nikolaeva
PARIS, 3 novembre (Reuters) - L'action Société générale
SOGN.PA s'est envolée jeudi en Bourse après avoir publié des
bénéfices meilleurs que prévu, grâce à des activités de marché
dynamiques et malgré une activité de banque de détail en France
qui pâtit de la faiblesse des taux d'intérêt.
La banque de la Défense a publié un bénéfice net de 1,099
milliard d'euros, en baisse de 2,4% par rapport à celui de la
même période en 2015 mais très nettement supérieur aux attentes
du consensus Reuters/Inquiry Financial, qui tablait sur un recul
de 33% à 745 millions.
Cette performance meilleure qu'attendu s'explique en partie
par la réduction de 27% du coût du risque - c'est-à-dire les
provisions pour des crédits risquant de ne pas être remboursés -
à 417 millions d'euros, alors que les analystes interrogés
s'attendaient à 534 millions.
A 11h07, forte de ces chiffres solides, l'action Socgen
survolait, avec une hausse de 6,73% à 36,485 euros, les valeurs
du CAC 40 (+0,64%) mais également celles de l'indice des banques
de la zone euro .SX7E (+2,27%).
Depuis le 1er janvier, l'action Socgen affiche, avec une
baisse de 14,4%, une performance meilleure que l'indice
sectoriel (-20,4%) mais inférieure à celle de BNP Paribas
BNPP.PA , qui s'adjuge un retrait limité à 0,8%.
A l'instar de sa rivale, mais également de nombreuses
banques américaines ou européennes, la branche de banque
d'investissement de Socgen a profité largement de la vigueur de
l'activité sur le segment obligataire, changes et matières
premières.
Elle s'est de plus distinguée de ses concurrents par une
forte performance dans les actions et dérivés, une
spécialisation maison.
La division Banque de grande clientèle et solutions
investisseurs, où sont logées les activités de marché, a vu ses
résultats bondir de 42,1% à 469 millions d'euros. D'autres
entités du groupe, comme la banque de détail à l'international,
ont aussi tiré leur épingle du jeu.
Société générale s'est notamment félicitée de la robustesse
de ses activités en Europe de l'Est, comme en Roumanie ou en
République tchèque, mais également en Russie.
La division services financiers et banque de détail à
l'international, qui comprend également l'assurance et des
métiers spécialisés comme la gestion de flottes de véhicules
d'entreprises, a vu ses profits bondir d'environ 30% à 457
millions d'euros.
LA BANQUE DE DÉTAIL SOUFFRE EN FRANCE
La banque de détail en France reste le point faible, avec
une baisse d'un peu plus de 15% des profits à 353 millions
d'euros et des revenus en baisse de 5,5% à 2,059 milliards
d'euros.
Société générale, qui a lancé un important plan de
digitalisation de sa banque de détail en France, a précisé
qu'elle y avait fermé 63 agences depuis le début de l'année.
"Si je suis le marché, ces résultats sont bons: la Russie
gagne enfin de l'argent et la BFI (Banque de financement et
d'investissement), surtout l'activité marché des capitaux, a été
très bonne. Mais dans l'ensemble je dirais qu'ils sont mitigés
du fait de la banque de détail en France", a commenté un
analyste basé à Paris.
Comme BNP une semaine plus tôt, Socgen s'est félicitée de
son modèle économique diversifié qui lui a permis de résister
aux taux bas en France, tout en augmentant ses coussins de fonds
propres.
Le ratio de solvabilité Common Equity Tier 1 s'élève au 30
septembre à 11,4%, soit 30 points de base de plus qu'au 30 juin,
un niveau proche de son objectif de 11,5% à 12% à fin 2018.
SOCGEN "SEREIN" SUR BERCY ET L'AFFAIRE KERVIEL
Le titre Société générale avait été chahuté en Bourse après
la publication fin juillet des "stress tests" de la Banque
centrale européenne (BCE), qui montraient que si elle
remplissait bien les objectifs fixés, elle se situait néanmoins
dans le bas du tableau des banques européennes.
Société générale a traversé cette année une période
difficile en termes de relations publiques avec le scandale
d'évasion fiscale des "Panama papers" et les suites judiciaires
du scandale lié à son ancien trader Jérôme Kerviel.
Le directeur général de Socgen s'est déclaré confiant jeudi,
lors d'une conférence téléphonique, au sujet de la décision
imminente que doit prendre l'administration fiscale concernant
la déduction d'impôts, dont a bénéficié sa banque en raison des
pertes enregistrées à la suite des agissements de son ex-trader.
"Il y a une jurisprudence très constante du conseil d'Etat
(...) et qui nous conduit clairement à confirmer le mode de
traitement de la déductibilité de cette perte et nous sommes
donc tout à fait sereins", a déclaré Frédéric Oudéa peu après
que le ministre de l'Economie et des Finances a indiqué que la
décision de Bercy serait connue d'ici quelques jours.
La Cour d'appel de Versailles a estimé début octobre que
Jérôme Kerviel n'était que partiellement responsable des pertes
évaluées à 4,9 milliards d'euros en 2008 et que la banque avait
laissé se développer un "système déficient".
(Julien Ponthus, édité par Jean-Michel Bélot)