Shutdown : la réaction modérée des marchés masque une dynamique complexe information fournie par Carmignac 01/10/2025 à 15:59
Par Kevin Thozet, membre du comité investissement chez Carmignac
La réaction des marchés à l'annonce de la première fermeture des administrations américaines depuis 2018 a été modérée.
L'euro et le yen japonais se sont renforcés, tandis que le dollar américain s'est lui affaibli. Les actions sont en légère baisse aux États-Unis, mais les mouvements sont moins prononcés, voire haussiers, en Europe et en Asie. Le VIX (l'indice de volatilité) est en hausse, mais il part d'un niveau bas.
Pourquoi ?
Sept ans se sont écoulés depuis le dernier shutdown, pour autant le sentiment de déjà-vu domine. C'est qu'au cours des cinquante dernières années, une telle situation s'est déjà présentée plus de vingt fois. Et donc, avec la perception que nous assistons à un nouveau « cirque politique » américain, les marchés semblent anticiper que cela ne durera que quelques jours.
Mais la réaction modérée des marchés cache une dynamique économique plus complexe qui se joue en coulisses. D'autres incertitudes politiques sont attendues de l'autre côté de l'Atlantique. Les questions cruciales concernant l'état du marché de l'emploi étatsuniens ne trouveront probablement pas de réponse à court terme. Et c'est le point d'achoppement central dans le débat visant à déterminer si l'économie américaine traverse une période de ralentissement temporaire ou si elle entre dans une phase de ralentissement prononcée.
Si la fermeture dure plus d'une journée, l'indécision n'en sera que plus forte.
Tout d'abord, le bureau des statistiques du travail américain (BLS pour Bureau of Labor Statistics) ne publiera pas les très attendues données clés sur l'emploi (Non-Farm Payroll) comme prévu ce vendredi (3/10). Dans ce cas, les investisseurs seront contraints de s'appuyer sur des indicateurs publiés par des organismes privés, tels que l'ISM et l'ADP, qui tendent à être beaucoup plus volatils et moins fiables. Et comme le BLS est également chargé de publier les données d'inflation, si la fermeture se prolonge, l'IPC (qui doit être publié courant septembre) pourrait également être retardé. Pour une Fed sous pression, l'absence de données tant sur le front de l'emploi que sur celui de l'inflation complique certainement la prise de décision quant à la future trajectoire de politique monétaire.
Deuxièmement, la fermeture des administrations pourrait encourager le gouvernement américain à prolonger la mission du DOGE et à chercher à réduire certaines dépenses publiques, même si la faisabilité et les modalités d'un tel plan restent incertaines.